Cet article poursuit les réflexions des numéro 42, 43 et 44 de MathémaTICE.. L’auteur espère que cette série d’article permettra d’en susciter d’autres sur l’enseignement des maths-sciences-physiques en lycée professionnel. Il va sans dire que les positions prises n’engagent que lui. Cet article sera sans doute le plus « théorique » de la série d’articles, voire le plus court.
Dans cet article, je n’insisterai pas sur la richesse potentielle de l’enseignement des maths-sciences-physiques en lycée professionnel, cela a été vu dans les articles précédents, que ce soit par le travail sur la bivalence que le travail en lien avec le professionnel. Nous avons vu aussi les limites éventuelles de ces approches.
Une remarque supplémentaire : depuis que je suis enseignant, je ne cesse d’entendre de la part de l’institution mais souvent aussi de la part de collègues de collège ou lycée général un discours que je pourrai résumer par « oh là là, ce ne doit pas être facile en lycée professionnel » (ceci venant des collègues) mais en tout cas « vous êtes en avance pédagogiquement, sûrement du fait de la population difficile » (ceci venant des collègues et de l’institution). Cela ne fait pas de mal à l’égo mais il me semble que c’est un peu plus compliqué que cela. Premièrement, il me semble que la population « difficile », les collègues de collège l’ont aussi, je n’ai rien à leur envier. Ensuite, sur le côté « en avance » : il n’est pas surprenant que les enseignant-e-s de la voie professionnelle explorent des pistes nouvelles, et de mon point de vue pas du fait des élèves mais plutôt du fait qu’ils se retrouvent dans un environnement plus élargi dans ses possibilités. En ce sens, on retrouve la pédagogie du concret telle que peut la décrire Aziz Jellab (http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2005-2-page-295.htm). Personnellement, je n’y adhère pas, considérant que le cadre dans le quel on se place est en réalité un encadrement (lire les travaux d’Ugo Palheta : https://ugopalheta.wordpress.com/domination-scolaire/). Je m’arrête là sur cette remarque qui mériterait d’être développée mais qui dépasse le thème de la revue.
Je voudrais insister sur le fait que, de mon point de vue, les TICE sont un lien. C’est un lien entre les mathématiques et les sciences-physiques, c’est un lien entre les maths-sciences-physiques et les disciplines professionnelles. J’ai essayé d’illustrer cela dans les articles précédents. Dans cette logique, les TICE sont non seulement un outil pédagogique mais peuvent aussi structurer une progression ou des séquences. Objectivement, c’est difficile, et pas seulement parce que le travail collectif que cela peut signifier n’est pas spontané, mais aussi parce que, parfois, cela peut sembler un peu artificiel. Je fais néanmoins le pari que ce lien pourrait même être utile pour une autre difficulté que l’on peut rencontrer en lycée professionnel : l’alternance. Si elle est une richesse (je ne m’étendrai pas sur les « richesses » de l’alternance car, bien entendu, cela se discute), l’alternance signifie aussi un découpage de l’année difficile. Par exemple, j’ai eu une classe de Terminale Bac Pro Maintenance des Véhicules Industriels (MVI) cette année. Voici la progression en maths-sciences-physiques (la réelle, pas la théorique...) :
On le voit, je dois jongler entre les (longues) périodes de formation en entreprise, les périodes de CCF et des contraintes externes ou internes. Sans parler des contraintes pratiques en terme de salles et matériel. On pourrai imaginer une progression parallèle entre les diverses disciplines dont le lien serait les TICE. Les TICE serait aussi un bon moyen de garder le contact avec les élèves pendant les périodes de stage.
Au bout du compte, ce que j’ai développé en théorie plus haut n’a été mis en œuvre de de façon partielle pendant l’année et mériterai d’être poussé.
En espérant que ces réflexions en ouvriront d’autres... Je ne conclurai donc pas sinon pour appeler à la poursuite de ce travail. Ainsi, je pourrai proposer des séquences mêlant les sciences (voir les parties sur les gaz) en parallèle avec le travail des élèves sur la maintenance des pneus de leur propre outil de travail... Voyez, déjà des idées arrivent ! A suivre donc...