Témoignage d’une expérimentation de classe virtuelle couplée à LaboMep avec une classe de Terminale S
L’auteur de l’article, Alexis Lecomte, est professeur de mathématiques au Lycée André Maurois d’Elbeuf
En ces temps de confinement et de ’continuité pédagogique’, j’ai été comme un très grand nombre d’enseignants confronté à un problème évident : comment s’assurer à distance du travail régulier de mes élèves ?
Lors de la première semaine de confinement, les ENT ayant des difficultés logiques à assumer la charge des connexions, je me suis tourné vers les réseaux des élèves afin de garder contact avec eux, puis vers les classes virtuelles du cned. Elles permettent de retrouver un élément essentiel, le contact en direct avec les élèves, afin de retrouver un cadre se rapprochant du rituel rassurant du rythme scolaire.
Le choix technique que j’avais fait était assez simple, audio et partage d’écran pour moi (contenu de ma tablette répliquée sur mon écran d’ordinateur, avec annotations en direct) et interventions dans le ’chat’ de la part des élèves.
Rapidement, cette façon de faire s’est avérée bien limitée, souvent ce sont les mêmes élèves qui interviennent dans le chat, cela engendre un temps de pause assez important pour réitérer les explications (parfois simplement à cause de problèmes techniques de coupure du son), et dès la seconde séance, je privilégiais un temps de déconnexion pour la recherche d’exercices par les élèves. Cependant, rien ne me permettait pour autant de vérifier que cette phase de recherche était réellement mise à profit pour les exercices que je demandais.
J’ai ensuite demandé aux élèves de ma classe de Terminale S un dépôt classique de documents via l’ENT, à savoir des photos d’un exercice recherché. Malgré 5 jours de délai, je ne retrouvais dans mon ENT (à des endroits divers, casier, messagerie) qu’à peine la moitié des travaux demandés...
Il était évident pour moi que je n’allais pas passer mon temps ni mon énergie à ’courir’ après les élèves et systématiser les envois était pour moi non envisageable (ne serait-ce que pour une question de taille de fichiers...)
Etant membre de Sésamath, j’ai vu passer [1] des demandes de tests d’exercices interactifs J3P de mes amis Rémi et Yves et ai pu constater l’énorme travail réalisé, par exemple sur les chapitres concernant les primitives et les intégrales, que j’allais justement commencer.
En début de deuxième semaine de confinement, j’ai donc créé une séquence LaboMep sur les primitives de base.
Cette séquence n’avait qu’une seule ressource, de type J3P, que j’ai conçue en ajoutant plusieurs ressources au sein d’un graphe : les élèves commenceraient par la recherche d’une primitive d’un polynôme (3 questions) et en cas de réussite aux 3 questions, passeraient à la recherche de primitives de x -> a/x puis ensuite directement à une recherche plus compliquée faisant intervenir la fonction racine carrée.
Voilà ce que donne cette ressource (le lecteur pourra tester ci-dessous la remédiation en ayant moins de 3 bonnes réponses à la première section) :
En cas de non réussite à l’une des questions de celle-ci, ils seraient alors renvoyés vers 3 sections plus simples, de remédiation, afin de vérifier l’acquisition de formules de base, puis réorientés automatiquement vers les deux ressources finales, afin que le travail ne soit quand même pas trop long.
J’ai donc testé cette façon de faire lors de la première séance de classe virtuelle de la semaine.
Le début était donc ’classique’, correction de deux exercices sur les nombres complexes avec ma tablette partagée aux élèves et interventions de leur part (soit dans le chat soit en audio cette fois ci)
Puis j’ai enchainé avec une présentation du cours sur les primitives avec une seule recherche de primitive d’un polynôme.
J’ai alors expliqué aux élèves que j’allais faire une pause dans la présentation pendant qu’ils faisaient les exercices interactifs sur LaboMep, mais que je restais disponible pour toute aide complémentaire.
Rapidement je voyais des premiers messages arriver dans le chat, pour lesquels je répondais également par écrit :
Rapidement, en une dizaine de minutes, les élèves ayant réussi la première section arrivent à la section la plus compliquée, la dernière et les questions apparaissent logiquement :
Les exercices commençaient à paraitre un peu compliqués pour certains :
A ce moment, mes explications par texte ne suffisaient plus pour aider les élèves, j’ai donc partagé à nouveau mon écran pour afficher l’écran de ma tablette et donner un exemple :
Il est intéressant de voir qu’à ce stade les élèves, parfois plus rapides que moi s’entraidaient :
Durant cette séance, en vérifiant sur mon compte LaboMep pendant le travail des élèves, j’ai pu observer que certains élèves ne semblaient pas avoir commencé alors qu’une majorité avançait correctement.
En précisant que je pouvais observer en temps réel les résultats et que je remarquais que certains ne semblaient pas très impliqués, quelques résultats ont miraculeusement apparu...
Une fois les exercices majoritairement terminés, j’ai pu faire un premier bilan de cette séquence pour avoir les retours des élèves, qui semblaient à la fois trouver le principe intéressant mais trouver également la fin difficile.
J’ai pu également observer que certains relançaient la ressource jusqu’à obtenir 100 % de réussite :
Le clic sur ’Détail’ permet d’obtenir sous forme graphique le parcours de l’élève : (avec son score au survol des flèches rouges)
Le premier bilan est pour moi positif, il m’a permis d’avoir un peu plus de retours sur le travail des élèves qu’habituellement, en m’assurant qu’ils étaient tous actifs pendant la séance.
J’ai évidemment précisé aux élèves qu’on varierait les modes de fonctionnement (exercices ’papier’ à faire pour les séances suivantes), mais cela me permettra d’avoir un suivi complémentaire et de limiter l’envoi de photos de la part des élèves... un moindre mal dans cette période où l’élément fondamental de notre enseignement tend à disparaitre (l’interactivité avec les élèves)