Auteur : Angelo Laplace, Enseignant de mathématiques en collège dans les Alpes-Maritimes (06).
angelo.laplace@agora06.fr
Dans cet article, je dresse le bilan de l’expérimentation que j’ai menée en classe entre le 24 mars et le 3 avril 2014 dans deux de mes classes de sixième avec un outil encore assez peu utilisé au collège : la plate-forme MOODLE. Habituellement plutôt proposé aux étudiants d’université où le travail collaboratif prend tout son sens ou pour développer des projets, MOODLE est en pleine expansion. Mais sa généralisation dans les collèges, même si elle encouragée dans certaines académies, ne semble pas vraiment effective sur le terrain. Pourtant, je souhaite montrer qu’il est possible de mettre en activité des collégiens à l’aide de cet outil. Je ne prétends pas être un spécialiste de MOODLE, ni avoir fait les meilleurs choix possibles dans la présentation qui va suivre. Mais j’espère aussi convaincre tout ceux qui hésiteraient à se lancer, qu’après cinq heures de formation, on peut déjà construire un scénario pédagogique (classique) capable d’occuper les élèves et de leur apprendre au moins autant de choses qu’avec un papier, un crayon, une craie et un tableau noir. L’essai réalisé apporte enfin quelques réponses aux questions suivantes : MOODLE fait-il changer les choses ? Est-il motivant ? Apporte-t-il une réelle plus-value par rapport à la pratique traditionnelle en classe ? MOODLE tient-il davantage du gadget que de la révolution pédagogique ? Comment peut-on améliorer encore le rendement de MOODLE ?
1. POURQUOI MOODLE ?
Cette année, j’ai des élèves de sixième d’un niveau relativement faible (qui ne maîtrisent pas vraiment les 4 opérations.) Or, à la rentrée après les vacances de février, dans ma progression annuelle, il était temps de s’intéresser à la multiplication des nombres décimaux. Il m’est rapidement apparu que j’allais rabâcher sans cesse les mêmes conseils sur le placement correct de la virgule dans le produit ou la présence du décalage dans une multiplication ayant un multiplicateur à deux chiffres... D’autre part, lors de ces séances à lourde densité calculatoire, mon rôle se limite souvent à passer dans les rangs pour valider ou invalider les réponses. Au final, les élèves qui savaient calculer d’avance sont toujours performants, quant aux autres, ils progressent peu. De plus, l’apprentissage des leçons demeure un problème et le sens des opérations n’est pas spécialement mis en avant dans ce genre de séquence de travail. J’ai donc compris assez vite que je voulais travailler ces notions autrement. Je voulais aussi relancer, si possible, la motivation dans une de mes sixièmes où les élèves sont plutôt difficiles voire réfractaires à l’enseignement traditionnel, qui a déjà montré ses limites à mi-parcours de l’année.
C’est donc en corrigeant un nouveau paquet de copies très faibles (ce qui est plutôt inhabituel dans mon collège), que je me suis dit qu’il fallait de nouveau innover (j’ai déjà essayé le travail en ceintures, les îlots ... des dispositifs peu pertinents pour le sujet à traiter). J’ai alors pensé à ce nouvel outil qui était à la disposition de tout le monde au collège mais qui manifestement n’avait pas eu un grand succès : je veux parler de MOODLE. La plate-forme MOODLE du collège était toujours désespérément vide, à part une section ouverte pour les tests au nom de chaque professeur ayant suivi le stage de formation offert par la MATICE. La formatrice avait été claire : un lourd investissement au début mais une grande efficacité la deuxième année quand tout est prêt. Dans mon collège, MOODLE n’a convaincu personne… J’avais compris que créer des liens vers des ressources externes, programmer quelques QCM ou ressortir mes vieux exercices HOT POTATOES, était à ma portée mais à l’époque j’étais plutôt focalisé sur d’autres projets. « L’innovation » ne m’a jamais fait peur en matière d’enseignement et c’est pourquoi je me suis lancé dans ce nouveau défi...
2. C’EST QUOI MOODLE ?
MOODLE est une plate-forme d’apprentissage en ligne qui présente l’avantage d’être sous licence libre, ce qui la rend très attractive pour l’éducation nationale. Au système de gestion de contenu traditionnel (CMS) vient s’ajouter un ensemble de fonctions permettant des interactions entre pédagogues et apprenants.
Dans l’académie où j’enseigne (celle de Nice), la délégation académique au numérique éducatif (DANE) offre à chaque collège un MOODLE en intranet disponible aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’établissement. La version de MOODLE proposée est la 1.9. Les réseaux SCRIBE en usage dans les collèges de l’académie ne permettent pas actuellement de passer à une version 2 de la plate-forme. La DANE offre également un hébergement à chaque lycée demandeur (en version 2.3) et organise des stages de formation. C’est dans ce cadre que j’ai découvert ce nouvel outil numérique disponible dans mon collège. Je ne sais pas exactement ce qu’il en est dans d’autres académies. Mais MOODLE est aussi disponible en téléchargement libre [1] et peut être installé assez facilement sur un serveur personnel au cas où le pédagogue intéressé ne puisse pas s’appuyer sur les infrastructures d’un établissement d’enseignement qui se soit investi dans le projet MOODLE. Il faut reconnaître que néanmoins le nombre de communautés éducatives engagées dans cette voie est en nette croissance depuis 2010.
La philosophie de MOODLE s’inspire du constructivisme c’est-à-dire que la connaissance est construite dans l’esprit de l’apprenant (de par son activité) et non transmise de manière statique via des livres ou des formateurs. La fonction des formateurs que nous sommes est donc est de créer un environnement pédagogique stimulant permettant aux apprenants de construire leurs connaissances à partir de leurs expériences et compétences. De ce fait, l’apprenant doit pouvoir notamment s’auto-évaluer régulièrement et s’approprier le parcours de formation suggéré par son enseignant. Cette position s’éloigne de la pratique du formateur qui présente l’information de manière magistrale et en évalue l’acquisition par un étudiant.
Pour cet article, en raison de ce que j’ai dit plus haut, la version de MOODLE utilisée est assez ancienne (version 1.9). Un utilisateur qui utiliserait une version 2 n’obtiendrait pas forcément les mêmes affichages. Son travail serait alors simplifié !
3. COMMENT ÉLABORER UN SCENARIO PÉDAGOGIQUE ?
Cette étape ne prend pas forcément beaucoup de temps dans la mesure où les professionnels que nous sommes ont l’habitude de bâtir des séquences de travail à destination des élèves. On peut d’ailleurs très bien reprendre la trame d’un cours réalisé sur papier et la transformer sans trop de difficulté en cours MOODLE. C’est cette voie que j’ai choisie pour une première utilisation de MOODLE car cela me semblait non seulement le plus simple mais aussi un bon moyen d’appréhender les différents outils de la plate-forme.
J’ai décidé de traiter la séquence « multiplication des nombres décimaux » dont le point d’orgue est la règle de placement de la virgule dans le produit de deux nombres décimaux. Dans sa version papier, cette séquence s’articule depuis plusieurs années sur ce mode opératoire :
- Evaluation diagnostique des prérequis suivie d’une remédiation : tables de multiplication et règles de multiplication par 10 ; 100 et 1 000 ;
- Activité de découverte de la règle de placement de la virgule dans le produit et rédaction de la règle par les élèves ;
- Leçon ;
- Exercices d’application de la règle et exercices calculatoires ;
- Evaluation finale de l’utilisation de la règle et de la capacité à calculer des multiplications justes.
Ce déroulement n’a rien de très original mais il restait à voir s’il était intégralement transformable en MOODLE car j’avais bel et bien décidé de traiter la séquence entièrement en salle informatique et uniquement devant les ordinateurs. J’allais donc me mettre en retrait, déléguant la divulgation des consignes et la passation d’une activité à une autre à la machine, éliminant le cours magistral et la correction barbante des exercices de mon répertoire pendant au moins une semaine. Le défi était de taille !
En reprenant la trame de la séquence, je me suis rapidement rendu compte que j’allais pouvoir capitaliser sur certaines de mes habitudes et sur certains documents dont je disposais déjà. Il me suffirait de créer des liens vers quelques pages web, d’insérer des images ou des fichiers swf dans les pages MOODLE pour voir se mettre en place une grande part de la séquence.
Pour le reste, il me restait à obtenir une bonne connaissance des « activités » que propose MOODLE pour pouvoir « fabriquer » le mieux possible l’équivalent numérique de ma version papier. Il fallait en effet les transformer en exercice sur laquelle l’apprenant peut interagir.
L’académie de Nice, dans laquelle j’exerce, a mis à disposition un tutoriel « Découverte et prise en main de MOODLE » [2]. Celui-ci m’a permis rapidement de comprendre les principales caractéristiques des outils offerts et de faire rapidement mon choix.
Une fois la lecture du tutoriel terminée, j’étais convaincu que l’ensemble de la séquence allait pouvoir être mise en scénario MOODLE sans faire de changement de structure. Il ne me restait plus qu’à reprendre mon plan de base et à décliner une à une les activités de travail et à les « mettre en page » sur la plate-forme.
Pour ce faire, j’ai donc fait appel à un certain nombre de ressources externes à MOODLE et j’ai utilisé les activités MOODLE qui offraient des fonctionnalités de base mais utiles (texte à trous, appariement, activités HOT POTATOES…) Pour coller au principe du constructivisme, j’ai donc essayé de trouver des ressources ou de fabriquer des activités permettant :
- L’évaluation diagnostique ou la révision ;
- L’élaboration d’un nouveau savoir ;
- L’apport du savoir à l’élève ou son perfectionnement ;
- La mise en pratique d’un savoir-faire ;
- L’évaluation d’un savoir-faire.
C’est dans ce domaine que l’expérience « de l’enseignement via le numérique » joue un rôle primordial. Il convient de lister dans ses pratiques antérieures un ensemble de ressources qui s’adaptent aux sujets que l’on souhaite traiter. On se contentera donc le plus souvent de recycler les contenus qui ont fait les « beaux jours » de nos séances en salle informatique ou au TBI. Concrètement, je n’ai pas changé mes habitudes (depuis 5 ans) et j’ai demandé à mes élèves d’utiliser :
- AMICOLLEGE, projet soutenu par Sésamath et monté par Thomas Crespin. Je l’utilise depuis de nombreuses années comme ressource d’entraînement et de remédiation pour travailler la connaissance des tables de multiplication. Les élèves de sixième s’impliquent en effet aisément dans la quête des fameuses 5 étoiles.
- Mathenpoche-réseau / Labomep, autre projet de Sésamath. Personnellement, j’utilise les sources des anciens exercices de Mathenpoche-réseau qui sont encore à disposition sur internet [3]. Comme j’ai la chance de connaître le langage actionscript (flash), je peux modifier ces exercices de manière à les rendre « compatibles » avec mon enseignement (modification des aides animées, création de nouveaux exercices sur des thèmes non valorisés par Mathenpoche.) J’ai aussi modifié la ligne de code qui permettait autrefois l’enregistrement des résultats de l’élève dans Mathenpoche-réseau pour confier cette tache au logiciel Stock Potatoes [4] (qui à l’origine sert à récupérer les résultats des activités HOT POTATOES.)
- Des sites où l’on peut trouver des podcasts, des animations ou des vidéos en ligne qui décrivent les méthodes ou permettent de comprendre l’usage des propriétés mathématiques. On peut citer par exemple, les podcasts en ligne de l’académie de Caen [5] ou encore les aides animées de Mathenpoche-réseau/Labomep.
- Jeuxmaths que j’ai retenu pour les calculs posés et interactifs de multiplications de deux nombres décimaux.
Selon les besoins, on peut bien évidemment imaginer faire des liens vers d’autres ressources classiques, 100 % prêtes et mises à disposition sur le web comme :
- Des vidéos judicieusement choisies pour leurs qualités pédagogiques sur Youtube ou Dailymotion comme celles de Jean-Jacques Dahan (dont MathémaTICE a déjà parlé ici).
Toutes les ressources externes qui interviennent dans le scénario MOODLE sont accessibles via des liens qui permettent d’ouvrir la page web. Il suffit de cliquer sur « Ajouter une ressource » puis « Lien vers un fichier ou un site web » et de donner l’URL du site concerné.
- Figure 1 : Ajouter un lien vers une ressource du web
A chaque fois, j’ai choisi d’ouvrir cette page dans une nouvelle fenêtre car cela présentait l’avantage de laisser la fenêtre MOODLE active et disponible pour y lire des consignes. De nombreuses ressources nécessitaient en effet des identifiants (Stock Potatoes, AMICOLLEGE) ou une description détaillée de ce qui devait être fait. Devant les difficultés des élèves de sixième pour naviguer d’une fenêtre à l’autre et les difficultés de compréhension des consignes, je leur ai demandé d’organiser leur écran comme sur la figure ci-dessous en superposant leurs deux pages réduites au préalable :
- Figure 2 : La superposition des fenêtres de travail permet de suivre les consignes en parallèle
La fenêtre MOODLE qui explicite les consignes se trouve à gauche. L’élève peut répercuter les consignes dans la fenêtre de droite afin de se connecter à AMICOLLEGE et d’y faire le travail demandé. C’est précisément le réglage « Nouvelle fenêtre » qui permet d’obtenir cette disposition à l’écran et qui facilite la réalisation de ce qui est proposé.
En ce qui concerne l’insertion des blocs de consignes, ceux-ci viennent s’intercaler entre les ressources et les activités en cliquant sur « Ajouter une ressource » puis « Insérer une étiquette ». Voici par exemple les consignes de fin de deuxième séance, insérées dans une étiquette :
- Figure 3 : Contenu d’une étiquette
Les étiquettes peuvent contenir à la fois du texte et des images ce qui est très pratique pour y décrire les actions à faire ou montrer des énoncés d’exercices non interactifs. Voici par exemple, le contenu affiché par une étiquette où l’on retrouve la copie d’écran d’un exercice du livre que je donne à faire à la maison.
- Figure 4 : Une image s’insère facilement dans une étiquette
On peut également « composer une page de texte ». C’est la méthode que j’ai employé pour faire écrire la leçon aux élèves. On peut mettre en page en WYSIWYG [6] avec Mozilla Firefox ou en HTML avec Internet Explorer. Lorsque les élèves déclenchent l’ouverture de la page, la leçon apparaît et ils n’ont plus qu’à la recopier. J’aurais également pu à la place faire un lien vers un fichier PDF (ou ODT ou DOC ou ZIP) en utilisant « Lien vers un fichier ». Mais il faut alors déposer le document dans les fichiers sur le serveur et faire attention au choix de l’extension qui doit être compatible avec les possibilités du parc matériel.
- Figure 5 : Une page de texte peut servir à faire écrire la leçon
Les ressources de MOODLE sont très souvent des liens qui externalisent le parcours en dehors de MOODLE. Or, la plate-forme dispose de toutes sortes de fonctionnalités internes qui présentent le grand avantage d’être notées et d’apporter un feedback aux réponses de l’apprenant : ce sont les activités. Dans la gamme des activités proposées par MOODLE, j’ai retenu principalement :
- Les tests qui permettent de réaliser des textes à trous ou de faire des exercices d’appariement ;
- Les devoirs qui permettent à l’élève de rendre « une copie virtuelle » dans laquelle il répond à une question par un texte qu’il rédige lui-même et que l’enseignant peut noter ;
- Les tests « HOT POTATOES » qui permettent aussi de réaliser des textes à trous, ou des mots-croisés. J’avais déjà utilisé ce logiciel il y a quelques années et cela m’a mis en confiance car je comptais bien faire remplir des textes à trous ;
- Les sondages pour recueillir l’avis des utilisateurs dans la phase de bilan.
Pour cette première utilisation, je n’ai pas retenu les activités « Leçon », « Glossaire » (liste de définitions) et « Référentiel » (pour le socle commun) qui semblaient plus compliquées dans leur utilisation mais je garde à l’esprit qu’ils existent pour une prochaine expérience au collège.
A titre d’exemple, la figure 6 montre un exercice qui me sert habituellement de base de raisonnement pour pouvoir faire « conjecturer » la règle de placement de la virgule dans le produit. Dans la version papier, les élèves doivent simplement relier par des traits la multiplication à son résultat en utilisant par exemple un ordre de grandeur.
- Figure 6 : Un exercice que j’utilise depuis 10 ans en version papier
Dans la version MOODLE (figure 7), la colonne de résultats est remplacée par un menu déroulant propre à chaque multiplication et qui offre toutes les réponses proposées.
- Figure 7 : Le même exercice transformé en activité MOODLE
Pour réaliser cet exercice sur la plate-forme, j’ai utilisé une activité « test » et dans la banque de questions, j’ai configuré une nouvelle question de type « Appariement » :
- Figure 8 : La réalisation de l’activité d’appariement dans MOODLE
Pour rédiger les questions, c’est extrêmement simple, il suffit de rédiger les consignes générales de l’exercice et de déclarer les calculs proposés aux élèves ainsi que le produit correct associé à chaque calcul. MOODLE se charge automatiquement d’afficher le menu déroulant qui contient toutes les réponses rencontrées dans l’exercice et on peut même forcer MOODLE à écrire des réponses qui ne serviront pas (voir figure 9.)
- Figure 9 : La rédaction (très simple) des questions de cette activité
Un bouton « Envoyer » permet à l’élève de tester ses résultats et de connaître immédiatement son taux de réussite. La figure suivante montre le feedback envoyé à l’un de mes élèves qui a réalisé l’exercice. On y voit le score obtenu (ici 0,6/1), les réponses justes et les réponses fausses, les indications du professeur relativement aux consignes de fin d’activité (recopier dans le cahier si tout est juste sous-entendu recommencer sinon.) C’est l’étude de ce feedback (cela joue le rôle de l’enseignant qui passe dans les rangs) qui doit permettre à l’élève de faire mieux, de le stimuler ou le conforter dans ses choix.
- Figure 10 : Les résultats d’un élève à cette activité
L’enseignant, s’il le souhaite, peut donc permettre aux élèves de corriger les erreurs pointées par MOODLE en autorisant plusieurs tentatives. Personnellement sur ce test, j’ai décidé d’autoriser trois tentatives car les résultats obtenus doivent, je le rappelle, être examinés par les élèves et leur permettre de comprendre comment placer la virgule dans le produit de deux nombres décimaux. Il est important que tout le monde puisse réfléchir dans de bonnes conditions et possède une bonne base de travail. Voici le feedback envoyé au même élève à la fin de la seconde tentative :
- Figure 11 : Une deuxième tentative est possible !
En conclusion concernant cette activité transformée en version MOODLE, les méthodes employées par les élèves ne diffèrent pas de la version papier, c’est bien le même exercice. La réalisation pour l’enseignant n’est pas difficile et la présentation obtenue est moderne et interactive. Le principal intérêt de MOODLE réside dans le feedback immédiat lorsque l’élève actionne le bouton « Envoyer ». Dans une configuration classique en classe, l’élève doit lever le doigt, attendre la validation par l’enseignant qui passe dans les rangs et qui n’a qu’un temps très succinct à lui accorder. La correction magistrale et intégrale de cette activité au tableau est assez rébarbative pour les élèves qui ont tout réussi du premier coup. MOODLE permet aux « bons » élèves de continuer le travail à leur rythme sans « subir » les ralentissements induits par la diversité des profils dans une classe.
MOODLE enregistre les résultats de tous les élèves pour toutes les activités proposées. On peut même retrouver pour chaque tentative effectuée :
- la note
- l’heure de début de la tentative ;
- l’heure de fin de la tentative ;
- la durée de la tentative.
Cette fonctionnalité permet donc d’apprendre beaucoup de choses sur le comportement de nos élèves face au travail que l’on donne, pour peu qu’on s’y intéresse et que l’on sache lire les données recueillies. La figure suivante (où j’ai volontairement flouté le nom de mes élèves) regroupe les données relatives au test « Marions-les ! » pour six élèves de la même classe.
- Figure 12 : Le professeur peut suivre le parcours des élèves via de multiples informations
On peut voir que :
- le premier élève n’a pas eu le temps de terminer son travail en classe et s’est connecté à MOODLE chez lui entre 19h21 et 19h33. Sa première tentative à 6/10 ne lui a pas donné satisfaction, mais il a réalisé la seconde très rapidement (4 minutes de moins) et n’a pas amélioré sa note (4/10). Sa dernière tentative a été rapide et couronnée de succès (10/10) : il a vraisemblablement recueilli le fruit de ses résultats justes et de ses réflexions longues de son premier essai.
- Le second élève a réalisé trois tentatives en classe en essayant d’être plus rapide : il obtient trois fois la note maximale et s’il réussit à gagner 4 ou 5 minutes par rapport au premier essai, l’essentiel demeure qu’il a compris le mécanisme et sa recherche d’efficacité en temps est une volonté personnelle. On peut supposer que c’est un bon élève.
- Le troisième élève semble en difficulté : malgré trois tentatives, sa meilleure note est 6/10 et lorsqu’il accélère, il n’obtient que 4/10.
- Le quatrième élève n’a fait qu’un seul essai mais il a obtenu la note maximale. Il a travaillé pendant près de dix minutes, c’est sans doute ce qui lui a permis de ne faire aucune erreur.
- Le cinquième élève a d’abord bâclé une première tentative en 39 secondes (il travaillait alors en étude ou au CDI car nous n’avions pas cours de mathématiques ensemble à 11h23.) Alerté par le feeedback de sa note, il s’est mis à réfléchir et a obtenu 10/10 ensuite.
- Le sixième élève a eu 6/10 et n’a pas éprouvé le besoin de corriger ses erreurs et n’a pas suivi la consigne qui lui demande d’écrire les bonnes réponses.
En utilisant avec pertinence ce type d’informations, il est alors facile de définir différents profils d’élèves et de pouvoir leur proposer par exemple des éléments de remédiation.
Pour traiter d’autres types d’exercices, j’ai décidé d’employer l’activité « devoir ». On donne à l’élève un énoncé sous forme de question et lorsqu’il clique sur le bouton de démarrage, il s’ouvre une fenêtre dans laquelle un cadre doté d’un menu de traitement de texte apparaît. L’apprenant peut alors rédiger sa réponse comme sur papier libre puis enregistrer sa production pour que le professeur puisse en prendre connaissance. Cette forme de devoir offre une grande souplesse non seulement à la personne qui rédige comme à celle qui corrige. On peut changer la taille des caractères, utiliser des couleurs, changer de police, mettre en gras, en italiques, tout ce qu’une mise en forme informatisée permet de réaliser. Les élèves ne s’en privent pas et sans en avoir parlé, j’ai pu obtenir des devoirs qui utilisaient ces fonctionnalités pour mettre en valeur certaines parties de la réponse.
Lorsque j’ai « reçu » mon premier devoir numérique via MOODLE, j’ai aussitôt compris que je n’allais pas trop user mon stylo rouge ! Pourtant, regardez ! Je l’ai corrigé !
- Figure 13 : J’attribue une note et je corrige en rouge
Voici l’énoncé de ce devoir qui doit faire émerger la règle de placement de la virgule dans le produit afin de l’écrire en leçon :
« Pour faire ce devoir, il faut s’inspirer de tout ce que vous avez fait aujourd’hui et regarder par exemple les résultats de l’activité précédente « Marions-les ! » Expliquer où se trouve la virgule dans le résultat quand on calcule une multiplication de deux nombres décimaux. Écrire comment faire pour placer la virgule dans le produit de deux nombres décimaux. Essayer d’utiliser un vocabulaire technique très précis. »
Sur la figure 14, on peut voir la réponse d’une de mes élèves à un autre devoir. Sa production est en bas de l’image. Lorsque je l’ouvre pour la noter, j’ai également accès à un menu de traitement de texte dans un cadre. Je peux alors déposer une annotation pour expliquer ce qui va ou ce qui ne va pas, donner des conseils et motiver la note : ici, j’ai écrit en rouge, pour montrer au destinataire que c’est l’avis du professeur et j’ai mis un 4/5 d’encouragement. Après avoir enregistré mon commentaire, ce feedback est disponible dans l’environnement de travail de l’élève qui pourra le consulter à sa prochaine visite.
- Figure 14 : Corriger un devoir
Voici une autre production pour le même devoir. On peut voir ici l’utilisation des caractères en gras et une méthode de rédaction très personnelle mais assez efficace.
- Figure 15 : Rédaction d’une réponse à l’aide des possibilités du traitement de texte
Le professeur peut paramétrer son devoir de deux manières différentes au niveau de la correction :
- il peut prévoir de placer des commentaires dans le texte de l’élève comme dans la figure 16 ci-dessous. Ainsi il peut barrer une phrase inutile, ajouter une annotation ou corriger les fautes d’orthographe ;
- Figure 16 : Une correction qui ressemble à celle sur du papier
- il peut prévoir de rédiger des commentaires qui ne se mélangent pas au travail de l’élève et partir d’un cadre vierge pour écrire comme dans la figure 14.
Pour ma séquence de travail, j’ai décidé d’utiliser la ressource « devoir » trois fois :
- Pour que l’élève puisse « conjecturer » et écrire la règle de placement de la virgule dans le produit à la fin de l’activité de découverte. Dans ce cas, cette procédure est tout à fait analogue à la démarche de la séquence sur papier où l’activité se termine par un cadre où l’élève doit rédiger un bilan.
- Pour que l’élève puisse rédiger un exercice de justification du placement de la virgule dans le produit à l’aide de la règle écrite en leçon. Ce genre de production se déroule habituellement plutôt à l’oral dans ma séquence de travail, et agrémente en général l’évaluation. Ici, compte-tenu des choix faits pour la séquence MOODLE où l’élève travaille individuellement et en autonomie, j’ai décidé que la correction du devoir donnerait lieu à un échange avec l’élève. Les conseils donnés lors de la notation, s’ils sont lus et interprétés par l’élève, sont similaires à ceux donnés au cours d’un échange verbal d’appropriation de la règle. Voici un exemple d’énoncé proposé :
« Utiliser le bon vocabulaire pour expliquer le placement de la virgule dans le produit pour 15,4 X 0,23 = 3,542. » (voir les productions d’élèves des figures 14 et 15.)
- Pour que l’élève puisse traiter un problème nécessitant le calcul d’une multiplication et la rédaction de phrases pour répondre ou expliciter la démarche. Le cadre vierge de rédaction montre bien que l’élève doit s’organiser par lui-même pour bâtir une réponse. Le devoir étant envoyé au professeur, celui-ci a une visibilité sur le travail de chaque élève sans vérifier ou ramasser les cahiers. Lorsque les élèves quittent la salle, le travail accompli est encore disponible et peut être noté et annoté tranquillement dans MOODLE.
Les activités de texte à trous peuvent aussi être exploitées à l’aide du logiciel HOT POTATOES pour peu que l’on sache l’utiliser. L’avantage le plus décisif apporté par ce logiciel est que l’on peut placer des images directement dans le questionnaire plus facilement qu’avec les « tests » de MOODLE. J’ai donc utilisé ce type de ressource lorsque l’énoncé exigeait la présence de multiplications déjà posées par exemple ou de copies d’écran du manuel scolaire.
Sur la figure suivante, la multiplication posée est une copie d’écran d’un fichier de traitement de texte que j’ai intégrée à l’exercice HOT POTATOES.
- Figure 17 : L’activité Hot Potatoes me permet d’inclure une image de fond dans le questionnaire
4. COMMENT S’EST DÉROULÉE L’EXPÉRIMENTATION EN CLASSE AVEC LES ÉLÈVES ?
L’essai en classe avec les élèves s’est déroulé entre le lundi 23 mars et le mercredi 2 avril et sur une période de 6 heures de cours (évaluation écrite hors MOODLE comprise). Il a concerné mes deux classes de sixième et la classe d’un collègue qui s’est contenté de reprendre le scénario que j’avais édité sans modification. Ce sont 85 élèves de mon collège qui se sont retrouvés connectés sur la plate-forme pour y travailler.
Mes deux classes ont des profils différents : nous dirons que la sixième « rouge » est composée d’élèves bruyants et peu travailleurs, je constate régulièrement très peu d’activité à la maison et de grosses difficultés d’apprentissage des leçons. Les résultats y sont très modestes au regard des autres années et des autres divisions du collège. Au lendemain du conseil de classe du deuxième trimestre avec un bilan très morose dans toutes les matières, l’ambiance est toujours en voie de dégradation. Beaucoup d’élèves ont du mal avec la langue française et cette classe est agitée par des tensions entre élèves qui se détestent et se cherchent régulièrement. Nous dirons que la sixième « verte » est plus agréable, avec une assez bonne écoute et une bonne prise en compte des conseils. Les élèves sont assez disponibles pour travailler mais des problèmes méthodologiques sont fréquents et les résultats sont passables. Trois élèves sont en profonde difficulté. Lors des travaux ponctuels, les notes des deux classes sont comparables (voire un tout petit peu meilleurs en « rouge ») mais lors des travaux de synthèse, les efforts bien plus constants en sixième « verte » sont payants lorsque les résultats en sixième « rouge » s’écroulent.
Les cinq premières séances de la séquence ont eu lieu dans la salle informatique du collège. Celle-ci permet de faire travailler tous les élèves individuellement sur une machine car elle contient 29 postes en parfait état de marche. Un assistant TICE est également présent la plupart du temps pour régler d’éventuels problèmes techniques mais il faut avouer qu’il n’a pas eu grand-chose à faire (à part créer les sessions SCRIBE des nouveaux arrivants au collège, faire un lien direct de l’ENT agora06 vers MOODLE et redémarrer une fois le réseau qui avait sauté.) Les conditions de travail ont donc été excellentes. La photo suivante permet de se faire une bonne idée de celles-ci : un large bureau avec un PC par élève où l’on peut travailler avec le cahier ouvert, un casque pour écouter les vidéos sans déranger les voisins. C’est la raison pour laquelle j’avais décidé de faire des séances en salle informatique en continu.
- Figure 18 : Les conditions de travail
Sur les deux photographies qui suivent, on peut percevoir l’un des gros avantages de MOODLE, l’élève peut travailler à son rythme et tout le monde ne fait pas la même chose au même moment. Je n’ai pas le même fonctionnement qu’en classe où aux phases de travail individuel très cadrées succèdent les temps de correction. J’y reviendrai plus bas. On peut voir aussi une élève « en avance dans son travail » qui peut gérer l’exercice à faire à la maison du manuel scolaire sur le bureau en salle informatique. Elle n’est pas obligée d’attendre les autres pour continuer sa progression et connaît les devoirs à faire à l’avance. La salle informatique spacieuse permet d’intégrer tout type d’activités au scénario MOODLE.
- Figure 19 : En salle informatique, je peux aussi faire travailler dans un cahier et je n’hésite pas à le faire !
- Figure 19 bis : Tout le monde travaille à son rythme et ne fait pas la même chose au même moment
A noter, qu’il est nécessaire de demander aux élèves d’utiliser le navigateur Mozilla Firefox car quand ceux-ci voudront rédiger un devoir, ils pourront profiter du mode WYSIWYG, et donc des barres d’outils. Le navigateur Internet Explorer est incompatible avec le mode WYSIWYG et donc lorsqu’un professeur l’utilise pour corriger les travaux, il risque d’être perturbé par les balises HTML.
Comme toute nouveauté, la plate-forme MOODLE a posé quelques soucis aux élèves de sixième. Il fallait d’abord se connecter via les identifiants à la plate-forme. Dans notre académie, les identifiants d’accès au réseau SCRIBE sont les mêmes que ceux qui permettent de se logger à MOODLE (mot de passe par défaut date de naissance). Cela a facilité les choses. Néanmoins, il faut admettre que certains élèves ont eu des difficultés (inversion 2203 et 0322 pour 22 mars par exemple, caractères oubliés, verrou numérique non activé…)
Ensuite, il a fallu se diriger vers le cours programmé et y entrer la clef d’inscription que j’ai fourni. La principale difficulté rencontrée lors des premières minutes d’utilisation a été de faire comprendre que toutes les consignes étaient données dans la section de travail de MOODLE et qu’il fallait les lire attentivement. Certains élèves, essentiellement en sixième « rouge » , cliquaient sur les activités proposées mais ne comprenaient pas qu’un travail était attendu ou ne comprenaient pas comment le démarrer et restaient inactifs devant un écran où était écrit « commencer le test ». D’autres ne respectaient pas l’ordre de travail que j’avais pourtant soigneusement préparé pour faciliter les apprentissages. La première séance a donc nécessité un investissement assez lourd de ma part pour répéter sans cesser « que les consignes étaient à lire dans la fenêtre MOODLE », qu’il fallait cliquer ici, respecter l’ordre, réfléchir et faire ce qui est demandé. Les difficultés étaient aussi importantes lorsque les élèves avaient à activer le Flash player pour réaliser un exercice interactif du type Mathenpoche. Le manque d’initiative et le manque de compréhension des consignes a donc fait que cette séance n’a pas eu les résultats escomptés mais cela m’a permis à moi enseignant de comprendre l’importance des difficultés liées aux consignes à l’écrit dans la sixième « rouge » . En effet, en classe habituellement, j’ai tendance à énormément reformuler pour obtenir quelque chose et là j’avais décidé de m’en tenir aux consignes écrites. Les élèves ont eu aussi beaucoup de réticence à passer d’un onglet à l’autre ou d’une fenêtre à l’autre pour vérifier une consigne. La plupart du temps pourtant, j’avais fait en sorte que l’activité en cours vienne ouvrir une nouvelle fenêtre de manière à garder la section MOODLE accessible pour y relire les instructions.
Dès la seconde séance en salle informatique, j’ai pu constater une très nette amélioration au niveau de la prise en compte des consignes et une meilleure manipulation des fenêtres de travail. A certains moments, j’ai même été surpris car je n’avais rien à faire : tous les élèves étaient silencieux et concentrés sur leurs objectifs, j’ai alors pu regarder leur travail via la « gestion des postes » même sans qu’ils ne le sachent. Cela m’a appris beaucoup de choses sur leur manière d’appréhender les difficultés. En résumé lorsque le travail est lancé et que la ligne directrice est claire, l’enseignement avec MOODLE est facile : l’apport d’information ne vient pas directement du professeur mais d’une animation, d’une vidéo, d’un feedback lors d’un exercice. Cela responsabilise l’apprenant. La gestion du temps n’est pas imposée par l’enseignant et chaque élève peut conserver le rythme de travail qui lui convient, refaire un exercice, revenir voir la vidéo d’apprentissage en cas de besoin…
Il faut néanmoins reconnaître que certains ne lisaient pas les aides animées ou n’étaient pas attentifs aux conseils apportés par leur ordinateur. Cela n’est pas neuf et n’a rien à voir avec l’utilisation massive de MOODLE que j’ai fait dans la séquence. Nous l’avions déjà observé lorsqu’il y a quelques années nous utilisions régulièrement Mathenpoche-réseau comme outil de remédiation ! Cette problématique est évidemment déjà un frein majeur lors des séances traditionnelles en classe. En ce sens, proposer un parcours MOODLE unique n’apporte pas la solution ultime pour le collège unique et pour faire travailler tout le monde efficacement : mon scénario est adapté à certains profils même s’il permet à tous de s’investir avec les moyens à disposition (un élève qui a des difficultés de lecture ou des problèmes de concentration en souffre encore devant sa machine.) MOODLE n’est qu’un outil d’organisation du travail mettant en avant l’autonomie, ce n’est pas une révolution pédagogique à proprement parler ! Mais cela, on s’en doutait.
Pour revenir sur la sixième « rouge » , j’ai apprécié l’ambiance de travail des deuxièmes et troisièmes séances où je sentais les élèves motivés et investis, attirés par la nouveauté. De plus, je n’avais pas les ennuis de gestion de groupe relativement récurrents dans cette classe où lorsqu’un élève se trompe, deux autres se mettent à se moquer de lui. En un sens, MOODLE a pacifié les relations conflictuelles de la classe puisque chacun était concentré sur son travail personnel et qu’il n’y avait pas la possibilité de s’intéresser au parcours des autres et à leurs erreurs. Pas de disputes, ou de problème de voisinage, c’était assez reposant.
Les recadrages du groupe entier n’avaient plus lieu d’être.
La situation s’est légèrement dégradée sur la fin de l’expérience dans la sixième « rouge » où certains élèves se sont adaptés très vite aux possibilités offertes par l’outil. Ainsi, quelques élèves ont tenté d’utiliser la messagerie pour communiquer avec un autre camarade en ligne et d’autres ont chargé sur leur profil un avatar dont le goût ne correspond pas forcément aux attentes d’un enseignant de mathématiques. Les élèves n’étant jamais à cours de ressources, j’ai vu aussi plusieurs élèves de sixième « rouge » en train de tricher écrire des résultats dans leurs tests qui n’étaient pas leurs, d’après leur cahier d’exercices où la recherche devait s’effectuer. Là encore, ce n’est pas MOODLE qui induit ce genre de comportement qui est présent également dans le travail en classe. Il est vrai qu’il est assez facile de « profiter » des réponses de son voisin d’ordinateur et cette constatation m’a amené à proposer un questionnaire A et un questionnaire B lors d’un test terminal, comme je le fais en classe pour les interrogations écrites.
Pour ce qui est de la sixième « verte » où l’ambiance de travail est beaucoup plus « saine » au quotidien, j’ai également pu constater une belle qualité de travail lors des séances 2, 3 et 4 et un très grand calme. J’ai retrouvé globalement le même cadre stimulant dans la dernière sixième de mon collègue que j’ai visité pour l’occasion. C’était tout particulièrement vrai dans la séance 3 où une fois la règle de placement de virgule écrite et assimilée, il suffisait de l’appliquer dans un grand nombre d’exercices répétitifs. Le rendement a été important et la correction en direct des exercices facilitent grandement l’augmentation du rythme de travail. Mais lors de la toute dernière séance, celle où j’ai évalué les acquis, les élèves habituellement en difficulté dans la sixième « verte » semblaient traîner les pieds et avoir perdu leur attrait passager pour MOODLE, constatant qu’il s’agissait avant tout d’une plate-forme de travail.
Au niveau des devoirs, j’ai, dans un premier temps, été très déçu par les productions de mes élèves dans la phase de conjecture de la règle ou dans le devoir d’utilisation de la règle sur un exemple.
- Figure 20 : Des devoirs bien décevants !
Puis je me suis dit que cela n’était en fait pas étonnant car, les autres années, j’avais aperçu dans les cadres de recherche peu de choses très abouties dans la version « papier » de la séquence. L’établissement de la règle avait résulté du cours dialogué qui avait suivi où seuls les élèves actifs avaient participé, occultant ceux dont les productions sont médiocres (avec un vocabulaire inapproprié et une syntaxe peu efficace.) Là encore, MOODLE n’est pas en cause, il met juste en pleine lumière toutes les productions que j’avais décidé de voir et de noter alors que d’habitude je n’utilisais que les meilleures pour arriver à mes fins. Dans mes 53 devoirs reçus, j’ai quand même eu quelques pépites :
- Figure 21 : Un élève utilise la démarche de l’activité de recherche et parvient à l’expliciter
- Figure 22 : A quelques maladresses près, la démarche est expliquée correctement
C’est évidemment sur des travaux comme ceux des figures 21 et 22 que je m’appuie lorsque je travaille en cours dialogué avec ma classe. Dans mon scénario MOODLE, c’est une vidéo qui est venue expliquer à l’élève ce qu’il fallait comprendre et ce qui est écrit dans la leçon.
J’ai également constaté assez rapidement que malgré la bonne volonté affichée en classe pendant les séances, le travail à la maison n’était pas forcément fait par tout le monde (certains se réfugiant vers des problèmes techniques ou de manque de matériel pour se connecter à la plate-forme.) Sans surprise, j’ai vite reconnu les mêmes élèves que ceux qui ne font pas régulièrement leur travail à la maison quel qu’il soit. Encore une fois, je dirais que MOODLE n’est pas en cause et que nous y retrouvons irrémédiablement les défauts d’une classe (tout du moins en travaillant comme je l’ai fait.)
A lire les dernières lignes du paragraphe précédent, on pourrait croire que je me range désormais au rang des déçus de MOODLE. Ce n’est pas le cas car il est bien évident qu’il aurait été illusoire de croire transformer la sixième « rouge » en classe « CAMIF » du jour au lendemain. Je ne m’attendais pas vraiment à y trouver tout à coup des élèves suivant les consignes, faisant leurs devoirs régulièrement et sachant calculer et réfléchir mieux que sur leur cahier en salle normale. Je comptais tout au plus sur le surcroît de motivation liée à la présence en salle informatique. Comme je l’ai déjà dit, MOODLE n’est qu’un outil numérique qui n’a pas changé ma pédagogie qui s’est juste déplacée du plan du cahier au plan de l’écran de l’ordinateur. Les choix que j’ai effectués ne sont pas forcément les plus pertinents dans l’usage de la plate-forme. Mais, j’ai pu quand même trouver de nombreux motifs de satisfactions dans ma « semaine » en salle informatique.
Durant la séquence programmée en MOODLE, j’ai pu constater que la plate-forme avait un effet notable et efficace sur certaines compétences du socle commun. Voici une liste non exhaustive des items du socle pour lesquels une évolution favorable a eu lieu :
Champ « Maîtrise des TICE » :
- S’identifier sur un réseau ou un site ;
- Saisir et mettre en page un texte (avec un traitement de texte) ;
- Accéder aux logiciels et aux documents disponibles à partir de l’espace de travail.
Champ « Éléments de la culture mathématique et culture scientifique et technologique » :
- Mener à bien un calcul mental ou à la main ;
- Présenter la démarche suivie, les résultats obtenus, communiquer à l’aide d’un langage adapté.
Champ « Autonomie et initiative » :
- Être autonome dans son travail : savoir l’organiser, le planifier, l’anticiper, rechercher et sélectionner des informations utiles ;
- Identifier ses points forts et ses points faibles ;
- S’engager dans un projet individuel.
C’est bien au niveau de l’autonomie et de la responsabilisation que les effets induits par MOODLE sont les plus marquants. L’élève a eu cinq activités à sa disposition à chaque séance. A chaque fois, les informations sont multiples et les procédures de validation renvoient des messages qu’il convient d’interpréter et qui doivent engendrer la décision de recommencer l’exercice, de vérifier la leçon, de venir vérifier des consignes. Dès la seconde séance, les élèves de sixième se sont gérés par eux-mêmes avec plus ou moins de sérieux bien entendu mais ils étaient tous en progrès par rapport à ce qu’ils sont dans le contexte normal de la classe où il faut souvent intervenir pour recadrer le travail. Ici, tous les participants ont pu prendre des décisions eux-mêmes et s’organiser comme ils l’entendaient pour réussir. La procédure de « note » systématique de toutes les activités ou ressources dans MOODLE aide l’élève à s’auto-évaluer et le stimule.
Nous avons déjà parlé du respect du rythme d’apprentissage de chacun qui permet aux meilleurs de continuer à avancer même si une difficulté freine l’essentiel du groupe…Il est arrivé que plusieurs élèves qui avaient tout fini puissent commencer le travail d’approfondissement ou le travail à faire à la maison que je plaçais systématiquement en fin de section sous le titre « Temps libre et travail à la maison ». La correction des activités n’est pas intégralement produite au tableau comme nous le faisons souvent en classe et cela ne génère aucun ennui chez les élèves qui ont tout compris et qui peuvent continuer à avancer. On y pense peut-être moins mais le respect du rythme de chacun est également important pour tous les types d’élèves : ceux qui sont en difficulté apprécient également d’avoir le temps de comprendre, de chercher…de revenir en arrière lire la leçon…Ils sont bien souvent sacrifiés dans les séances en classe. Il faut en effet maintenir une avancée honnête dans le programme et c’est le professeur qui fixe lui-même les temps réservés à la recherche, à l’apprentissage ou à la correction.
Les ressentis sont parfois trompeurs, particulièrement dans l’euphorie et l’activité. Pour compléter toutes les remarques emmagasinées au fil de l’expérience et de l’observation, j’ai décidé d’adjoindre des résultats chiffrés issus d’une évaluation sérieuse des résultats des élèves.
Pour évaluer l’impact du dispositif engagé, j’ai utilisé plusieurs stratégies :
- Une note vient récapituler la réussite de l’élève sur l’ensemble du scénario MOODLE. Un élève qui ne fait pas une activité est évalué avec la note 0.
- Une évaluation des capacités de calcul mental et posé a eu lieu via STOCK POTATOES.
- De retour en classe, une évaluation sur papier [7], fidèle à celles des années précédentes, a été passée et notée. Des couleurs (vert/bleu/orange/rouge pour respectivement acquis/presque acquis/en cours d’acquisition/non acquis) ont été attribuées sur les trois principales capacités :
- Item 1 : Savoir calculer une multiplication posée ;
- Item 2 : Savoir placer correctement la virgule dans le produit de deux nombres décimaux ;
- Item 3 : Savoir utiliser la règle de la leçon pour expliquer le positionnement de la virgule à l’aide d’un vocabulaire technique et précis.
- Un sondage MOODLE dont voici les questions a été proposé aux apprenants :
« Aimez-vous travailler avec MOODLE ? »
Pas du tout / Un peu / Moyennement / Beaucoup.
« Vous pensez que vous travaillez mieux :
Avec les cahiers en classe / Avec MOODLE / C’est pareil !
Pour évaluer l’intégralité du parcours MOODLE d’un élève, il suffit de cliquer sur « Participants » et de sélectionner son nom. On peut alors obtenir en cliquant sur « Rapports d’activité » un rapport rapide ou complet, ou un relevé détaillé des notes.
- Figure 23 : Le relevé de notes d’une de mes élèves
Pour cette élève, j’ai donc mis une note de 13/20 pour son parcours puisqu’elle atteint 67% de réussite mais deux activités n’avaient pas été faites.
En sixième « verte », la moyenne de la classe est 12,2 sur le parcours (sept élèves n’ont pas 10/20 ce qui plombe la moyenne du groupe).
En sixième « rouge », la moyenne de la classe est 13,6 sur le parcours et il y a seulement quatre élèves en dessous de 10 dont deux à 9,5/20 (mais certains élèves ont partagé leurs réponses, il est vrai !)
Le parcours MOODLE s’est donc bien déroulé pour une très grande partie des apprenants qui obtiennent des notes allant de 13 à 19. Une poignée d’élèves dans chaque classe ont éprouvé des difficultés de lecture, de compréhension des consignes ou n’ont pas su répondre à la démarche constructiviste. Dans ce cas, leur parcours est très incomplet (des activités non faites ou des scores très bas) et la note finale est largement en-dessous de 10.
Cette évaluation consiste en 5 exercices interactifs de type Mathenpoche-réseau/Labomep sur les notions suivantes :
- Tables de multiplication ;
- Multiplications mentales simples du type 60 X 80 ;
- Multiplication mentale par 10 ; 100 et 1 000 pour un nombre décimal ;
- Placement de la virgule dans le produit ;
- Multiplications posées de deux entiers.
Le tableau suivant regroupe les moyennes de mes deux classes.
Thème |
Moyennes en sixième « verte » |
Moyennes en sixième « rouge » |
Tables de multiplication |
19,9 |
17,2 |
Multiplications simples |
19 |
18,2 |
Multiplication par 10 ; 100 et 1 000 |
18,3 |
14,5 |
Placement de la virgule |
18,3 |
19 |
Multiplications posées d’entiers |
13 |
14,6 |
Les notes un peu plus basses en sixième « rouge » sur les trois premiers thèmes s’expliquent par le fait que deux ou trois élèves n’ont pas fait le test et ont obtenu 0/20. On peut constater l’efficacité du travail de soutien dans AMICOLLEGE au sujet des tables de multiplications. L’évaluation de l’application de la règle de placement de la virgule est également une grande satisfaction car il s’agissait du savoir-faire central de notre séquence de travail. On peut constater que la mise en vidéo et en animation de la règle a eu un effet très bénéfique. Le seul point noir demeure le calcul d’une multiplication posée (du type 608 X 49) où mes élèves demeurent irréguliers faute d’attention et d’une concentration profonde (retenue, tables…) ce qui est nuisible sur un calcul « compliqué ».
Voici quelques indicateurs d’évaluation pour ce devoir en sixième « verte » :
Voici quelques indicateurs d’évaluation pour ce devoir en sixième « rouge » :
Voici les résultats item par item (l’axe des ordonnées donne à chaque fois le nombre d’élèves concernés) :
- Résultats pour l’ITEM 1 : Savoir calculer une multiplication posée
- Résultats pour l’ITEM 2 : Savoir placer correctement la virgule dans le produit de deux nombres décimaux
- Résultats pour l’ITEM 3 : Savoir utiliser la règle de la leçon pour expliquer le positionnement de la virgule à l’aide d’un vocabulaire technique et précis
On peut s’apercevoir que les résultats obtenus dans les deux classes sont relativement symétriques. On peut se satisfaire du fait que 24 élèves sur 27 ou 29 ont démontré une grande maîtrise de la règle de placement de la virgule (ce qui était l’objectif n°1 de la séquence). Cela représente entre 82 et 88 % de réussite. On peut aussi noter que les résultats de l’évaluation « papier » confirment les résultats de l’évaluation via STOCK POTATOES :
- L’item 1 est bien celui qui présente le plus de difficultés et il n’est bien réussi que par deux tiers des élèves environ.
- L’item 2 présente des excellents résultats ce qui était déjà le cas sur les exercices interactifs de STOCK POTATOES.
Enfin, il faut aussi noter que les résultats sur ces deux items sont légèrement supérieurs à ceux enregistrés l’année dernière (en version « papier ») où je n’avais obtenu que respectivement
78 % et 58 %. Le gain est minime, mais c’est déjà ça ! A noter qu’un élève habitué des 7/20 a obtenu 16,5/20 lors de cette interrogation.
Sans surprise, les élèves qui ont répondu se prononcent pour une poursuite de l’aventure MOODLE :
5 élèves répondent apprécier « un peu », 3 apprécient « moyennement » et 35 élèves aiment « beaucoup » MOODLE.
38 élèves préfèrent travailler avec MOODLE et 3 pensent que cela ne change rien par rapport à la pratique normale.
La salle informatique est toujours aussi attractive.
5. COMMENT AMÉLIORER POUR UNE PROCHAINE TENTATIVE ?
A la lumière de cette première expérience, mon intention est de mieux profiter des possibilités offertes par MOODLE à l’avenir. Transformer cet outil numérique d’enseignement en véritable outil pédagogique me semble désormais le prochain défi. Pour ce faire, je pense que j’aurais certainement dû différencier le contenu enseigné en fonction du profil des élèves. Il est en effet tout à fait possible de créer plusieurs scénarii :
- Un scénario réservé à ceux ayant une problématique de lecture des consignes ;
- Un scénario réservé aux usagers qui ont des difficultés marquées sur le calcul ;
- Un scénario où la maîtrise du vocabulaire et le raisonnement est un axe prioritaire ;
- Un scénario complet mettant en perspective tous les aspects précédents et des approfondissements.
Cela permettrait par exemple de multiplier les supports visuels d’explication (vidéo, animation, tutoriel) pour ceux qui éprouvent des difficultés avec l’écrit…de ne pas faire faire l’activité de découverte de la règle à tout le monde (certains n’ayant pas encore les capacités d’abstraction nécessaire pour se lancer dans le projet ou n’adhérant pas au constructivisme)… de proposer des podcasts à écouter pour ceux en ont besoin pour mémoriser ou utiliser une règle ou une définition…de multiplier les exercices de soutien comme la révision des tables via AMICOLLEGE pour les élèves en grosse difficulté…de travailler les exercices en situation dans le contexte de la vie courante pour d’autres. Bref, il s’agirait de proposer plusieurs parcours et presque d’aboutir à un parcours personnalisé (c’est d’ailleurs un des enjeux académiques mis en avant dans les projets d’établissement.)
MOODLE offre en outre la possibilité de faire des groupes d’élèves. Je peux par exemple ouvrir quatre cours avec des scénarii différents, et je peux donner la clef d’inscription propre à un cours bien spécifique en fonction des besoins de chacun. MOODLE deviendrait alors un outil de différenciation hautement efficace puisque les séances sont programmées en amont et qu’il n’est pas nécessaire de mener de front les parcours des quatre types en live avec toutes les difficultés que cela comporte pour maîtriser et contrôler les réponses attendues, orienter les activités et respecter le rythme de chacun. Oui bien sûr, fabriquer plusieurs scénarii, c’est multiplier le temps de préparation. Mais MOODLE a un souvenir du passé : ce que j’ai fait cette année est réutilisable en l’état l’année prochaine et MOODLE est aussi une communauté : plusieurs enseignants peuvent partager les mêmes cours et mutualiser leurs efforts. Si dans les collèges, un véritable travail d’équipe s’engage pour construire des cours différenciés, je ne suis pas loin de penser que tout le monde sera gagnant :
- Les élèves qui avancent à leur rythme avec un contenu pensé pour eux ;
- Les professeurs qui se sentent débordés par l’écart entre les deux extrêmes d’une classe.
Il est facile de déplacer des activités ou des ressources d’une section à l’autre d’un cours MOODLE pour modifier l’ordre d’apprentissage. D’autre part, les fonctionnalités de sauvegarde et d’importation de MOODLE sont à ce titre autant d’aides qui peuvent permettre à terme aux équipes d’enseignants de s’organiser dans cette voie. Cela prendra un certain temps, il est vrai !
Plus modestement, dans mes prochains cours, je veillerais à inclure une séance en classe au moins pour discuter de ce qui a été vu, de ce qu’il faut faire, de ce qui est important, de comment il faut rédiger… Cela m’apparaît important, surtout chez des élèves de 12 ans qui n’ont pas un recul important vis-à-vis de leur travail dans les situations « d’auto-évaluation ». On peut par exemple, organiser une séance où l’on peut discuter du contenu des devoirs et montrer au vidéoprojecteur les travaux des élèves. Les devoirs des figures 20 à 22 auraient pu donner lieu à un débat riche qui aurait permis à tous de s’impliquer en faisant la synthèse des productions. Le petit plus apporté par MOODLE par rapport à la version papier est alors d’être un outil numérique...donc pas besoin de prendre les feuilles des élèves et de les scanner pour les projeter au tableau !
En outre, il y a un certain nombre de fonctionnalités que je n’ai pas encore explorées : je pense notamment au Wiki, au Forum, à l’Atelier. Toutes ces activités sont des outils collaboratifs qui doivent être efficaces dans les phases de travail où il s’agit d’établir une règle, de proposer une conjecture. Sur le niveau sixième, c’est sûrement difficile à mettre en place mais je regrette de ne pas avoir terminé mon activité de recherche par la possibilité d’engendrer une discussion collective dans la classe dans un Wiki ou un Forum afin d’obtenir une meilleure production finale. On peut aussi imaginer traiter un « problème ouvert » à l’aide de ce type d’outils MOODLE. Le débat, s’il est organisé, s’apparente alors au cours dialogué que nous pratiquons en classe, en frontal et il offre une plus-value. C’est une alternative crédible au groupe de travail de l’ENT que nous utilisons parfois à cet effet. Les sondages peuvent aussi être utilisés à des fins pédagogiques pour pendre la température et voir s’il est nécessaire de proposer des activités de soutien ou de remédiation.
Il me reste également à voir comment inclure et utiliser un logiciel de géométrie dynamique dans un scénario. On peut exporter par exemple un fichier GeoGebra en page dynamique de travail html et copier-coller le code dans une étiquette MOODLE. Mais je n’ai pas encore testé.
6. MOODLE , OUTIL DE DIFFÉRENCIATION PÉDAGOGIQUE
Lorsque tout a commencé, il s’agissait surtout d’apporter une nouvelle motivation à des élèves qui en manquaient et aussi de me redonner un peu de confort d’enseignement en sixième « rouge ». Je me suis alors lancé dans l’aventure MOODLE avec détermination. Ce projet me convenait bien car j’aime l’innovation et les TICE depuis toujours : c’était une bonne occasion de retrouver l’excitation des premières heures de mon TBI par exemple. Il m’a fallu en gros quatre jours pour préparer mon scénario. La mise en application m’a fait douter à de nombreuses reprises lorsque j’ai vu les difficultés des élèves à suivre les consignes ou les premiers mauvais résultats dont j’ai parlé plus haut apparaître.
Finalement, à la fin de l’expérimentation, les résultats obtenus par les élèves m’ont convaincu que je n’avais pas fait pire que l’année dernière, cette crainte m’ayant accompagné pendant une bonne semaine. Il y a même de grands motifs de satisfaction : j’ai pu voir des élèves de sixièmes autonomes dans leur travail et de plus en plus responsables. Ceux-ci se sont impliqués dans leur grande majorité dans le parcours que je leur avais concocté. Mais finalement, ma plus grande surprise est d’avoir découvert dans MOODLE la possibilité de devenir le « coach des élèves » et les germes d’un enseignement véritablement différencié à portée de main.
Fabriquer plusieurs cours afin de mener à bien la différenciation nécessaire à l’épanouissement de chacun, voilà ce qui sera ma philosophie au moment de mettre sur pied mon prochain projet avec la plate-forme MOODLE. Je sais que je peux compter sur mon collègue avec qui je travaille depuis 6 ans sur des projets communs. En effet, cette différenciation des contenus ne se fera pas du jour au lendemain et plus la communauté MOODLE s’agrandira et plus les possibilités seront grandes pour s’adapter à tous les profils d’élèves. J’ai découvert tardivement que des espaces de mutualisation des scénarii, avaient vu le jour. C’est à ce prix que MOODLE deviendra un outil numérique au service de la relation pédagogique entre formateur et apprenant et ceci y compris au collège unique.
Références :
Concernant MOODLE :
Autres références :