Les nouvelles technologies pour l’enseignement des mathématiques
Intégration des TICE dans l’enseignement des mathématiques

MathémaTICE, première revue en ligne destinée à promouvoir les TICE à travers l’enseignement des mathématiques.

Faire entrer l’école dans l’ère du numérique ?
Article mis en ligne le 25 août 2014
dernière modification le 3 septembre 2014

par Matthieu Brabant

La loi du 8 juillet 2013 inscrit dans le Code de l’Éducation de faire entrer « l’école dans l’ère du numérique ». En février 2014, le ministère de l’Éducation nationale a créé une nouvelle direction du numérique.

L’article 16 de la loi du 8 juillet 2013 parle de la mise en place d’un « service public du numérique éducatif ». Le numérique est inscrit dans les enseignements : formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques (article 38) ou encore l’enseignement de l’informatique et des sciences du numériques (article 1 alinéa 184).

Un espace dédié a été créé sur le site du ministère de l’Éducation nationale :

Plusieurs « services numériques » sont déjà lancés :

  English for schools  : à destination des élèves de l’École primaire, il s’agit d’un « service de ressources numériques pédagogiques (exercices, vidéos) ».
  Les Fondamentaux  : à destination des élèves de l’École primaire, il s’agit de « films d’animation pour comprendre [...] les notions fondamentales liées à l’apprentissage du français, des mathématiques, des sciences, etc. ». Les films en question durent 2 minutes. En mathématiques, ils traiteront du triangle rectangle, des conversions de mesures, du calcul mental, des sommes...
  D’Col  : à destination de 30 000 élèves de 6ème de l’éducation prioritaire, il s’agit d’un « service d’accompagnement interactif » en français, mathématiques et anglais. Les élèves bénéficient d’un travail avec un enseignant 2h par semaine pendant 30 semaines au collège et la possibilité de travailler sur le site internet.
  Prép’exam  : à destination des élèves passant le brevet ou le bac avec accès aux épreuves des 3 dernières années.
  EduThèque  : à destination des enseignants du 1er et du 2nd degré permettant d’accéder à des ressources numériques. Aucune ressource spécifique aux mathématiques n’est proposée pour l’instant.
  M@gistère  : à destination des enseignants du 1er degré, il s’agit d’un dispositif de formation continue et initiale. Ce dispositif s’apparente aux MOOC (lire à ce sujet : La percée des MOOCs en formation initiale et continue et Un Mooc en Maths - Retour d’expérience )

Ces nouveaux « services » marquent incontestablement une avancée vers une utilisation plus efficace des TICE. Selon l’auteur, reste que pour une bonne part, il s’agit uniquement de « ressources » : sans doute une véritable avancée serait une réelle inter-connectivité entre les différents supports, qu’ils soient sous forme papier ou sous forme numérique. A cet égard, le travail d’une association comme... Sésamath, sans être un modèle à plaquer forcément, peut a minima être une piste de travail que le ministère devrait étudier avec attention...La loi du 8 juillet 2013 élargit et précise le domaine de l’exception pédagogique : il supprime par exemple les différences de traitement entre les supports papier et numérique pour les œuvres de l’écrit. Osons donc de dépasser enfin les représentations figées sur les TICE !

En parallèle, le ministère de l’Éducation nationale annonce vouloir investir dans le financement de matériel.

Ce sont les collectivités locales qui doivent financer le matériel dans les écoles et les établissements scolaires ou directement pour les élèves. Les articles 21, 22 et 23 de la loi du 8 juillet 2013 clarifient les responsabilités de l’État et des collectivités territoriales dans l’objectif d’une « meilleure coordination territoriale en faveur du développement des usages » numériques.

20 collèges pilotes vont entrer dans le dispositif « collège connecté ». Ce label impose, entre autre, « l’intégration du numérique aux pratiques pédagogiques numériques » mais surtout une « convention multipartite entre le collège, le Conseil Général, le Rectorat et le CRDP ».

Par ailleurs, dans le cadre d’un plan gouvernement plus global pour la « nouvelle France industrielle », le gouvernement annonce vouloir équiper en tablettes PC 70% des écoliers et collégiens d’ici 2020 et « lancer le marché de l’édition numérique éducative ». Cette annonce vient du président lui-même lors de son discours du 14 juillet 2014.
Ce vaste projet est doté de 20 milliards d’euros. Parmi les 34 plans, « e-Education » est crédité de 700 millions d’euros.
Concernant l’équipement des tablettes : 350 millions d’euros alimenteront un fond d’amorçage... autrement dit, l’essentiel de l’effort budgétaire restera à la charge des collectivités locales. Pour répondre à l’objectif annoncé, le budget est estimé à 3 milliards ! Bref, l’État ne s’engage que sur à peine 10 % des moyens nécessaires et encore seulement pour « amorcer ».
Environ 350 millions d’euros seront consacrés à l’achat de ressources numériques. L’État veut donc créer un marché mais aussi et surtout s’assurer un contrôle de ce marché, ce qu’elle n’a jamais réussi à faire avec les manuels au format papier...

Le ministère de l’Éducation nationale annonce aussi une « une initiation au code informatique, de manière facultative et sur le temps périscolaire » au primaire pour la rentrée 2015.

Un appel d’offres vers les associations a été lancé. Un inspecteur général sera chargé d’une mission de propositions sur l’intégration de cet enseignement dans l’école obligatoire.

La Formation des enseignants :

les ESPE intègrent la question du numérique dans la formation initiale et continue des enseignants. Il n’est pas possible dans cet article de faire un point complet sur cette question. Cela pourra faire l’objet d’un article futur.


Il serait prétentieux de conclure sur ce plan qui ne fait que commencer. Au moins pouvons-nous espérer que ce nouveau plan permette une intégration efficiente du numérique dans l’enseignement. Nous en sommes à à peu près autant de « plans » que de ministres : ce plan « e-Education » bénéficie enfin d’une volonté politique forte mais pour quels objectifs pédagogiques ? L’avenir nous le dira sans doute, avec la prise en compte (ou pas) sur le terrain, par les équipe éducatives. C’est aussi aux enseignants de définir ces objectifs pédagogiques.


Nous vous invitons à lire ou relire l’article suivant : Réflexions sur les ENT : questions éthiques, perspectives pédagogiques, évolutions professionnelles