Les nouvelles technologies pour l’enseignement des mathématiques
Intégration des TICE dans l’enseignement des mathématiques

MathémaTICE, première revue en ligne destinée à promouvoir les TICE à travers l’enseignement des mathématiques.

Des outils pour les QCM

Après un rapide tour d’horizon sur les QCM l’auteur présente deux outils qui ont retenu son attention pour construire des QCM pour évaluer et des QCM pour s’auto-former.

Article mis en ligne le 17 février 2013
dernière modification le 13 janvier 2013

par Noël Debarle

Introduction

Ces dernières années, les QCM ont connu un changement de statut dans l’enseignement français et plus particulièrement en mathématiques. Longtemps largement décriés, il retrouvent actuellement quelques lettres de noblesse pour, à mes yeux, deux raisons essentielles :

  • leur présence au baccalauréat depuis 2004 ;
  • l’utilisation croissante des TICE dans l’enseignement qui permettent une correction et un feedback immédiats.

Dans cet article, je vous propose, après un rapide état des lieux et la proposition de quelques références sur le sujet, de décrire l’utilisation des deux outils qui ont retenu mon attention.

Le premier, LaboMEP, est utilisable par l’élève en autonomie, lui permet de faire le point et de continuer à se former durant l’utilisation du QCM. Le deuxième, Auto Multiple Choice, est plutôt pertinent dans le cadre d’une évaluation sommative. C’est du moins l’usage que je fais de chacun de ces outils.

Pourquoi se méfie-t-on des QCM ?

Les raisons de leur mauvaise réputation sont multiples. On peut citer, par exemple,

  • Le caractère aléatoire du résultat, une bonne réponse pouvant être, pour reprendre l’expression de Dieudonné Leclerc (1986), la conséquence d’un « choix heureux par ignorance » ou d’un « choix correct par compétence ». À contrario, un élève ayant acquis la compétence visée par la question peut être sanctionné sévèrement pour une erreur d’étourderie.
  • Le fait que les QCM ne prennent en compte que le résultat et ne permettent donc pas de mettre en valeur une démarche originale, d’apprécier la qualité de la rédaction, de cerner où se situe l’erreur de l’élève...
  • La tentation pour le concepteur du QCM de ne se limiter qu’à des points de détails, à des compétences pointues, ou à la sollicitation de la mémoire. Ce qui peut entraîner une parcellisation des capacités et connaissances des élèves.

Ils ont pourtant des avantages indéniables

Le principal est probablement l’objectivité de l’évaluation, qui est indépendante du correcteur. Cela permet ainsi de lisser les différents biais observés en docimologie : l’effet de sévérité (tel correcteur ayant tendance à évaluer plus durement que tel autre),l’effet de halo, l’effet pygmalion, l’effet d’inertie (un élève sera toujours noté peu ou prou de la même façon par le correcteur), l’effet de contraste (une copie sera mieux notée si elle suit une mauvaise copie que si elle suit une bonne)...

C’est essentiellement pour cette raison que, dans le lycée où j’enseigne depuis 3 ans, nous utilisons cette méthode pour faire passer aux élèves de seconde une épreuve commune, au cours du deuxième trimestre. Les résultats à cette épreuve nous permettent de comparer le niveau global de nos différentes classes et sont un élément que nous utilisons au moment de l’orientation. Voici, à titre d’exemple, celle donnée en 2012. Elle est à disposition sur Mutuamath.

Les QCM ont également l’avantage de leurs défauts. La rédaction n’étant pas exigée, les réponses sont plus rapides et dans un temps donné, on peut donc élargir le champ d’interrogation et couvrir de multiples aspects d’une notion. Les élèves ayant des difficultés d’expression peuvent être évalués en faisant abstraction de ces difficultés. De plus, certains modes de raisonnement, comme l’esprit critique par rapport à une réponse donnée, sont mis en valeur.

Un avantage important, dans le cadre d’une évaluation formative, est la possibilité pour l’élève de s’auto-corriger, et donc de travailler plus facilement en autonomie, en ayant conscience de ses forces et faiblesses. C’est dans cet esprit que la quasi totalité des manuels scolaires proposent, pour chaque chapitre, un QCM destiné au travail autonome.

Quand, pourquoi et comment en proposer ?

La question est ouverte car je n’ai pas la prétention d’y répondre de manière exhaustive. Toujours est-il que mes lectures, et notamment celle de l’ouvrage déjà cité de Dieudonné Leclerc, m’ont convaincu que cette manière d’évaluer méritait d’être utilisée parmi d’autres. Une utilisation qui me parait pertinente dans deux contextes différents. Celui de l’évaluation sommative et celui de l’auto-formation de l’élève. Dans ce dernier cas, c’est l’outil informatique qui me paraît le plus adapté, et parmi les logiciels qui permettent de proposer des QCM aux élèves, LaboMEP me paraît le plus efficace. D’ailleurs, si vous connaissez des outils aussi performant, je suis intéressé.

Se former avec les QCM : LaboMEP

Est-il encore utile de présenter LaboMEP ? Si vous êtes lecteur de cette revue, vous faites probablement partie des quelques 18 000 inscrits à Sésaprof et qui ont donc automatiquement un compte LaboMEP, ou peut-être existe t-il une interconnection avec votre ENT. Les élèves, quant à eux, sont plus d’un million à avoir été inscrits sur le site par leur professeur depuis la dernière rentrée. La plupart d’entre vous ont donc un accès direct à cet outil. Si ce n’est pas le cas, cette page vous aidera à vous inscrire gratuitement.

Pourquoi est ce que LaboMEP me donne satisfaction pour proposer des QCM à mes élèves ?

  • Il me permet de concevoir facilement mes propres QCM, tout en mettant à ma disposition une palette riche de QCM déjà conçus (pour l’instant essentiellement pour le collège, mais les ressources pour le lycée sont en cours de développement).
  • J’ai la possibilité d’insérer simplement des formules mathématiques, ingrédient indispensable pour le prof de maths mais malheureusement très souvent absent des logiciels permettant de créer des QCM.
  • Il me permet de proposer des éléments de correction (feedback) à l’issue de chaque question.
  • Il me permet de proposer les QCM à mes élèves simplement, à des moments que je choisis, sur une durée que je choisis.
  • Il permet à l’élève, comme au professeur de disposer d’un bilan à l’issue du QCM.

Pour créer le QCM

Une fois identifié sur LaboMEP, on clique, à droite, sur l’onglet « Mes ressources » puis sur le bouton « Nouvelle ressource ».

Il faut alors choisir « Outil LaboMEP (et ses composants) »

Je n’entrerai pas plus en détail dans la construction du QCM, d’une part parce que je n’ai eu personnellement aucun problème pour prendre en main l’outil, dans la mesure où son fonctionnement est très intuitif, et d’autre part parce que la documentation me parait suffisamment claire.

Un petit détour tout de même par le module pour les formules mathématiques que je trouve admirable.

Il permet de construire ses formules en quelques clics pour ceux qui ne connaissent pas LaTeX. La visualisation se faisant en direct, l’outil n’est pas plus compliqué à utiliser qu’une calculatrice. Les adeptes de laTeX pourront tout taper au clavier au rythme habituel.

Pour finir, un petit exemple du résultat côté élève.

Un outil pour les QCM d’évaluation : le logiciel AMC

LaboMep ne me convient pourtant pas pour l’évaluation sommative des élèves. Mon lycée ne me permet pas de faire passer un test simultanément à tous les élèves d’une de mes classes sur ordinateur.

Pour faire une telle évaluation sur papier, en utilisant un QCM, un risque majeur est celui de la fraude. Pour l’éviter, une méthode consiste à mélanger les réponses pour une même question et éventuellement à mélanger les questions. Pour mettre en oeuvre cette méthode avec un traitement de texte classique, le travail est assez conséquent et astreignant. C’est ce qui a été fait dans leQCM déjà donné en exemple.

Le logiciel AMC permet d’automatiser tout cet aspect périphérique du QCM pour laisser au concepteur, une fois la prise en main du logiciel réalisée, la possibilité de se concentrer sur la partie purement pédagogique de la conception.

Il s’adresse principalement aux utilisateurs de LaTeX (et exclusivement, pour l’instant, aux utilisateurs de Linux), même si la conception de QCM est à présent possible en simple texte comme le montre l’exemple ci après.

Le concepteur du QCM n’a pas à se soucier de l’ordre dans lequel il doit donner ses réponses. Dans cet exemple en mode texte, il lui a suffit de signaler la ou les bonne(s) réponse(s) avec le symbole + et la ou les mauvaise(s) avec le symbole -. Les deux étoiles précisent que pour la question concernée, plusieurs réponses sont possibles (ou aucune) alors que, dans la première question, il y a une et une seule bonne réponse.

Une fois le questionnaire conçu, AMC se charge de créer autant de versions que l’on veut, comme dans cet exemple.. Le risque de fraude est alors très simplement et considérablement atténué.

AMC permet également de concevoir un corrigé automatiquement pour chaque version du QCM.

Enfin, en numérisant les copies, AMC peut les corriger automatiquement et vous retourner les résultats dans un tableur, par exemple. Je ne suis personnellement pas client de cette dernière possibilité, préférant ne pas remplacer l’étude des copies par une tâche qui devient plutôt administrative.