Introduction

Même si l’enseignement du codage au collège ne se fait pas intégralement à l’aide d’un logiciel de programmation, il faut reconnaître que son recours est un incontournable. L’environnement de programmation par blocs Scratch est dans les textes un élément sur lequel les élèves doivent se former au cours de leurs années de sixième à troisième. Dans cet article, je propose de partir de ce constat de nécessité et d’explorer certains outils utilisables et la manière de les utiliser.

 Ce qui a changé avec la mise à disposition de Capytale

Dans les versions 1 et 2 de Scratch, un éditeur local était disponible. Il a rendu de nombreux services mais l’arrêt des technologies basées sur flash a poussé l’éditeur à proposer une version 3. Cette version 3 a d’abord été mise à disposition en ligne, puis un éditeur hors ligne a été réalisé. Dans le même temps l’accès Internet des établissements a évolué plutôt positivement en France. Dans ce contexte les solutions en ligne trouvent un accueil plus favorable des utilisateurs. Scratch dans sa version officielle propose une possibilité de création de comptes afin de partager ses créations. Dans le contexte du RGPD [1], il n’est pas envisageable d’utiliser cette possibilité avec les élèves. L’usage de la version officielle se fait donc à travers de nombreux échanges de fichiers au format sb3 (archive) entre les élèves et le professeur. C’est un obstacle surmontable, mais qui requiert une grande implication du professeur en cas d’évaluation de ces copies numériques et une bonne acculturation au numérique de la part des élèves.

Avec la mise à disposition de l’activité codabloc dans Capytale le paradigme a changé au courant de l‘année dernière.

Stéphane Gyuran a déjà abordé le sujet dans son article Utilisation de CAPYTALE au lycée, mais rappelons que ce service est disponible avec authentification fournie par l´ENT. Cette authentification permet ainsi la distribution, le travail, la correction de copies numériques. On s’affranchit ainsi de l’échange compliqué et chronophage de fichiers contenant le programme.

 Des activités adaptées aux collégiens

Le temps consacré à l’activité de l’élève est important et précieux. C’est pourquoi je désire fournir un environnement simple à prendre en main et favorisant un engagement rapide. La principale activité que j’ai utilisée en classe [2] est codabloc. C’est un portage de Scratch en version 3. Toutes les activités ou programme réalisés précédemment avec Scratch sont parfaitement compatibles. L’investissement personnel est donc limité à l’adaptation des activités réalisées les années précédentes et le développement de créations nouvelles.

Ci-dessous, je décris deux activités données respectivement en sixième et en quatrième l’an dernier ainsi qu’un compte-rendu d’expérience en troisième cette année. La modalité choisie est un aller-retour entre le sujet papier et l’environnement de programmation. Pour la classe de troisième chaque élève dispose d’une tablette iPad durant la séance.

L’accès aux exercices de programmation se fait au travers de liens présents dans le cahier de texte de l’ENT.

  En sixième : découverte de Scratch, repérage et déplacement du lutin

Je distribue deux documents aux élèves. C’est leur première utilisation de Scratch au collège. Les documents préexistaient à l’utilisation de Capytale et n’ont pas été adaptés par manque de temps. Après réflexion [3], il n’est pas certain de devoir indiquer les liens vers l’activité Capytale surtout si on procède par duplication [4] pour une gestion annuelle de ses activités.

Le choix effectué est donc de mettre à disposition les liens vers les activités Capytale dans le cahier de texte.

  En quatrième : notion de variable, opérateur et calcul littéral

  Déroulé de séance

La séance se déroule au mois de mars 2022. Les élèves sont habitués à accéder aux ressources via le cahier de texte de l’ ENT. Ils sont aussi à l’aise sur ordinateur et sur tablettes. La moitié de la classe travaille sur un navigateur depuis un ordinateur, l’autre moitié travaille depuis un navigateur sur les tablettes.

La supervision se fait depuis le poste professeur (muni d’un système de vidéoprojection) et en circulant parmi les élèves.

Une assez grande autonomie est attendue de leur part.

Les élèves s’engagent volontiers et aucun obstacle technique n’est relevé.

La partie « comment rendre sa copie » nécessite une médiation et un temps collectif.

Ce premier temps d’arrêt permet aussi de montrer ce que voit le professeur et de changer les statuts de « copies rendues » en « travaux en cours ». Le professeur commente certaines parties de code fourni.

Pour la fin de séance, les élèves n’ont besoin que de cliquer sur « enregistrer » [5] et de se déconnecter de leur session. Les manipulations de fin de séance sont donc limitées et permettent de bénéficier de plus de temps pour la pratique.

  Bilan de séance

Il est difficile de tout corriger en direct, mais si les élèves sont engagés, c’est une possibilité qui permet un dialogue différencié avec les élèves.

Même si tout n’est pas terminé durant la séance, l’élève retrouve l’activité dans l’état où il l’a enregistrée. Cela permet de poursuivre hors séance le travail fait en classe.

L’accès à distance à des fichiers enregistrés localement sur le serveur pédagogique du collège n’est plus un sujet avec l’utilisation de cet outil.

  En troisième avec usage de tablettes

En ce début d’année scolaire, je propose un TP de programmation à destination d’élèves de 3e. Le thème mathématique est l’arithmétique. Initialement la séance était prévue en salle multimédia en travail individuel (moitié de la classe sur PC, l’autre moitié sur tablettes). Finalement, la salle multimédia a été réquisitionnée pour la passation des évaluations nationales 4e...
La séance se déroule donc sur tablettes pour tous les élèves. De mon côté, rien n’a changé du point de vue des consignes.

Certains élèves utilisent spontanément la caméra de la tablette pour accéder à l’activité via le flashcode.

Les deux exercices ont nécessité un temps d’expérimentation et de retour sur des erreurs de programmation.

L’activité s’est donc déroulée en deux séances.

 Le partage d’activités et autres utilisations de son espace

Le partage d’activités est possible avec les élèves (apprenants) afin qu’ils complètent les programmes et que je puisse les corriger et les évaluer. Il est également possible de les partager avec des concepteurs (collègues, élèves).

Afin de ne pas se perdre dans les activités réalisées, celles en cours et celles déjà terminées, on fait appel à la notion d’étiquette [6]. On crée des étiquettes et on utilise ces dernières comme filtre d’affichage. Personnellement après la création d’étiquettes d’année, de niveau, de type d’activités, de thèmes mathématiques, je suis arrivé à la nécessité de créer une étiquette « en cours » afin de ne pas perdre de temps en séance. Cette étiquette est en quelque sorte amovible et placée sur les exercices qui sont actuellement traités par les élèves en séance.

Loin d’être un modèle d’organisation, il faut que chacun trouve une manière efficace d’accéder à ses activités. Du côté élève, tout est plus simple car l’accès à l’activité est fourni par un lien. Ce lien est pour ma part transmis via le cahier de texte de l’ENT dans la plupart des cas. J’ai également expérimenté cette année le flashcode sur le sujet, assez pratique pour les élèves utilisant les tablettes numériques.
Pour une utilisation sur plusieurs années d’une même ressource, il est possible de dupliquer la ressource (utile en cas de modification mineure) ou bien de redistribuer le même lien. Dans ce dernier cas, la fonctionnalité permettant de cacher les copies obsolètes est très utile.

 Des nouvelles perspectives pour l’année en cours (2023-2024)

 GeoGebra

Le modèle d’activité GeoGebra, nouvellement disponible, offre une nouvelle perspective d’utilisation de Capytale.
Même si je propose des réalisations de figures avec GeoGebra en classe j’avais en partie renoncé à utiliser cet outil pour la distribution et la correction de copies numériques. Que les utilisateurs de GeoGebra Classroom me pardonnent, mais il m’est difficile de multiplier les plateformes d’apprentissage tant pour les élèves que pour les fonctionnalités nouvelles à appréhender en tant qu’enseignant. L’usage de GeoGebra est donc ponctuel, encadré en classe et sans grande autonomie pour l’échange de fichiers pour les élèves. La nouvelle perspective de se servir de Capytale comme lieu d’échange de copies numériques (figures à créer, à compléter) change la donne à partir de la rentrée. Il peut être raisonnablement proposé aux élèves de réaliser une figure préalablement à une séance sur un thème à travailler en classe. On peut aussi leur proposer de refaire une figure vue en classe, de compléter une figure ou encore de réaliser des exercices rituels visant pour l’élève à s’approprier l’outil de géométrie dynamique. Tous les outils de GeoGebra sont disponibles y compris le tableur et le calcul formel.
Le portage sur Capytale d’activités GeoGebra ne devrait pas poser de problèmes techniques. Il suffit de glisser déposer la figure dans la fenêtre de création de l’activité GeoGebra, ou encore utiliser les boutons d’import-export disponibles depuis septembre.

Initialement je pensais terminer cet article durant l’été. C’eut été dommage car j’ai eu l’occasion ainsi d’expérimenter GeoGebra dans Capytale en accompagnement personnalisé de classes de sixième.

Là encore, les élèves n’ont pas eu de difficulté à se connecter à l’activité, favorisant ainsi l’engagement. C’était leur première expérience sur GeoGebra et il n’ont pas eu de problème avec la manipulation sur PC ou sur tablettes, hormis la consigne à mettre sur le côté plutôt qu’au dessus de la figure.

 MathALÉA par coopmaths.fr

J’utilise assez fréquemment MathALÉA pour produire des exercices sur des thèmes abordés en classe. L’intégration de MathALÉA avec ses avantages est encore un champ à explorer et a approfondir pour moi cette année.

 Pour en savoir plus…

Un webinaire de présentation de Capytale a eu lieu au cours du mois de septembre destiné plus particulièrement aux enseignants en collège. Une présentation d’intégration d’activités GeoGebra et MathALÉA est faite pendant ce webinaire.

Il est visible ici : https://bbb-adm-scalelite.visio.edu...

 Conclusion

L’outil Capytale est un outil qui vaut la peine de s’y intéresser. Il est encore en développement mais permet déjà de faire plein d’activités en évitant des gestions fastidieuses de fichiers produits par les élèves. Il nécessite en revanche l’utilisation d’un ENT compatible [7]. Le travail des équipes de capytale permet désormais une utilisation sans ENT pour les établissements qui n’y ont pas accès.