Mon « enseignement confiné » de bases de données ne m’a pas posé de difficulté particulière, même si j’ai dû remplacer les exercices que je posais habituellement : d’une part j’avais eu la chance de faire avant le confinement la partie qu’il aurait été délicat de « traiter efficacement » à distance (conception de bases de données) et, d’autre part, j’ai déniché une ressource en ligne adaptée à l’interrogation en langage SQL de bases de données en IUT [6]. Il y avait en effet, outre un cours et des exercices adaptés, surtout un environnement en ligne permettant d’interroger simplement à distance les bases de données des exercices.
A la limite, cela m’a presque arrangé de pouvoir faire cette partie à distance, car mes Tds (effectués habituellement sur papier dans une salle « traditionnelle ») ont pu s’effectuer sur machine : les étudiants avaient donc, outre leur séance hebdomadaire de travaux pratiques, une seconde séance sur ordinateur et pouvaient de ce fait vérifier directement la validité de leurs réponses et faire d’autres essais si nécessaires. Je n’ai pas remplacé le cours en amphi par une visio : je ne maîtrise pas cette technologie d’enseignement à laquelle je n’ai d’ailleurs jamais été formé, ne suis guère motivé pour m’y investir si près de la retraite, et remplacer ce cours magistral par une sorte de « classe inversée » était pédagogiquement satisfaisant (les élèves étaient invités à lire des passages du cours en ligne avant de chercher les exercices). Dans des séances où il n’a avait plus la traditionnelle répartition (cours, Tds et Tps), les élèves pouvaient poser leurs questions dans un salon sur Discord ou en « tchat » privé. Et, entre deux séances, je mettais en ligne des corrigés.
Cela me convenait donc très bien, mais pour des raisons circonstancielles (le type de connaissances enseignées et des étudiants réceptifs à un enseignement à distance car confinés) et pas pour une appétence de ce type d’enseignement. J’ajouterai, qu’au niveau du département d’IUT, nous avions décidé de réduire le volume horaire des étudiants (d’une à deux heures par jour) car c’est plus difficile de rester concentré à distance (en étant confiné de surcroît) qu’en présentiel. Concernant l’évaluation de cet enseignement, j’aurais de loin préféré pouvoir la faire en présentiel.
Le « coup de gueule » que j’ai relayé dans la section « à l’université » qualifie de « mauvaise farce » les « conseils » donnés pour les évaluations. Je pense exactement la même chose après avoir lu cette fameuse « fiche 5 », que je vais analyser brièvement.
Quizz en ligne avec des questions tirées aléatoirement et l’ordre des réponses proposées à chaque question également aléatoire (limitant énormément le risque d’aide en temps réel entre des étudiants distants).
Cela ne m’aide pas vraiment puisque ce n’est pas adapté à mon enseignement de bases de données. Mais ce n’est pas la peine de me narguer en me rappelant qu’il faut chercher au maximum à « limiter le risque d’aide en temps réel entre des étudiants distants » : je m’en doutais déjà tout seul ! Quant à trouver une autre solution limitant efficacement ce risque évident, je n’en vois pas à part celle adoptée à Hong-Kong, mais je ne crois pas que mon université soit en mesure de la rendre opérationnelle, sans oublier que je ne suis pas certain que cela soit compatible avec le droit français pour la « surveillance à domicile ».
Examens sur plateforme et avec une connexion simultanée dans une webconférence avec webcam (c’est une solution qui a été dernièrement utilisée en période de crise par l’université de Sciences et Technologie de Hong-Kong qui programmait des examens sur sa plateforme et en même temps surveillait les étudiants dans une webconférence sous la solution Zoom.
J’apprends également avec intérêt qu’il est possible de faire passer des épreuves orales par téléphone (!), mais cela ne correspond hélas pas à mes besoins. Heureusement, j’ai quand même pu entrevoir un début de solution quand j’ai lu ce conseil « avisé » : « Privilégier des épreuves qui montrent l’esprit critique, avec documents autorisés parce qu’il s’avère difficile d’éviter la recherche d’informations sur le web ».
Cela tombe bien, j’avais été suffisamment « avisé » en tant que responsable des emplois du temps pour tester « l’esprit critique » des étudiants avant d’avoir lu la « fiche 5 » : j’avais en effet lancé un galop d’essai en réservant le lundi de Pâques un créneau horaire pour une « vidéo notée à réaliser sur la chasse aux oeufs en chocolat ». L’idée était évidemment de les faire sourire et pas d’évaluer leur « esprit critique », mais il se trouve que cela a donné lieu à une tragi-comédie dont je garantis l’exactitude, même si elle paraît invraisemblable.
Pour la raconter, je vais donner une nouvelle fois la parole à mes deux personnages fictifs fétiches, Casquette d’informatique et Casquette de mathématiques :
Comme d’habitude, ils illustreront l’article en cours en caricaturant certaines incohérences du système éducatif afin de les dénoncer. Et on va voir à un moment donné que la réalité dépasse parfois la fiction…