Les nouvelles technologies pour l’enseignement des mathématiques
Intégration des TICE dans l’enseignement des mathématiques

MathémaTICE, première revue en ligne destinée à promouvoir les TICE à travers l’enseignement des mathématiques.

Programmer en Scratch, dans un contexte d’échanges internationaux, par le truchement de ScratchPals (MIT)
Article mis en ligne le 20 mars 2023
dernière modification le 27 mars 2023

par Lydie El-Halougi

N.D.L.R L’article qui suit s’inscrit dans une tendance qui consiste à enrichir l’environnement de travail des élèves pour accroitre leur motivation à apprendre (des mathématiques, de la programmation ou toute autre connaissance). L’autrice, Lydie El-Halougi, atteste après 3 ans d’expérience, l’implication renouvelée de ses classes dans ce cadre. Et passe en revue les autres connaissances que les élèves acquièrent sans vraiment en prendre conscience...

Elle précise :

  • Cette année, mes élèves de 6e ont pu travailler avec des élèves des États-Unis, du Canada, d’Australie, du Kenya, d’Inde et de Côte d’Ivoire.
  • Le groupe des élèves plus jeunes (jusqu’au CM1) comprenait des élèves des États-Unis, d’Espagne, du Mexique et du Japon.

Elle invite les lecteur(trice)s à tenter l’expérience. MathémaTICE s’associe à l’invitation.

A) Introduction

Le programme ScratchPals est proposé par Kathleen Fugle, de l’équipe ScratchEducation du MIT.
Peu connu en France alors qu’il est particulièrement intéressant, il comporte 2 sessions de 6 semaines par an : une en octobre/novembre, et une autre en mars/avril, à destination des élèves de Primaire et de Collège (jusqu’en 4e).

Le but est d’amener les élèves à programmer de façon ludique en Scratch, à faire simultanément connaissance avec des élèves du monde entier et avec leur culture, à échanger avec eux autour des programmes Scratch en train d’être construits durant les 6 semaines. Le projet parie que si les élèves (et leurs professeurs) sont à l’aise et heureux d’échanger, leur travail sera plus agréable et plus productif.

Le logiciel se présente en ces termes :

L’image qui suit précise le trait et détaille les caractéristiques de la salle de classe globale, pont entre des élèves et des enseignants disséminés à travers le monde, que propose de construire ScratchPals (connecter, collaborer, lancer des défis, apporter de l’aide, rendre compte, sont les points forts du système).

B) Avant la session

  • Les enseignants choisissent un thème lors de l’inscription à la session (arts, objectifs de développement durable...) sur lequel leurs élèves vont programmer un projet Scratch. En Primaire comme au Collège, ScratchPals favorise l’interdisciplinarité.
  • Avant le démarrage de la session, ils peuvent se présenter , prendre contact, discuter de ce qu’ils souhaitent faire avec les élèves, décider de travailler plus étroitement avec une classe en particulier…

Cette année, nous nous sommes retrouvés en visio avant le début de la session : nous avons pu nous présenter, échanger sur nos rythmes scolaires, ... Et nous avons aussi proposé des idées de thèmes de travail. Nous avons finalement décidé d’introduire la programmation grâce aux cahiers élèves “Getting Unstuck”. Ils amènent les élèves à échanger autour de leurs projets, à chercher ensemble des idées et des solutions.

C) La session elle-même

C1) En semaine 1, les élèves se présentent : en vidéo ou en visio (si les parents l’autorisent), via des messages padlet, ou de petits mots papier que l’enseignant photographie…

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Mes élèves ont été particulièrement surpris d’entendre une élève du Kentucky se présenter en français !
Ils ont découvert des rythmes scolaires différents, en Australie notamment, une organisation différente de la journée à l’école avec des horaires spécifiques suivant les pays. Ils ont rencontré des cultures différentes et se sont montrés très heureux de souhaiter un joyeux Thanksgiving à leurs camarades canadiens : ce fut l’occasion pour leur professeur d’anglais de leur parler de Thanksgiving. Enfin, nous avons essayé d’organiser une rencontre vidéo mais, malgré nos calculs, nous n’avons pas réussi à surmonter le décalage horaire !

En parallèle, les élèves commencent à réfléchir à leur projet (dessin, explication écrite, storyboard, ...)

C2) A partir de la semaine 2, les élèves programment et partagent leurs projets dans un studio commun (un studio pour tous, de la maternelle jusqu’au CM1, et un studio pour tous du CM2 à la 4e). Chaque élève a alors accès aux projets des autres élèves qui participent : il peut regarder le code, s’en inspirer et donc apprendre des autres, mais aussi proposer des idées ou des solutions.

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Ce partage et ces échanges rendent les élèves bien plus impliqués, et les présentations de la semaine 1 humanisent l’ensemble.

Les enfants travaillent ainsi avec des élèves du monde entier, s’entraident, partagent leurs connaissances et apprennent les uns des autres.

Malgré des langues, des cultures et des horaires différents, ils créent ainsi une communauté qui réfléchit à des solutions pour que tous arrivent à réaliser leurs projets.

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Cette année, mes élèves de 6e ont pu travailler avec des élèves des États-Unis, du Canada, d’Australie, du Kenya, d’Inde et de Côte d’Ivoire.
Le groupe des élèves plus jeunes (jusqu’au CM1) comprenait des élèves des États-Unis, d’Espagne, du Mexique et du Japon.
Suivant les sessions, des classes italiennes ont aussi participé au groupe.

C3) En semaine 6, les élèves font un bilan de ce qu’ils ont appris durant la session.

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Ils sont toujours tristes de voir cette collaboration se terminer ! Mais se rassurent vite en apprenant qu’ils pourront participer à la session de mars-avril. Et que, maintenant que le lien est fait entre les classes, ces partenariats se poursuivront, avec ou sans programmation. Les élèves de 5e du Canada souhaitent expliquer certaines notions à mes élèves de 6e. A nous, enseignants, d’organiser cela ! Et mes 6e pourront eux aussi, aider d’autres élèves, par exemple des 6e dans l’Idaho.

D) Conclusion

Je participe au programme depuis maintenant 3 ans, avec des classes de 6e.

Les échanges se font majoritairement en anglais.
Les élèves ont besoin d’aide pour les traductions, mais sont très volontaires et apprécient beaucoup les échanges internationaux. Ils sont surpris et intéressés de découvrir des cultures différentes, et ravis de s’entraider entre élèves du monde entier dans le domaine de la programmation en Scratch. Mais au-delà de ce but principal, on peut compter sur leur curiosité spontanée pour faire meilleure connaissance, pour déborder sur des thèmes variés qui, en retour, entretiennent le goût pour la programmation : quand on se sent bien, la motivation au travail augmente fortement, une spirale vertueuse se met en place.

Au fil du temps, je me suis rapprochée notamment d’une enseignante canadienne (London, Ontario) et nos discussions portent sur l’enseignement de la programmation, mais aussi sur notre matière commune : les maths, les contenus qui sont différents en France et au Canada, la façon d’introduire les notions, le bien-être des élèves en classe, l’aménagement de la salle de classe...

Notre participation commune à ScratchPals a donc créé des liens qui dépassent maintenant le seul programme.

D’ailleurs, nos échanges entre enseignants, avant ou durant chaque session, dépassent souvent le cadre du programme et dérivent sur les enseignements, l’ambiance en classe, des idées que nous souhaitons partager. Comme pour nos élèves, ils nous permettent de trouver des inspirations et des solutions.

Pour les élèves de Primaire et jusqu’en 6e, on peut aussi favoriser des échanges entre pays francophones.

Pour davantage d’informations ici : https://sites.google.com/view/scratchpals

Annexe : Des exemples de projets avec quelques échanges par les réseaux