Cet article peut être librement diffusé à l’identique dans la limite d’une utilisation non commerciale suivant la license CC-by-nc-nd http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/legalcode.
A) Introduction
Dans « Les atouts du duo Blockly / tableur Xcas » [1], j’ai proposé une solution simple à mettre en œuvre dès la rentrée prochaine, ce qui devrait rassurer de nombreux enseignants de mathématiques déboussolés et inquiets.
En évoquant l’informatique débranchée, terme dont la plupart n’a probablement jamais entendu parler, je ne cherche donc nullement à raviver leur inquiétude ou à leur donner du travail supplémentaire. Je veux au contraire leur montrer qu’ils n’ont pas à surinvestir dans le codage, parce qu’ils desserviraient ainsi la cause qu’ils croiraient défendre.
Pour y parvenir, je vais relayer quelques unes des nombreuses informations disponibles sur le site https://pixees.fr/ , en essayant de le faire le plus fidèlement possible puisque je ne suis pas spécialiste de la formation au numérique d’élèves du primaire ou du collège.
Ah bon, vous ne saviez pas qu’il existait des spécialistes en France sur le sujet ? Si tel est le cas, je vous invite à lire mon article et, surtout, à consulter sans modération le catalogue des ressources de Pixees pour vous cultiver et comprendre les enjeux de la réforme.
En plus, si vous avez des questions, vous êtes même invité sur le site à contacter le réseau de médiation scientifique Inria, comme de nombreux enseignants de l’option ISN ont dû le faire je suppose : le sous-traitant choisi par le ministère de l’Education Nationale [2] vous offrira-t-il gratuitement la même qualité de service ?
B) C’est quoi, l’informatique débranchée ???
Bien qu’enseignant l’informatique en IUT depuis des années, je n’ai entendu parler d’informatique débranchée qu’il y a environ deux ans. Je ne me souviens pas des circonstances et, de plus, ce thème n’avait pas particulièrement attiré mon attention. Le déclic a eu lieu lorsque j’ai découvert dans la revue EPI un communiqué de Thierry Vieville intitulé « Des ressources pour enseigner le numérique à des enfants » [3].
C) Les activités débranchées à l’école primaire
Introduction
Il y a :
- trois activités de découverte (début, milieu et fin de primaire) : https://pixees.fr/?p=1285
- dix activités clés en main (fin primaire) : https://pixees.fr/?p=1302
En guise d’illustration, voici la copie d’écran partielle de la page web présentant les dix activités clés en main :
Ecriture binaire
Il me serait difficile, même si je le souhaitais, de détailler une à une les dix activités clés en main proposées pour le primaire : rien que la première, intitulée « Compter les points – Écriture binaire des nombres », est accompagnée d’un document pdf de 11 pages. En fait, il serait plus exact de parler de 10 thèmes pour le primaire, chaque thème comprenant plusieurs activités connexes.
D) Les activités débranchées au collège
Introduction
Une présentation des ressources du collège est disponible dans https://pixees.fr/?p=3748 . Elle renvoie notamment vers :
- des activités débranchées pour le collège : https://pixees.fr/?p=3159
- un texte collectif permettant de cerner les grands objectifs et contenus de l’enseignement de collège : https://pixees.fr/?p=1747
- des ressources Scratch pour apprendre à programmer : https://pixees.fr/?p=521
Puisque mon article porte sur les activités débranchées, je vous indique que vous trouverez à votre disposition un document pdf de 25 pages où, notamment, on parle de la version débranchée du jeu de Nim.
Pour mémoire j’avais montré comment traiter ce jeu dans le N°49 avec l’extension Xcas de Blockly, en indiquant que la recherche de la stratégie gagnante était à mon avis prioritaire par rapport à des activités de codage.
Nombres premiers
Comme je l’ai dit pour le codage binaire d’une lettre sur un octet, j’enseignais sans le savoir l’informatique débranchée. De nombreux enseignants de mathématiques l’ont aussi pratiquée à leur insu avant que n’apparaissent les ordinateurs, par exemple avec le crible d’Erathostene.
C’est d’ailleurs un exemple que j’aborde lors de ma première séance d’algorithmique en IUT, pour les raisons suivantes :
- rappeler que l’algorithmique est apparue bien avant les ordinateurs
- signaler que l’écriture d’un pseudo-code (que je ne donne pas car trop compliqué puisqu’il fait appel aux listes, aux boucles imbriquées…) n’est pas nécessairement pertinente avant le codage dans un langage de programmation…
Comme activité débranchée, je leur demande d’écrire sur une feuille tous les nombres de 2 à 100 (une ligne par dizaine pour plus de lisibilité), puis de barrer :
- les multiples de 2 sauf 2
- les multiples de 3 sauf 3
- les multiples de 4 sauf 4
- …
- les multiples de 10 sauf 10
Ils se rendent assez vite compte qu’il suffit de barrer les multiples de 2, de 3, de 5 et de 7, ce qui leur fait gagner du temps. Cela peut déboucher sur un exercice de codage au lycée (voire au collège) avec l’extension Xcas de Blockly (voir indications) : tous les entiers de 2 à 100 sont écrits en colonne A, puis on barre les multiples de 2 en effaçant les cellules correspondantes, puis on barre les multiples de 3...
E) Le projet Class’Code
Je vous invite également à découvrir le projet Class’Code (https://pixees.fr/?p=7363), qui met en place et déploie sur tout le territoire une formation hybride (c’est à dire en ligne avec des temps de rencontre) à destination des professionnels de l’éducation et de toutes les personnes désirant initier les jeunes à la pensée informatique.
Il y a, sous la vidéo présentant la formation, un lien « En savoir Plus » que je vous recommande. Il détaille en effet le parcours de formation Class’Code, dont l’Inria est un des partenaires. Le projet étant récent, la formation est encore en cours de production. En attendant, vous trouverez néanmoins des informations très intéressantes sur le projet, sous la forme de questions-réponses.
F) Conclusion et perspectives
On peut être pertinent en enseignant l’informatique sans ordinateur, grâce à des activités débranchées souvent amusantes. L’utilisation d’un ordinateur reste évidemment souhaitable, mais de façon raisonnée et sans succomber aux injonctions du « tout ordinateur », d’autant qu’elles peuvent conduire à distraire de l’apprentissage si elles sont mal interprétées.
Une façon raisonnée de procéder peut être, comme je l’avais indiqué dans le N°49, d’utiliser l’extension Xcas de Blockly. Dans cet article, j’ai ajouté deux autres exemples d’activités (codage binaire, Erathostene). Ce n’est évidemment pas la seule façon raisonnée d’utiliser un ordinateur dans un cadre mathématique, mais elle est facile à mettre en œuvre...
Epilogue
Tout le monde se demande pourquoi la bataille navale est un des jeux cités dans la réforme du collège : mais peut-être avez-vous déjà trouvé la réponse grâce à un indice que j’ai donné dans l’article ?
Si ce n’est pas le cas, mes deux personnages fictifs Casquette d’informatique et Casquette de mathématiques vont vous dévoiler en exclusivité leur interprétation. Avant ça, elles vont analyser de façon plus farfelue le pic de fréquentation de MathemaTICE de Janvier 2016.