par Gilles Aldon, Monica Panero
par :
Gilles Aldon
Monica Panero
EducTice-S2HEP
IFÉ-ENS de Lyon
NDLR :
Gilles Aldon est enseignant chercheur en didactique des mathématiques à l’ENS de Lyon, laboratoire S2HEP.
voir sa page professionnelle
Monica Panero est Post doctorante en didactique des mathématiques dans le même laboratoire.
voir sa page professionnelle
Notes des auteurs :
Cet article peut être librement diffusé à l’identique dans la limite d’une utilisation non commerciale suivant la licence CC-by-nc-nd http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/legalcode
Mise en ligne : Aymeric Picaud.
Introduction
La recherche en didactique des disciplines et l’enseignement se nourrissent mutuellement et aucune recherche ne pourrait être menée sans une collaboration étroite entre les chercheurs et les enseignants. Le travail qui est présenté dans cet article en apporte encore une fois la preuve en étant le résultat d’un travail commun sur une année scolaire dont le point de départ est un projet d’équipement d’une classe de collège de tablettes tactiles.
L’Institut Français de l’Éducation (IFÉ-ENS de Lyon [1]) a pour mission, en particulier, de développer des recherches sur les différentes formes et pratiques d’éducation en France et à l’étranger et d’accompagner l’évolution des systèmes d’enseignement de tous les niveaux. A travers ce travail, ces deux points ont été centraux. Le projet de l’équipement et de l’utilisation de tablettes dans une classe de troisième a été initié et construit dans le collège Fontreyne par une équipe de professeurs volontaires largement soutenue par l’administration du collège tout comme par l’inspection pédagogique. Le soutien de l’académie d’Aix-Marseille et du conseil général des Hautes Alpes a permis l’achat des tablettes pour équiper cette classe de troisième [2]. Même si la possibilité d’avoir et d’utiliser du matériel est une condition nécessaire à la conduite d’un tel projet, elle n’est certainement pas suffisante et le travail ne faisait que commencer lorsque les tablettes sont effectivement arrivées dans le collège. Tout d’abord un travail technique important pour équiper les tablettes des logiciels qui allaient être utilisés dans chaque discipline, mais aussi pour permettre la mise en réseau des tablettes. La résolution de toutes ces questions techniques a été un préalable à la possibilité de rendre didactique le travail dans la classe. L’expérience que nous avons suivie montre que ce travail est excessivement prenant et nécessite le développement de compétences particulières que l’équipe du collège Fontreyne a bien voulu prendre en charge et assumer tout au long de l’année.
Le deuxième et aussi important aspect pour la conduite du projet est la réflexion pédagogique et didactique à l’intérieur de l’équipe de professeurs soudée autour de ce projet : C’est la première fois que j’ai l’impression d’avoir une vraie équipe de classe, dit le professeur principal dans l’entretien que nous avons mené en février. En plus des réflexions liées à sa propre discipline, les réflexions communes permettent de penser des stratégies possibles qui touchent finalement l’organisation didactique dans chaque discipline.
C’est dans ce contexte que le projet FaSMEd a été présenté à l’équipe pédagogique de la classe. FaSMEd (Formative Assessment for Science and Mathematics Education [3]) est un projet européen [4] qui vise à développer l’utilisation de la technologie dans les pratiques d’évaluation formative en classe de façon à permettre aux enseignants de répondre aux besoins des élèves présentant des difficultés en mathématiques et/ou en sciences ; l’évaluation formative est considérée dans ce contexte comme une pratique d’enseignement centrée sur l’élève permettant des modifications des stratégies d’enseignement en fonction des connaissances évaluées. Dans le cadre de ce projet, nous avons abordé la question d’une définition de l’évaluation formative en nous appuyant sur les travaux des chercheurs anglais Black et Wiliam :
Une pratique dans la classe est formative dans la mesure où des preuves des apprentissages des élèves sont perçues, interprétées et utilisées par le professeur, l’élève ou ses pairs, afin de prendre des décisions concernant les prochaines étapes de l’enseignement qui seraient meilleures ou mieux fondées que les décisions qui auraient été prises dans l’absence de ces preuves [5]. (Black & Wiliam, 2009, p. 7).
Les objectifs de ce projet sont de :
- proposer des approches d’utilisation des technologies pour faciliter l’évaluation formative des élèves en difficulté,
- développer des pratiques durables d’enseignement qui favorisent un accomplissement en mathématiques et sciences pour les élèves cibles,
- produire une boîte à outils pour aider les professeurs dans leurs pratiques en vue d’un développement professionnel,
- et, bien sûr, faire profiter les systèmes éducatifs européens des résultats de la recherche.
La rencontre de ces deux projets, presque fortuite, n’en a cependant pas été moins fructueuse. Les chercheurs impliqués dans FaSMEd ont trouvé dans le projet du collège Fontreyne une occasion de partager des hypothèses d’utilisation des technologies, notamment concernant l’évaluation formative. La possibilité de suivre les élèves pendant plusieurs jours dans leur emploi du temps ordinaire et dans les différents cours a été un apport déterminant pour comprendre et pouvoir décrire le contexte de l’expérience.
Dans cet article, nous nous attacherons à préciser les éléments concernant plus particulièrement les observations faites dans le cours de mathématiques et le lecteur curieux pourra trouver le rapport complet à cette adresse (Aldon & Panero, 2015) ou dans cet article (Panero & Aldon, 2016).