Cet article a été repris dans le n° 480 du BV de l’APMEP.
Le site du Matou Matheux est actuellement inaccessible, pour cause d’attaque par des hackers.
Mais l’association Sesamath a archivé une copie du site, avec l’accord d’Anne Ruhlmann :
https://ressources.sesamath.net/matoumatheux/www/accueil.htm
Sesamath précise cependant :
Sésamath n’est pas responsable de son contenu ni de son fonctionnement : inutile de nous contacter pour de l’assistance à son sujet !
Tout a commencé par l’échange et par la résolution d’histoires-problèmes imaginés par des élèves de deux classes de 5ème de deux collèges bretons1. La découverte en 2005 du portail eTwinning (eJumelage) m’a donné envie de monter un projet analogue avec des établissements européens tout en l’élargissant au domaine des langues pour communiquer et échanger.
Présentation du portail eTwinning
eTwinning, la communauté pour les écoles d’Europe, encourage la coopération pédagogique par le biais des TIC (Technologies de l’information et de la communication) pour faciliter la création de partenariats scolaires à court ou long terme dans n’importe quelle discipline. |
Pour vous lancer dans eTwinning…
1ère étape : Inscription à eTwinning (Pourquoi s’inscrire ?)
Indiquez vos données et celles de votre école et créez votre propre profil eTwinning. Remplissez le formulaire soigneusement afin que des partenaires appropriés puissent vous contacter. Une fois inscrit, vous aurez votre propre nom d’utilisateur et un mot de passe qui vous permettront d’accéder au tableau de bord eTwinning.
2ème étape : Trouver un projet
Proposez votre projet dans votre profil ou utiliser le mode recherche pour découvrir des projets proposés par d’autres enseignants non français. En effet on ne peut pas se jumeler avec un établissement du même pays. Par expérience il est préférable de participer à un projet avec au moins trois établissements car il y a des défections en milieu d’année pour différentes raisons.
3ème étape : Choisir ses partenaires
Voici quelques conseils :
– veillez à partager des objectifs similaires et à vous mettre d’accord sur un sujet pour votre projet collaboratif,
– communiquez régulièrement et ouvertement,
– veillez à ce que les groupes soient composés environ du même nombre d’élèves ayant plus ou moins le même âge et le même niveau linguistique,
4ème étape : Commencer la collaboration avec vos partenaires
Dès que vous avez trouvé des partenaires et avez décidé quel projet vous réaliserez, vous pouvez l’enregistrer sur le portail.
Mathematics and European stories 2005-2007
J’ai proposé sur ce portail le projet que j’ai intitulé Mathematics and European stories, avec l’idée suivante : faire écrire en anglais, par des jeunes de 15-16 ans, une histoire d’une dizaine de lignes, qui permette de découvrir une particularité de la vie de leur pays, avec en arrière-plan, un problème de mathématiques à résoudre. Un mois plus tard, j’avais trouvé deux partenaires espagnol et lituanien. A partir du mois de décembre 2005, les élèves des trois pays ont envoyé les histoires qu’ils avaient élaborées. Les élèves de chaque établissement ont résolu les problèmes de leurs camarades européens et ont échangé leurs réponses. Ce partenariat a duré deux ans, mais sans grande conviction, ni dans mon collège, ni chez les partenaires… Il fallait passer à une autre dimension et tenter l’expérience avec d’autres collègues et d’autres partenaires. |
Imperial and metric measurements 2006-2007
C’est lors d’un atelier européen à Prague proposé par l’équipe eTwinning, que je rencontre un enseignant anglais de mathématiques qui me propose le projet suivant : demander à des jeunes de 10-11 ans de présenter un exemple imagé de leur pays utilisant des unités de mesures de leur système métrique national.
Nous convenons que nos élèves fassent leurs dessins sur papier et qu’ils écrivent leur texte en-dessous en anglais et que les correspondants réécriront le texte mais avec leurs propres unités de mesure. Les Français ont réalisé 16 dessins et textes, mais les Anglais n’ont pas pu les compléter car leur enseignant a malheureusement changé d’établissement en cours d’année.
Les deux précédents projets ont été présentés lors du colloque international de l’IUFM de Bretagne le 12 juin 2007. Une vidéo de 20 min est en ligne.
No frontiers ! 2007-2008’’’
Au printemps 2007, je lance un nouvel appel sur le portail eTwinning et rapidement un projet sous le nom No frontiers ! est enregistré avec l’Espagne et la République tchèque avec la description suivante : Using both mathematics and elements of their own country (monuments, famous places...), students invent problems, write them in English, then upload them on the Web ( and try to find a solution…)
Ce projet dépasse le cadre des mathématiques puisque dans les trois établissements des enseignants d’arts plastiques ont rejoint leurs collègues de maths et d’anglais pour proposer de nouvelles activités.
Introduction
Ayant plus d’expérience que mes partenaires dans l’aventure eTwinning, je propose en introduction une carte Visit in Paris, créée avec Google Maps, où j’ai inséré 5 histoires-problèmes écrites au cours du précédent projet.
Ma collègue espagnole réagit rapidement en nous proposant une activité Distances in Sevilla à l’aide de Google Maps.
Quant à notre collègue tchèque il propose une activité plus classique Where do we come from ? pour faire découvrir le nom de sa ville. Il s’agit de 19 calculs qui rebutent tout élève français alors comment faire ? J’ai distribué à chacun la fiche et l’ai projetée au tableau. Chaque binôme devait trouver un ou deux calculs selon la difficulté et aller écrire au tableau la lettre correspondante. En moins d’une demi-heure, ils avaient trouvé et étaient très fiers d’avoir réussi quelque chose qui leur paraissait inaccessible. Mais je dois ajouter que cela a pu fonctionner car l’activité avait été créée par d’autres jeunes et non par un enseignant ! Certains ont même parlé de cette activité à leur enseignant d’arts plastiques en signalant que ’’les Tchèques étaient très forts en maths !’’
Activités mathématiques
Les élèves français reçoivent la consigne suivante : Write a dozen-line maths problem in English about a characteristic feature of French life. Don’t write about Paris ! This work will be done by pairs and will have to be given back no later November 29, 2007. Leave lines to allow your teachers to make corrections.After corrections and improvements, you will write them before Christmas on the weblog of the site Le Matou matheux so that our partners will be able to read them and answer the questions. Of course don’t forget to resolve your exercises yourselves !
Malheureusement les productions de cette année-là furent plutôt décevantes car la plupart des élèves ont ’’manqué d’imagination’’ et se sont inspirés des histoires-problèmes regroupées dans la carte Visit in Paris qu’ils avaient résolues avant les vacances de la Toussaint. La réaction de leurs partenaires via le blog les a un peu remotivés et ils ont été plus réceptifs lors de la découverte de l’activité que les Espagnols nous ont envoyée. Notre collègue tchèque étant muté, l’aventure en leur compagnie s’est arrêtée là.
Moi qui me croyais innovatrice ’’je fus abasourdie’’ le soir où je reçus le courriel de ma partenaire espagnole m’indiquant le lien où se trouvait leur Gymkhana. C’est un véritable jeu de piste à travers Séville avec de la documentation touristique, des problèmes et des indices mathématiques (et même des fausses pistes !). Lui aussi est présenté à l’aide de Google Maps et tous les documents sont téléchargeables sous le format pdf.
Pour participer au Concours National eTwinning 2008, nous avons réalisé un diaporama en trois langues.
The Gold Tower problem The Tower has been restored and 40 workers have been need who charges to 12 € the hour every worker, every one worked 768 hours, if the mayor of the city wants to pay it with the money of the income of the entrance to the Gold Tower ,every entry costs 10 € and every Sunday they enter about 1200 person. How many Sundays do we need to pay them ? |
Making friends aboard 2007-2008
N’ayant plus de partenaire européen au niveau 6e, j’accepte la proposition d’une collègue finlandaise qui a trouvé la description de mon projet intéressant : Using both Mathematics and English, students imagine and write problems about their countries and regions of origin. For example, make out where their towns are located, calculate distances between them, compare life in their native countries…….
Introduction
Je propose quelques exercices de mathématiques et de géographie pour découvrir nos partenaires finlandais. Puis je crée avec la collaboration de mon homologue finlandais des mémorys avec les nombres de 0 à 5.
A l’occasion d’une vie de classe, les élèves proposent trois réponses à un quizz qui est destiné à nos partenaires pour faire découvrir différents métiers exercés dans notre collège.
Activités mathématiques
Les élèves étudient un graphique en finnois sur le site Climatology in Tampere et constatent ainsi que le langage mathématique et plus particulièrement celui des graphiques est international.
Après réception du diaporama Basics of Finland réalisé par les Finlandais avec l’aide de leur enseignant de SVT, je crée une fiche avec quelques questions simples de mathématiques.
Je propose vers mars à mes élèves un petit voyage partant de la Tour Eiffel et aboutissant à notre Collège de Liffré. Le voyage se déroule sur une carte, créée avec Google Maps, où je propose dix exercices simples écrits en anglais.
Bilan
Il est indiscutable que les élèves sont nettement plus motivés dès qu’on leur propose des activités utilisant les TIC, même en anglais. De plus ce ne sont pas toujours les meilleurs élèves sur le plan scolaire qui réussissent le mieux dans ce genre d’activités. Une certaine émulation s’installe alors voire une entraide puisque des élèves plutôt en difficultés donnent un coup de main à des « bons » élèves.
Il est rare que les élèves aient l’occasion de s’exprimer en anglais dans d’autres matières, ils sont tout d’abord déroutés sans doute parce que les matières enseignées au collège sont généralement trop cloisonnées pour que ce travail leur paraisse naturel. Mais très rapidement ils se prennent au jeu et n’hésitent pas à intervenir.
Après l’abandon de notre jumelage par les Finlandais sans aucune raison satisfaisante, ma collègue d’anglais ne veut pas poursuivre cette aventure. J’en tire une leçon définitive : ne pas se lancer dans un projet eTwinning sans être au moins trois partenaires.
FUSURUP 2008-2009’’’
Très contents de notre projet de l’année, nous décidons avec nos partenaires espagnols de poursuivre en cherchant de nouveaux partenaires et donc au printemps 2008, je lance un nouvel appel sur le portail eTwinning et c’est ainsi que notre nouveau projet FUSURUP (France Union Spain Union Romania Union Poland) est enregistré avec la description suivante : Using English as our common language and combining different school subjects, we wish to give our pupils the opportunity to communicate with other European teenagers and encourage them to be creative via interactive activities. The teachers involved in the project choose what to propose as far as it implies an answer from the other participants. A calendar with the first activities planned is decided on at the beginning of the school year but other elements can be added throughout the year.
Un calendrier est mis au point entre les 4 établissements.
Après trois années de création d’histoires-problèmes, je décide de changer un peu d’orientation car les élèves ont du mal à mener de front écriture en anglais et problème de mathématiques. Je cherche aussi une autre forme de présentation où l’informatique prendrait plus de place. A force de surfer sur le Web, je découvre un logiciel Didapages créé par l’Association Fruits du savoir. Je fais un premier essai technique pour voir si cela est réalisable par des élèves de 3e. J’apprends par la suite que ce logiciel est déjà installé sur les ordinateurs prêtés aux élèves grâce à l’opération Ordi 35. Les élèves pourront donc se faire épauler par l’animateur Ordi 35, présent deux fois par semaine dans notre collège.
Parallels 2008-2009
Et c’est aussi au printemps 2008 que je me je lance à la recherche d’au moins deux partenaires pour ma future classe de 6e, soutenue par mes collègues de SVT et d’EPS qui aimeraient y participer. C’est une enseignante d’anglais de Roumanie qui enregistre cette fois-ci notre projet Parallels : This is a project for raising cooperativeness among different subjects, students, teachers, other school staff, members of the community through various common activities aimed at getting to know each other’s « universe ». Une Polonaise nous rejoint un peu plus tard.
Un calendrier est mis au point entre les 3 établissements.
Je propose quelques [exercices de mathématiques et de géographiehttp://matoumatheux.ac-rennes.fr/divers/twinning8/intro/accueil.htm] pour découvrir nos partenaires roumains et polonais. Cette fois-ci j’utilise le site Via Michelin version anglaise pour comparer les distances à vol d’oiseau trouvées par les élèves et les distances kilométriques. Je dois reconnaître que d’année en année j’ose de plus en plus intégrer des supports en anglais dans mes cours même si je ne maîtrise pas bien la langue. De toute façon je la maîtrise mieux que mes élèves.
Bilan d’ensemble
– Dimension européenne
Les élèves ont beaucoup apprécié la découverte des établissements scolaires de nos correspondants, fort différents du leur. Après avoir rédigé des problèmes à partir de réalités françaises, ils vont pouvoir visiter Séville grâce au gymkhana préparé par les Espagnols.
Cette interaction culturelle leur semble très enrichissante. Enfin la lecture des histoires écrites par les correspondants a permis aux élèves de se rendre compte que les mathématiques utilisent un langage international, même si parfois il y a des nuances.
La découverte des images réalisées par les correspondants a été un moment fort intéressant, pouvoir comparer, les démarches, les images, les techniques utilisées permet de développer le regard et l’esprit critique.
– Interdisciplinarité
Une activité menée conjointement en mathématiques et en anglais est plutôt rare au collège ; ce projet bouleverse quelques habitudes et la frontière entre matières « scientifiques » et matières « littéraires » est momentanément oubliée, tant par les enseignants que par les élèves.
– Créativité
Il est rare que les élèves aient l’occasion en mathématiques de laisser libre cours à leur imagination ; cette activité les déroute au départ mais leur plaît bien finalement. Il est encore plus rare de leur demander de résoudre des exercices écrits en anglais. Certains élèves ont rechigné lorsqu’ils ont su que ce projet se réaliserait en anglais, sans doute parce que les matières enseignées au collège sont en général trop cloisonnées pour que ce travail leur paraisse naturel. On peut espérer qu’avec le temps ils réaliseront que ce projet ne peut que leur être bénéfique et n’est pas seulement une lubie de leur professeur de mathématiques.
– Transférabilité
Les histoires écrites par les élèves français, le gymkhana espagnol et les différentes activités créées au cours de ces projets peuvent être utilisés tels quels ou imités dans d’autres projets eTwinning ou dans des classes européennes.
1 Collège Martin Luther King de Liffré et Collège Saint-Exupéry de Vannes