Les nouvelles technologies pour l’enseignement des mathématiques
Intégration des TICE dans l’enseignement des mathématiques

MathémaTICE, première revue en ligne destinée à promouvoir les TICE à travers l’enseignement des mathématiques.

Une enquête sur des listes de discussion
Article mis en ligne le 29 novembre 2006
dernière modification le 21 août 2007

par Matthieu Brabant

Cet article se propose de donner quelques pistes sur l’utilisation des listes de discussion à partir d’une enquête réalisée sur 10 listes de discussion.

Qu’est-ce qu’une liste de discussion ?

Il s’agit d’un outil permettant de communiquer par le biais d’échanges de mail : les membres des listes de discussion peuvent envoyer un message sur la liste et ce message est automatiquement envoyé à l’ensemble des membres de la liste.
Les membres ont donc la possibilité d’échanger très facilement avec un grand nombre d’autres participants aux listes.
Cette manière d’échanger s’est développée en parallèle de l’utilisation de plus en plus importante du courrier électronique. Il existe des listes de discussion en politique, loisir....celles qui nous intéressent ici ont pour objet les mathématiques et leur enseignement.
Se développe ainsi une véritable « communauté virtuelle » dans laquelle par exemple des professeurs nouvellement entrés dans le métier peuvent échanger avec les plus expérimentés, les plus en pointe dans les pédagogies innovantes (utilisant les TICE par exemple) peuvent faire connaître leur travail à toutes et tous, etc....

L’enquête

L’enquête a été réalisée sur les 10 listes de discussion de Maths’ Discut’ :

 Maths-College : l’enseignement des mathématiques au collège (plus de 800 membres, création en 1998)

 Mathlyc : l’enseignement des mathématiques au lycée général et technologique (plus de 500 membres, création en 1998)

 Activités informathiques : l’enseignement des mathématiques avec les TICE (plus de 280 membres, création en 2005)

 Maths_liaison_3e_2de : liaison entre les professeurs de mathématiques du collège et du lycée général et technologique (plus de 250 membres, création en 2002)

 Maths_en_L : l’enseignement des mathématiques dans la filière littéraire (plus de 200 membres, création en 2005)

 Histoirmaths : l’utilisation de l’histoire des mathématiques pour l’enseignement (200 membres, création en 2005)

 Mathssciences : l’enseignement des mathématiques et des sciences au lycée professionnel (plus de 180 membres, création en 2003)

 Maths_liaisons_cycle3_6e : liaison entre les professeurs de mathématiques du collège et les professeurs des écoles (plus de 150 membres, création en 2005)

 Affect : mathématiques et affectivité (plus de 130 membres, création en 2003)

 Maths_liaisons_3e_BEP : liaison entre les professeurs de mathématiques du collège et du lycée professionnel (100 membres, création en 2005)

Ce projet soutenu par l’association Sésamath a vu le jour en 2005 par le regroupement de listes qui existaient déjà (créées en dehors du projet et de l’association) et d’autres qui se sont créées pour l’occasion :

Accès à Maths’ Discut’

Les 10 listes rassemblaient au moment de l’enquête plus de 2710 membres (il faut néanmoins remarquer que certains participants sont inscrits à plusieurs listes dans une proportion difficile à mesurer) : cette enquête permet d’avoir une vision assez large des membres de ces listes et de l’utilisation des listes de discussion.

Il y a eu 291 réponses :

Accès à l’enquête

Quelques commentaires :

Les membres des listes sont donc majoritairement des hommes, ce qui est à comparer aux chiffres donnés par le ministère concernant les enseignants du second degré : les hommes représentent 42,9 % de ces enseignants.
L’utilisation des listes de discussion est donc a priori plutôt une activité masculine. Cela étant dit, il faudrait comparer ces chiffres avec ceux de la mixité chez les professeurs de mathématiques.

C’est la tranche 30-40 qui constitue la partie la plus importante des listes : cela confirme l’implication de cette génération pour les TICE, qui a trouvé dans les listes de discussion un vecteur d’échanges intéressant.
12,03 % des membres des listes ont moins de 30 ans, contre 12,7 % des enseignants du second degré au niveau national : cette génération ne s’implique donc pas particulièrement dans les listes de discussion.
23,37 % des membres ont plus de 50 ans, contre 34,4 % des enseignants du second degré au niveau national : cette génération, a priori plus expérimentée, est bien moins impliquée dans ce nouveau vecteur d’échanges. Ces enseignants ont sans doute moins besoin que les autres d’aide. Néanmoins, ils représentent une part non négligeable des membres des listes : c’est aussi un moyen de rester au contact des pratiques les plus innovantes.

Sans surprise, les membres de ces listes sont presque tous des professeurs de mathématiques. Une proportion non négligeable de professeurs de mathématiques-sciences physiques (lycées professionnels). Les formateurs et les responsables TICE sont présents de manière importante : les premiers y voient sans doute une manière d’aider les jeunes (et moins jeunes !) collègues, les seconds (en particulier sur la liste consacrée aux TICE) une manière d’échanger leurs pratiques sur les TICE.

En France, l’enseignement privé scolarise 21 % des élèves et 40 % des lycées sont privés. Le nombre de membres qui enseignent dans le privé n’est donc pas incohérent avec les chiffres nationaux.

La plupart des membres sont inscrits à peu de listes (entre 2 et 5) : la partition des listes choisie sur Maths’ Discut’ (collège, lycée général et technologique, lycée professionnel, informatique, etc.) trouve ici sa justification. Les membres ont une bonne utilisation de la plateforme des listes.

Une grosse partie des membres sont inscrits à d’autres listes n’ayant pas pour thème les mathématiques et leur enseignement : c’est donc pour eux un moyen d’échanges à part entière.

La plupart des membres écrivent peu, voire pas du tout. Seul un petit groupe dynamise la liste en écrivant régulièrement. On pressent ici deux manières différentes d’utiliser les listes : pour échanger concrètement (c’est-à-dire en écrivant) ou pour suivre les débats.

Les membres « muets » évoquent d’abord un manque de temps et ensuite le fait qu’ils n’osent pas. Il faut en effet du temps pour lire les nombreux messages, il faut beaucoup de temps aussi pour élaborer une réponse. Ecrire un message demande en effet du temps : entre écrire, mettre les références, renvoyer à des documents....c’est un plus pour la richesse des débats (les arguments écrits sont souvent plus « réfléchis » que les arguments oraux) mais c’est un moins pour ceux qui ne sont pas habitués à la vitesse des échanges sur les listes (certains sont en effet rodés, laissant parfois de côté l’orthographe et la grammaire). Il faut noter aussi qu’il arrive que des participants répondent avant que les autres n’aient le temps de le faire. Ainsi, concernant les membres qui n’osent pas écrire, ce « noyau dur » des participants peut « impressionner » les autres membres.

La très grande majorité des membres lisent tous les messages (parfois en les « survolant), et lisent les messages chez eux.

Yahoogroupes permet le stockage de fichiers (le choix a été fait de ne pas permettre les échanges de fichiers avec les messages pour éviter les virus), d’accéder aux archives des messages....Une majorité des membres n’utilisent pas ces fonctionnalités.
Soit les membres ne voient pas l’utilité de Yahoogroupes, soit ils n’arrivent pas à s’en servir. Il faut noter que le choix de Yahoogroupes a été fait à l’origine de la création des listes puisque les listes étaient totalement indépendantes, personnelles et n’avaient aucun rapport entre elles : avec la fédération dans Maths’ Discut’, l’utilisation de Yahoogroupes se pose donc. L’équipe de Maths’Discut’ a donc décidé de réfléchir à la question du stockage des fichiers et à une nouvelle interface de gestion des listes.

Une liste de discussion sert d’abord à échanger des pratiques et à confronter des points de vues : c’est l’utilisation basique des échanges d’e-mail. L’avantage des listes de discussions étant bien entendu le nombre important de personnes avec lesquelles ont peu échanger. C’est un moyen d’avoir accès à des pratiques et points de vues nombreux et diversifiés.
Vient ensuite l’échange de fichiers : cette possibilité étant à relier avec l’échange des pratiques. Les fichiers pouvant être les « supports » de ces échanges.
C’est ensuite un moyen de connaître l’atmosphère du moment : surtout privilégié par les membres « muets », l’idée étant d’être en phase avec les pratiques innovantes.
Se former et faire passer des idées semblent secondaire.

Quelques exemples d’échanges :

Afin d’avoir une idée des échanges sur les listes, vous avez accès aux archives de 2 listes de Maths’ Discut’ :

Maths-college : liste à la gestion « collégiale », créée en 1998. Les discussions sur cette liste portent sur l’enseignement des mathématiques au collège. La liste est strictement disciplinaire. Cette liste est un exemple d’une communauté éducative importante et diverse.

Mathssciences : liste créée en 2003 par un seul professeur. La liste centre ses discussions sur l’enseignement des maths-sciences en lycée professionnel mais pas seulement : les sujets sont assez vastes. Cette liste est un bon exemple d’une liste à la fois de travail collectif disciplinaire mais en même temps portant la marque de son gestionnaire.

Afin d’élargir la réflexion, je conseille les lectures suivantes :

Du bon usage technique des liste de diffusion : quelques conseils à celles et ceux qui veulent monter une liste...

Mes bonnes modérations pour 2003 : de la solitude du modérateur...

Jean-Marc Turban : « Les listes de diffusion participent à l’autoformation des enseignants » : un entretien dans le Café Pédagogique de l’auteur d’une enquête sur 3 listes.

Internet et les pratiques de mutualisation
Interview de Serge Pouts-Lajus sur SavoirsCDI
 : les listes vues comme des outils pour la mutualisation.

Les TICE : une nouvelle manière d’enseigner. Les cas d’une communauté virtuelle des enseignants : une enquête sur une liste.

Enquête sur l’usage des listes de diffusion disciplinaires par les enseignants du second degré en France : mémoire de DEA.

Les communautés délocalisées d’enseignants : plusieurs études qui replacent les listes dans un contexte plus large.

Post-scriptum linguistique : Liste de diffusion ou de discussion ?

Le lecteur aura noté sans aucun doute, en particulier en lisant les articles donnés en lien, qu’il existe une certaine confusion entre « liste de diffusion » et « liste de discussion ». Mettons une fois pour toute cette confusion de côté : nous parlons ici de listes de discussion car les membres de ces listes peuvent échanger. Les listes de diffusion n’ont pas forcément cette liberté : il s’agit la plupart du temps de simple mailing-list : les membres reçoivent des informations par mail mais ne peuvent pas échanger entre eux.
On notera enfin pour finir le choix de ne pas modérer a priori les messages postés sur les listes de Maths’ Discut’ : ce choix n’est bien entendu pas innocent...