En hommage à mon père, Monsieur Biya.
Dans un récent courrier, l’auteur de l’article écrivait : au lieu du tableau de Biya, il faudrait plutôt parler de tableau de Venn-Hekdjara. Ce nom paraît plus adapté pour son introduction dans les manuels scolaires. En effet, le nom Venn renvoie au logicien anglais John Venn qui établit le diagramme de Venn en 1881 et Hekdjara renvoie à Hekeu Djambou Raoul, du nom de l’auteur du principe qui s’inscrit à la suite de John Venn.
NDRL : Cet article sort du cadre habituel de MathémaTICE : il ne parle pas de TICE et traite une question mathématique un peu marginale dans les programmes français. Nous le publions cependant, comme salut amical à nos collègues africains, et pour confirmer notre ouverture à leurs éventuelles contributions. Et aussi parce qu’il propose une intéressante série d’exercices.
Le Cameroun est un pays qui a deux systèmes éducatifs : le système anglophone et le système francophone. L’objet de cet article, l’enseignement de la notion d’intersection d’ensembles, correspond aux classes de seconde (form five) dans le système anglophone et pour le système francophone aux classes de première de toutes les spécialités. En fonction de la spécialité, les exigences sont différentes, mais cette notion reste à acquérir dans toutes les classes de première, L (littérature) ou S (scientifique). Cette notion d’intersection s’inscrit dans le cadre de la théorie des ensembles élaborée pour la première fois en 1880 par Cantor [1]. Ce dernier jeta les bases de la notion d’intersection qui s’énonce comme suit :
Soit A et B deux ensembles. L’intersection de A et de B se note A∩B et désigne l’ensemble des éléments qui sont à la fois dans A et dans B.
Même si la notion d’intersection n’est qu’une petite partie d’une théorie très importante, elle est utile dans tous les domaines des mathématiques : analyse, probabilités, algèbre, géométrie. De nombreux autres mathématiciens et logiciens ont contribué à sa compréhension et son extension. Le cas du logicien John Venn [2], avec son célèbre diagramme de Venn élaboré en 1881 est d’un intérêt tout particulier, puisqu’il tente d’illustrer et de représenter la notion d’intersection en utilisant des diagrammes. Ces représentations, très utiles pour deux ou trois ensembles se révèlent bien complexes, pour plus de trois ensembles, comme il le confesse avec regret ; Venn dans Symbolic logic propose des schématisations utilisant des ellipses pour illustrer les intersections d’un plus grand nombre d’ensembles, cependant ces représentations restent délicates à manipuler. Notre objet est de généraliser le raisonnement du diagramme de VENN de manière simple et claire. Pour ce faire, il s’agit de définir tout d’abord les « Tableaux de Biya », d’en montrer leur construction et de donner quelques applications en analyse combinatoire.