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J’aime bien le logiciel libre de composition de texte scientifique. Je l’aime encore plus, quand par un effet de bord libre, il me permet d’écrire des mathématiques, presque aussi proprement avec LibreOffice.

Du caractère

• Les Anglais utilisent le mot «  font  » pour désigner une police de caractères.
• En français, dans le monde de l’imprimerie,
  • une «  fonte de caractères » est un ensemble de glyphes (dessins) de même style graphique et d’une taille donnée,
  • tandis qu’une «  police  » est l’ensemble des caractères partageant le même style graphique, indépendamment de leur taille.

Police numérique

Droit

En informatique, les polices de caractères comme les logiciels, sont soumises à des licences d’utilisation.

Lorsque vous écrivez un texte avec la police, Arial ou Calibri ou Comic sans MS ,

• Microsoft vous autorise seulement à les utiliser de façon personnelle.
• Votre texte vous appartient,
  • mais les polices qui le matérialisent appartiennent à Microsoft ,
  • un peu comme si écrire avec le stylo de votre voisin lui conférait des droits sur l’utilisation de votre texte.
• Si vous voulez commercialiser des impressions de votre texte avec ces polices,
  • vous êtes légalement tenu de demander l’autorisation à Microsoft ,
  • qui est alors en droit de vous refuser une utilisation gratuite.

Pour éviter tout souci,

• le plus simple est d’utiliser des polices sous licences libres.
  • Les polices livrées avec Windows sont toutes la propriété de Microsoft .
  • Tandis que par défaut, dans le système d’exploitation Linux , toutes les polices sont libres.

Géométrie

Les polices « classiques » s’articulent selon deux grandes caractéristiques :

• L’empattement :
  • Les Anglais utilisent le qualificatif « Serif ».
  • Les empattements sont les petites extensions qui terminent les extrémités des caractères.
  • Vous pouvez voir des empattements ci-dessus, en rouge sur le dessin du « R » que propose Dürer vers 1520.
  • Une police est avec ou sans empattement.
• La chasse.
  • La chasse est la largeur du glyphe (dessin) d’un caractère.
  • Avec une police à chasse fixe, le « i », le « m » et tous les caractères sont de même largeur.
    • Les Anglais utilisent alors le qualificatif « Monospace »
    • Cette caractéristique est partagée avec les machines à écrire mécaniques.
  • Avec une police à chasse variable, pour un corps (taille) donné, le « i » et le « m » n’occupent pas la même largeur.

Voici les polices libres qui sont intégrées à Windows lors de l’installation de LibreOffice  :

Codage

• Les premiers encodages de l’informatique personnelle contenaient jusqu’à 128, puis 256 possibilités (Ascii).
• Les premières polices ne contenaient pas plus de caractères.
• Aujourd’hui la norme Unicode définit environ 150 000 caractères et permet d’en définir plus d’un million.

Il est donc devenu inutile d’utiliser deux polices de caractères au sein d’un même texte pour obtenir un caractère « exotique » puisque les polices Unicode le possèdent déjà.

Ainsi, changer la police d’un document conservera tous les caractères en ne changeant que leur graphie, puisque ℕ, ×, ℝ, ÷, ↦, ≈, β, π, æ, Ñ, ñ, ß, £, ℃ et bien d’autres existent dans toutes les polices Unicode.

Dans Unicode, on trouve

• des cartes à jouer 🂡, 🂹, 🃎, …
• des unités ℉, ℓ, Å, … - des pictogrammes 📎, 🖆, 🖋, …
• des pièces d’échecs ♔, ♖, ♗, …
• les chiffres romains ⅲ, ⅸ, ↁ, …
• les dés ⚀, ⚂, ⚄, …
• des smileys 🎱, ☕, ⚽, …
• presque tous les hiéroglyphes 𓁹, 𓃡, 𓋕, …
• presque tous les idéogrammes asiatiques,
• …

Comme on ne peut pas mémoriser tous les codes, voici le fichier pdf qui me sert de pense-bête.

Avec le système d’exploitation libre linux , on peut utiliser ces caractères presque partout avec la combinaison de touche Maj + Ctrl + U suivie du code Unicode et d’une validation.

Mes polices libres préférées

La famille Computer Modern Unicode

Après avoir pas mal tâtonné, j’utilise désormais la famille de polices libres Computer Modern Unicode (CMU) pour tous les textes que je produis avec LibreOffice . C’est la seule dont le rendu me satisfait totalement pour les formules, comme

L’avantage d’utiliser une famille de polices est la garantie d’une homogénéité permettant leur utilisation simultanée dans un document sans que cela nuise à la qualité générale de la typographie.

Dans une même famille, je peux utiliser

• une police sans empattement pour les titres de chapitres,
• une avec empattement pour le corps du texte,
• une à chasse fixe pour le code informatique
• et garder une cohérence graphique.

Origine

Il s’agit d’une adaptation des polices par défaut de , pour être utilisables avec tous les systèmes d’exploitation. La police originelle s’appelle Computer Modern. Voila la grande force des licences libres. Elles permettent de réutiliser ce qui se fait de mieux dans un autre contexte.

LaTex est connu pour produire des documents de très grandes qualités typographiques.

En plus d’être libres, ces polices sont élégantes, lisibles et forment un corpus cohérent :

• La police CMU Sérif, est plus lisible sur un document imprimé du fait de ses empattements.
• La police CMU Sans Sérif, sans empattement est plus lisible sur les écrans.
• La police CMU Typewriter à chasse fixe est généralement utilisée pour écrire du code informatique.

Les polices ne suffiront pas pour obtenir un texte aussi propre qu’en .

• Il faudra que vous ne fassiez pas n’importe quoi avec le traitement de texte.
• Mais après, elles aideront beaucoup.

Exemple

Voici un fichierpdf réalisé avec LibreOffice et utilisant uniquement des polices CMU.

Installation

Pour pouvoir utiliser les polices libres CMU  :

• Sous linux Ubuntu ou dérivés,
  • Installez le paquet fonts-cmu avec la ligne de commande sudo apt install fonts-cmu.
  • C’est tout.
• Sinon,
  • Téléchargez le fichier compressé Cm-unicode-0.7 sur le site SourceForge.net en cliquant sur le bouton vert proposant la denrière version.
  • Décompactez ce fichier
  • Installez tous les fichiers avec l’extension ttf.
  • Un clic droit permet de le faire dans presque tous les systèmes d’exploitation.
  • Vous pouvez faire suivre le fichier compacté à d’autres personnes si vous le souhaitez, puis l’effacer, ainsi que le dossier décompacté.

Si vous avez des difficultés à décompacter le fichier sous windows, installez le logiciel libre 7zip que l’on trouve ici.

Cas particuliers

OpenDyslexic

OpenDyslexic est une police de caractères open source destinée à faciliter la lecture pour les personnes présentant certains symptômes courants de la dyslexie.

• Elle dérive de la police libre Bitstream Vera Sans  [1].
• Elle est sous licence SIL-OFL pour faciliter son intégration dans des projets pour lesquels d’autres licences posent des problèmes.

Voici un fichierpdf réalisé avec LibreOffice et utilisant les polices OpenDyslexic .

Il semble qu’il y ait débat sur l’aide que ce type de police amène aux dyslexiques.

Je vais me contenter de deux remarques :

• Les glyphes de caractères bpadq ne sont plus superposables en totalité ou en partie. Avec ce type de police, il est possible de faire remarquer à un dyslexique les différences entre p et q. Il n’a peut-être jamais pu les voir avec d’autres polices.
• Une chasse élargie facilite la prise en compte de chacune des lettres d’un mot.

Pour installer cette police,

• Sous linux Ubuntu , installez le paquet fonts-opendyslexic avec la ligne de commande sudo apt install fonts-opendyslexic.
• Sinon, téléchargez-la ici sous forme compressée et procédez comme décrit pour la famille CMU.

Enseignants de primaire

• vous trouverez ici une liste de police permettant de créer des modèles d’écriture cursives pour vos élèves.
• Du côté linux, la police cursive fonts-ecolier-court et la police cursive sur réglure Seyès fonts-ecolier-lignes-court sont disponibles dans des paquets à ces noms.

Fin

Que faire si votre destinataire n’a pas installé ces polices ?

1. Vous pouvez guider votre correspondant pour qu’il installe les polices libres lui faisant défaut.

2. Vous pouvez envoyer votre document au format pdf. Ce dernier inclut les polices utilisées dans le fichier.

• Dans LibreOffice , il suffit de cliquer sur la bonne icône. Celle à côté de l’imprimante et qui affiche Export direct au format PDF si vous laissez la souris immobile au-dessus.
• Vous pouvez également utiliser le menu Fichier/ Exporter vers … / Exporter au format PDF pour obtenir une boite de configuration permettant entre autres, de définir un mot de passe ou d’intégrer le fichier LibreOffice source, à l’intérieur du PDF.

3. Il est également possible d’intégrer les polices à un document LibreOffice . Cela nécessite une action de votre part :

• Utilisez le menu Fichier/Propriétés/Police …
• Sélectionnez Incorporer les polices dans le document. - En contrepartie, le document sera plus volumineux.

Pourquoi se priver de l’utilisation des polices libres ?

Toutes les polices libres ne se valent pas et certaines sont médiocres.

C’est vrai ! Mais vous venez de voir qu’il en existe d’excellentes.

Deux critères peuvent guider votre choix :

• Le support d’une partie conséquente d’Unicode (une police de 52 caractères graphiquement très belle va très vite montrer ses limites.)
• Opter pour une famille proposant au minimum
  • une police sans empattement,
  • une police avec empattement
  • et une police à chasse fixe.

Sélection

Voici, en ordre alphabétique, les familles libres que je connais et qui réunissent ces critères :

• Computer Modern Unicode : description et téléchargement.
• DejaVu : description et téléchargement.
• Linux Libertine G & Biolinum G : description et téléchargement (installées avec LibreOffice).
• Noto : description et téléchargement. Attention, Noto couvrant quasiment tout Unicode, pour rationaliser la taille du fichier, la police Noto est partagée en de multiples « paquets ».
• Source pro : description et téléchargement sans, code et serif.