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GeoGebra Classroom et ses apports dans les pratiques de classe
Article mis en ligne le 6 novembre 2022
dernière modification le 15 novembre 2022

par Jean-Yves Labouche

Introduction

GeoGebra Classroom est une fonctionnalité de GeoGebra qui a fait son apparition de façon très opportune durant le premier confinement au printemps 2020. Ce service a évolué depuis pour devenir un très intéressant outil de suivi du travail des élèves sur GeoGebra. C’est la diversité des outils disponibles dans GeoGebra qui fait de Classroom une option très pertinente pour un usage aussi bien à distance qu’en classe.

Avant toute chose, il est bon de rappeler que GeoGebra n’est pas seulement un puissant logiciel de géométrie dynamique, mais aussi une formidable boite à outils qui permet aussi bien le travail sur tableur, sur le calcul formel, sur les probabilités… De plus certains outils intégrés à GeoGebra comme l’application Notes permettent de varier de façon considérable le type d’activités qu’il est possible de proposer aux élèves. La possibilité de programmer des exerciseurs vient s’ajouter à ces possibilités (il est évidemment possible, et très simple, d’utiliser des exerciseurs déjà existants — j’en parlerai dans la dernière partie de cet article).

Je vais présenter ici plusieurs types d’activités que je mets en œuvre très régulièrement avec mes élèves de collège et de lycée. Il n’y a rien de révolutionnaire, mais la simplicité de l’outil mérite qu’on s’y attarde.

Si l’enseignant doit avoir un compte GeoGebra pour pouvoir utiliser Classroom, je précise qu’il n’est pas nécessaire pour les élèves de posséder un tel compte pour participer aux activités sur Classroom.

Enfin, dernière précision : mes élèves sont équipés d’ordinateurs portables. Il m’est donc très facile de les leur faire utiliser pour seulement 10 ou 15 minutes avant de passer à une autre activité non numérique. Cela explique mon penchant à des utilisations régulières et de courtes durées de l’outil que je vais présenter.

Un exemple d’utilisation

Lorsque l’enseignant crée une leçon (c’est le terme employé) pour GeoGebra Classroom, il peut suivre en direct le travail de chacun des élèves depuis son compte. On comprend très vite l’intérêt pour un travail à distance : on voit en direct ce que font les élèves, leurs réussites et leurs erreurs, et on peut donc les reprendre très rapidement individuellement ou collectivement si on est en visioconférence. S’il s’agit de devoirs donnés à faire à la maison, l’enseignant peut rapidement savoir qui a fait ce travail et voir en détail celui de chacun.

En classe, évidemment on n’a pas besoin de console pour voir ce que font les élèves. Mais une des fonctionnalités intéressantes de Classroom est de pouvoir anonymiser le travail des élèves. Cela permet, par exemple lors d’une résolution de problème ou d’une démonstration, de projeter à la classe les réponses de tous et d’en discuter : qu’est-ce qui est bien ? Qu’est-ce qui manque ? Pourquoi ? Cela de façon anonyme, si bien que les élèves qui seraient dans l’erreur ne se sentent pas visés. C’est un travail très formateur pour les élèves et je le fais régulièrement en début de séquence, lorsque l’on commence à peine à s’approprier une notion ou une méthode.

Par exemple ici, les tout premiers calculs de longueurs de cercle de mes 6e de l’an dernier :

L’activité peut être mise en pause pour s’assurer que tout le monde lève les mains des claviers et on peut discuter des résultats qui sont projetés. Les élèves vont très rapidement identifier les erreurs commises : « l’élève 1 n’a pas écrit la formule » ; « l’élève 3 n’a écrit que les résultats » ; « l’élève 2 a plutôt bien rédigé, mais il oublie les unités dans deux résultats », « celui-ci a une erreur de calcul et celui-là une erreur d’arrondi »… Quelques minutes de discussion suffisent pour faire le tour de toutes les erreurs à éviter et pour obtenir une correction détaillée de l’exercice, dictée par des élèves actifs. On peut alors fermer les ordinateurs et passer à d’autres exercices du manuel, de façon plus traditionnelle.

Création de l’activité

Je reviens maintenant sur ce que je disais en introduction : GeoGebra, ce n’est pas que de la géométrie. On le voit bien sur cet exemple. Pour cette activité, j’ai pris un exercice du manuel des élèves (le manuel Sésamath que j’utilise depuis plusieurs années de la 6e à la terminale). La simplicité et la rapidité pour créer une telle activité sont pour moi des facteurs très importants et déterminants.

Voici à quoi ressemble l’activité créée :

Il y a un titre, une image et un champ texte pour que les élèves répondent. Et c’est tout. Pour faire cela, sur son compte GeoGebra, dans son « Profil », il faut sélectionner « CRÉER » puis « Activité ».

La console de création est très épurée et intuitive :

Il suffit de saisir le titre, d’ajouter les éléments souhaités. Ici, une « Illustration » et une « Question ». Lorsqu’on ajoute une question, on a le choix entre une « question ouverte », comme ici, ou un « QCM ». La question ouverte contient le champ texte où l’élève répond : les élèves ont alors à leur disposition les symboles mathématiques pour écrire leurs réponses, ce qui est bien pratique (c’est une amélioration récente de l’outil).

Le tour est joué, l’activité est maintenant créée. Il ne reste plus qu’à sélectionner, sur la page de l’activité, le bouton « ASSIGN » puis « GeoGebra lesson ». On obtient alors le code de l’activité à transmettre aux élèves.

On peut leur donner le lien, le mettre sur l’ENT par exemple si le travail se fait hors de la classe. Mais en classe, le plus simple est de demander aux élèves d’aller sur la page d’accueil de GeoGebra, de sélectionner l’onglet « Classroom » puis de saisir le code à 8 caractères de l’activité. Si on l’utilise souvent, cette manipulation devient de plus en plus rapide au cours de l’année.

Une activité plus complète

Je viens de présenter une activité simple et rapide à créer. Mais on peut, bien évidement faire beaucoup plus, notamment quand l’outil numérique apporte une véritable plus-value par rapport à une activité faite sur feuille. Je prendrai comme exemple ce beau livret réalisé par Vincent Pantaloni. Il s’agit de guider l’élève dans une démonstration géométrique de l’irrationalité de racine carrée de 2.

Il y a 4 activités dans ce livret et les questions sont variées. La première activité permet de s’assurer, grâce à des QCM, que les élèves possèdent les notions élémentaires qui vont leur servir dans la démonstration (les élèves sont autonomes, ils peuvent vérifier leurs résultats).

Viennent ensuite des questions auxquelles les élèves doivent donner des réponses écrites. Une construction géométrique à manipuler (grâce à un curseur) ajoute une véritable interactivité à cette activité qui n’aurait pas été possible s’il s’agissait d’un travail sur papier. Le professeur pourrait certes projeter cette animation à la classe, mais cela supposerait alors que tous les élèves progressent dans l’activité à la même vitesse. Or, c’est bien aussi l’intérêt d’une telle activité : que chacun aille à son rythme. D’ailleurs, pour aller dans ce sens, une construction (celle utilisée pour la démonstration) est donnée à faire aux élèves les plus rapides qui auraient fini la démonstration. Les QCM autocorrectifs au début et à la fin de l’activité permettent également de s’assurer une certaine autonomie des élèves.

Nous sommes bien ici dans le cas ou la version numérique de l’activité apporte un réel plus par la manipulation et l’autonomie qu’elle permet. Si on ajoute à cela l’utilisation de Classroom, le suivi du travail des élèves par le professeur est grandement facilité. De plus, comme pour l’activité précédente, une mise en commun des différentes réponses à chaque étape clé de la démonstration permettra une correction de l’activité dans laquelle les élèves seront actifs.

D’autres types d’activités

Je l’ai mentionné en introduction, l’application « Notes », intégrée à GeoGebra, permet de varier le type d’activités que l’on peut proposer. Elle est disponible au moment de la création de l’activité.

On va ici pouvoir créer une petite appliquette dans laquelle il est possible d’écrire (entrée manuscrite ou au clavier), de dessiner, de tracer, d’importer des fichiers dans de nombreux formats. Mais je vais rester dans le plus simple : il est par exemple possible d’insérer une image sur laquelle les élèves pourront travailler. J’ai choisi, dans cet exemple, une représentation d’un pavé droit en perspective cavalière que les élèves devront compléter avec les outils disponibles.

Là encore, il s’agit d’un exercice du manuel et là encore il s’agit de pouvoir comparer les différents travaux des élèves, d’en discuter et de repérer les erreurs. Une nouvelle fois, mon but est que les élèves soient actifs au moment de la correction et réellement acteurs de celle-ci. Nous passons ensuite à d’autres exercices sur papier.

Dans une activité similaire en 5e, avec des représentations de prismes, je demande aux élèves de colorier les bases du solide. Cela est simple à faire pour les élèves dans « Notes », les outils à disposition sont intuitifs. Cette application permet de très nombreuses possibilités et je ne les ai encore pas toutes explorées.

Et bien sûr, des exerciseurs

Évidemment, on peut aussi donner une construction géométrique à réaliser ou à compléter, des exercices sur le tableur de GeoGebra et tout ce que peut proposer GeoGebra.

Mais ceux qui me connaissent un peu seraient surpris que j’écrive un article sur GeoGebra sans parler des exerciseurs ! Vous avez à votre disposition, sur le site de la Commission Inter Irem TICE entre 500 et 600 exerciseurs qui n’attendent qu’à être utilisés dans les classes. Ils sont classés par livrets thématiques et souvent, pour un thème donné, le livret contient de nombreux exerciseurs. Les exercices sont générés aléatoirement et en général une série de 10 exercices est proposée à l’élève. Il peut recommencer autant de fois que nécessaire, les séries seront différentes à chaque fois. Ces livrets sont parfaits pour faire travailler les automatismes aux élèves, pour s’entrainer, pour réviser que ce soit en classe ou à la maison.

J’explique rapidement comment les utiliser avec Classroom.

Comme je viens de dire, ces livrets contiennent beaucoup d’exercices et vous ne voudrez sans doute en conserver que quelques-uns. Il faudra donc en supprimer. Pour cela, il vous faut commencer par créer une copie du livret qui vous intéresse : il faut l’ouvrir tout en étant connecté à votre compte GeoGebra. En déroulant le menu du livret (3 petits points en haut à droite de l’écran), vous verrez « Copier le Livret ». Cette manipulation vous permet de vous approprier une copie du livret sur votre compte. Vous pouvez la renommer et ajouter une description si vous le souhaitez.

Maintenant, si par exemple dans ce livret sur les intervalles pour la classe de seconde seuls les quatre premiers exercices vous intéressent, vous pouvez éditer le livret (seule la copie que vous en avez faite sera modifiée) et supprimer les activités que vous ne souhaitez pas conserver. Il suffit pour cela de cliquer sur la petite corbeille en face du nom des activités à supprimer. Une fois ce travail terminé, votre activité est prête et vous pouvez l’utiliser pour créer une leçon.

Sur les exerciseurs que vous trouverez sur le site de la C2it, il y a un code couleur qui est très pratique lorsqu’on utilise Classroom : un fond d’écran vert signifie que l’élève a donné une bonne réponse, un fond d’écran brun orangé signifie que l’élève s’est trompé et le rouge signifie que l’élève a cliqué sur le bouton « Help ! » de l’activité. Ce dernier permet à d’éventuels élèves timides ou introvertis d’appeler le professeur en toute discrétion.

Conclusion
Voilà pour ce tour d’horizon rapide de ce que permet de faire GeoGebra Classroom. Cet outil m’a d’abord été très utile durant la période d’enseignement à distance. Il m’est maintenant devenu indispensable dans ma salle de classe. La mutualisation des réponses des élèves et le travail collectif qui peut s’en suivre sont pour moi des raisons suffisantes pour l’utiliser régulièrement en classe avec mes élèves. Je suis également un adepte des exerciseurs (à petites doses, mais très régulières) et l’utilisation de Classroom aide indéniablement au suivi du travail de chacun.

J’espère que ceux qui découvriront GeoGebra Classroom par cet article auront envie de le tester.