Bruno Serres utilise son site personnel pour aider les élèves à acquérir des automatismes et à s’auto-évaluer.
N.D.L.R : Bruno Serres est un professeur de mathématiques nomade et imaginatif ! Le site qu’il a réalisé lors de son séjour au Lycée français de Kuala Lumpur (Malaisie) lui sert aujourd’hui d’appui et de ressources pour que ses élèves du Lycée français de Managua (Nicaragua) puissent acquérir des automatismes et s’auto-évaluer. Il nous offre ses ressources et son expérience de terrain.
L’auto-évaluation commence lorsque l’enseignant demande à un élève qui rend sa copie d’imaginer la note qu’il pense avoir…
Parmi les activités diverses que nous proposons à nos élèves (activités de découvertes, exercices d’application, problèmes ouverts, narrations de recherche), il est quelquefois difficile pour les élèves de s’auto-évaluer.
C’est surtout le cas lorsque l’enseignant cherche à évaluer des compétences comme « chercher », validée lorsque la démarche de l’élève est pertinente, qu’il a su mettre en œuvre des méthodes de recherche intéressantes, que ses conclusions sont cohérentes mais que sa démarche n’a pas abouti.
Il est nécessaire de clarifier nos attentes selon le type d’activité, proposée afin que l’élève identifie ce que l’enseignant attend de lui.
La première de nos attentes est l’acquisition d’automatismes de calculs autant que de capacités de raisonnement.
Le premier travail sur les automatismes mis en place est la question flash. Devenu un rituel en classe de seconde et de 3° (en projet pour les autres niveaux) après les salutations et la mise en marche du vidéo projecteur, des thèmes sont choisis, 5 questions aléatoires sont posées, l’élève a 3 minutes pour y répondre.
J’ai choisi d’utiliser GeoGebra pour générer automatiquement des questions flash.
Choisir les thèmes avec la classe permet de développer chez eux la vision globale du programme ainsi que quelques savoir-faire spécifiques à chaque chapitre.
L’objectif est clair, travailler le calcul mental, mettre en place une technique de calcul rapide, reconnaitre le savoir-faire attendu, créer des réflexes de réflexion, réutiliser régulièrement les connaissances des élèves, sans contrainte de rédaction.
La correction est collégiale, d’autant que les aléas des questions aléatoires créent quelquefois des situations inattendues qui donnent lieu à des échanges constructifs.
Le maximum de temps consacré à ce rituel quotidien est 10minutes (correction inclue), les effets sur les élèves sont visibles très rapidement, le retour est très positif, ils sont conscients de progresser en rapidité de raisonnement, en calcul mental et d’avoir une vision globale des notions abordées.
Tutoriel : comment créer son générateur de questions flash avec GeoGebra.
Lien vers les fichiers questions flash que j’utilise.
Document Eduscol sur les automatismes.
C’est pour mettre en avant les mécanismes de pensée que j’utilise les exercices interactifs en classe.
Une fois une notion de cours formalisée et ses premiers exercices d’applications rédigés dans le cours de l’élève, la projection d’un exercice interactif (avant l’application en autonomie) laisse place à l’oral et aux échanges. Générer une question avec des nombres aléatoires plusieurs fois de suite permet aux élèves d’identifier rapidement les mécanismes répétitifs de la réponse et de se les approprier.
Adepte de la pédagogie en spirale et du décloisonnement des chapitres, nous avions mis en place un système de cours à trous avec l’équipe de mathématiques du Lycée français de Kuala Lumpur [1]
Si les élèves adhèrent facilement au principe d’introduire une notion lorsqu’une activité la rend nécessaire, l’enseignant est souvent confronté à des difficultés quant à l’organisation des traces de cours, pour que les élèves puissent disposer d’un recueil des connaissances clair et structuré.
La mise en place de cours à trous s’est avérée la plus satisfaisante. Des pages numérotées, un sommaire, le suivi des pages dont l’élève doit disposer, permettent aux élèves d’avoir un recueil clair et organisé auquel ils peuvent se référer facilement quand ils en ont besoin.
Le manque de liberté qu’induit un cours trop structuré pour l’enseignant est pallié par le gain de temps et l’organisation claire du recueil, et laisse la place aux compléments oraux du professeur.
Le seul niveau pour lequel nous n’avons pas mis en place ce protocole fut la seconde, conscient que l’enseignant doit être libre d’adapter son enseignement au profil de la classe, ce qui est devenu moins évident avec la réforme du lycée.
Afin d’assurer une structure plus organisée, nous avons mis en place le site maths LFKL [2] comme support numérique de notre organisation.
Une organisation structurée a permis la mise en place d’un cours destiné au cycle terminal (continuité Première-Terminale) puis, à la suite de la réforme du collège de 2016 un cours de cycle 4 que les élèves complètent sur 3 ans.
Nous avons tenté des expériences de classe inversée (activité d’introduction en classe, compléter le cours à la maison) qui ne furent pas satisfaisantes : l’élève a besoin de l’enseignant pour construire le cours avec lui et si son contenu est restreint, les explications orales de l’enseignant sont nécessaires.
L’enseignement direct et la relation prof-élèves est la clé de la réussite mathématique des élèves : l’utilisation d’un support numérique n’a aucune vocation à se substituer à l’enseignement traditionnel, c’est un complément à la pratique pédagogique de l’enseignant et je reste adepte de proposer des activités diversifiées à mes élèves.
C’est dans cet esprit que j’ai décliné la version numérique des cours en savoir-faire .
Chaque savoir-faire est décliné avec une illustration interactive, une vidéo d’Yvan Monka (choisi avec son accord pour l’ensemble des thèmes abordés ainsi que pour la qualité de ses explications), un exercice aléatoire corrigé et/ou un exercice interactif.
GeoGebra permet de créer des exercices aléatoires corrigés :
GeoGebra permet de créer des exercices interactifs autocorrectifs :
Tutoriel : Premiers pas pour créer un exercice autocorrectif avec GeoGebra.
Le numérique a aussi l’avantage de pouvoir réactiver simplement les connaissances et attendus antérieurs.
La liste des savoir-faire déclinés est non exhaustive (certains ne sont pas simulables et je reste adepte de proposer à mes élèves des activités diversifiées), mais l’objectif de l’utilisation de ce support numérique est de les désigner clairement aux élèves, et qu’ils puissent être capables de s’auto-évaluer dans chacun d’eux. Comprendre ce qu’ils doivent savoir faire, leur niveau de maitrise de chacun d’eux, ce qu’ils doivent travailler pour progresser.
Pour rendre les élèves autonomes dans leur autoévaluation des savoir-faire déclinés, quelques séances ont été organisées en salle informatique pour présenter l’outil aux élèves et pour qu’ils se l’approprient.
Des auto-évaluations données sur un temps long (3 semaines à un mois) sont à faire en complète autonomie. Le support choisi est un pdf interactif pour sa simplicité d’utilisation.
Lien vers les auto-évaluations.
Chaque élève crée son parcours individuel, regarde les vidéos ou non, approfondit ou non selon ses besoins : il devient acteur de son apprentissage et de sa maitrise des contenus.
Une enquête réalisée après les premières auto- évaluation montre que ce système permet aux élèves d’identifier clairement les savoir-faire qu’on attend d’eux et sont capables d’évaluer leur maitrise de chacun d’eux (pour ceux qui ont joué le jeu). Chaque élève sait exactement ce qui lui reste à travailler : c’est déjà en soi une victoire pédagogique. Cela permet aussi de faire des séances de révision en fonction des besoins exprimés par chacun d’eux.
L’objectif est que les élèves fréquentent le site de façon autonome et régulière (10 minutes quotidiennement)
L’inconvénient d’un site est le manque de retour quant au temps réellement passé par l’élève, mais la confiance n’est-elle pas la base du contrat didactique ?
Il est à noter que les élèves qui y vont régulièrement progressent de façon constante dans l’acquisition des notions abordées.
Ressources partagées :
Bruno Serres,
Professeur de mathématiques
Lycée français de Managua
Nicaragua.