Un échange de correspondance, placé en annexe à la suite de l’article, y apporte d’intéressantes précisions.
Présentation
Le premier trimestre
Comparaison des deux systèmes d’évaluations
Les difficultés rencontrées
Un premier bilan personnel
L’idée du sondage
Résultats du sondage effectué en juin 2011
Quel jugement pour ce type d’évaluation ?
Les commentaires des élèves
Comparaison des systèmes d’évaluations :
La formulation des critères
L’algorithme de calcul
L’utilisation par les élèves des évaluations par compétences
Le logiciel SACoche
Conclusion
Je travaille depuis plus de 10 ans dans un collège de la banlieue lyonnaise. C’est un établissement privé au public assez mélangé. Bien loin des collèges difficiles certes, mais avec un public assez en phase avec la jeunesse actuelle, sans rapport avec les collèges privés élitistes du centre ville de Lyon.
Depuis des années, notre public évolue avec de plus en plus d’élèves dys-, d’élèves avec des troubles du comportement ou d’élèves peu scolaires revêches aux méthodes traditionnelles.
J’essaie de m’adapter à cette évolution pour rester en phase avec ces élèves. Pour ce faire, j’ai développé les TICE. Je travaille avec vidéoprojecteur en permanence, j’utilise régulièrement LABOMEP, j’ai un site perso avec toutes mes traces (cours, sujets, ..) et des aides, remédiations, …
En septembre 2010, j’ai décidé de passer à l’évaluation par compétences pour mes 4 classes (6e – 5e et 2 classes de 3e). J’ai tenté cette expérience avec le logiciel SACoche.
Je propose de relater mon expérience pour aider des collègues qui seraient tentés par la même expérience. A ce sujet, je conseille de lire l’excellent article d’Olivier Lacroix dans la revue Mathematice de mai 2011. Je partage beaucoup de choses qu’il a déjà écrites, aussi je m’épargnerai au maximum les redondances.
Étant le seul à tenter l’expérience au sein de mon établissement, j’ai commencé au premier trimestre par faire des double corrections. Maintenir le système classique de notation sur 20 sur chaque copie et les évaluer parallèlement par compétences. Cette dualité n’avait pas de sens d’un point de vue pédagogique car elle dénature complètement l’esprit de l’évaluation par compétences. Mais par prudence, je me suis laissé la possibilité de revenir en arrière à Noël. Je craignais une surcharge de travail, des difficultés de mise en place, des réactions d’incompréhension des élèves ou parents, un isolement dans mon établissement, ….
A Noël, j’ai effectué un bilan qui s’est avéré positif. Aucun souci de prise en main du logiciel, pas de réactions négatives d’élèves, le seul point négatif était que cela me prenait plus de temps pour corriger. Mais à bien y réfléchir, ce qui était lourd était la double correction.
J’ai donc abandonné définitivement les notes sur les copies au début du second trimestre pour ne conserver que l’évaluation par compétences.
Pour le premier trimestre, j’ai pu comparer les deux systèmes de notation, puisque SACoche délivrait une moyenne et mes notes en délivraient une autre. Au final, j’ai trouvé ces bilans assez semblables, les différences ne dépassant que très rarement 0,5 ou 1 point par élève. Les moyennes globales de classes étant sensiblement équivalentes.
Il faut dire que sur un trimestre, avec le lancement complet de cette nouvelle approche de l’évaluation, je n’ai sans doute pas assez favorisé les remédiations. Or c’est précisément ces remédiations qui permettent aux élèves en difficulté de rattraper leurs mauvaises prestations antérieures, ce que ne permet pas la moyenne classique qui comptabilise toutes les notes.
Il n’y a pas eu trop de remédiations, car seules les notes sur 20 comptaient pour ce premier trimestre. L’idée de remédiation ciblée pour progresser sur certains items n’avait pas véritablement de sens pour les élèves, puisqu’elle n’influait pas la moyenne.
Au final, au regard de cette petite expérience, on peut estimer que les deux évaluations hors remédiation aboutissent à des moyennes assez proches. La supériorité de l’évaluation par compétences est précisément de permettre à un élève de cibler le savoir à retravailler, pour demander une nouvelle évaluation et améliorer le bilan , et donc la moyenne. Je pense que si j’avais continué, en aveugle pour les élèves, de noter mes copies au second trimestre, des différences seraient apparues au fur et à mesure, grâce aux remédiations.
J’ai « milité » assez fortement pour convaincre élèves et parents de la supériorité de ce système et je n’ai rencontré aucune réaction négative ouvertement exprimée. Régulièrement des élèves me demandaient combien valaient leur copie. Certains essayaient de s’attribuer une note à partir des items évalués, mais le retour m’a semblé globalement très positif. Lors des réunions parents, j’ai systématiquement abordé le sujet en expliquant ma stratégie. Je n’ai eu que des approbations, les parents étant séduits par l’idée de permettre à un élève de se rattraper. Avec le fréquent « tu as de la chance d’avoir un prof comme cela, moi de mon temps... ». Durant le cours suivant, j’ai demandé aux élèves le retour qu’ils avaient eu et un élève m’a dit que sa mère avait trouvé « complètement débile » ce système. Il faut donc sans doute se méfier des courbettes de façade...
Une des parties les plus fastidieuses a été la définition des critères à évaluer. Le faire seul sur 3 niveaux m’a pris beaucoup de temps. Je suis parti de référentiels partagés par des collègues, mais j’ai trouvé difficile de faire un véritable choix dans le lot. J’ai suivi la majorité en prenant les plus "populaires", un peu comme on est séduit par les articles les plus vendus. J’ai souvent tâtonné, reformulé plusieurs fois des critères, pour tenter de coller à ma pratique. Ce travail de mise en place n’est pas simple, mais une fois établi, il devrait permettre de se consacrer uniquement au fond, à savoir le travail envers les élèves.
Comme parallèlement j’ai commencé à développer des vidéos de remédiation en ligne et du soutien sur Labomep, j’ai assez vite été noyé par le travail. Avec le recul, je me rends compte que j’ai peu insisté sur les remédiations, laissant seulement la porte ouverte aux élèves pour des initiatives individuelles. Celles-ci se sont avérées peu nombreuses dans l’ensemble. Je pense qu’il ne s’agit pas d’un refus des élèves mais bien plus d’un manque d’habitude. C’était la première fois qu’ils pouvaient demander eux-mêmes de se faire évaluer sur les critères qu’ils sélectionnaient. J’ai plus souvent créé des situations de remédiation collectives, avec des devoirs facultatifs sur des sujets bien définis : la participation était assez soutenue.
A titre personnel, je tire un bilan extrêmement positif de cette stratégie et je compte bien la poursuivre. Avec le recul, je me rends compte que mon regard sur les évaluations a bien changé.
Je me trouvais un peu distributeur de points avec la notation classique. Avec l’évaluation par compétences, on rentre bien plus dans la compréhension que l’élève peut avoir ou non d’une notion, pour affiner le plus précisément possible la compréhension qu’il peut avoir de tel ou tel item. J’ai trouvé bien plus intéressant ce regard porté sur la copie qui ne se limite plus à chipoter pour un demi-point, mais à réfléchir sur ce que l’élève a compris ou non.
Par exemple, j’ai apprécié de distinguer dans des exercices d’application du théorème de Thalès, les erreurs de mises en place du théorème (absence de données), les erreurs d’applications du théorème (confusions dans les rapports), les erreurs de produit en croix dans les calculs, les étourderies de calcul ou la confusion dans les lectures de données graphiques, … Je pense que les élèves voient bien mieux leurs difficultés et ce qu’il faut retravailler à partir de ces informations.
Bien sûr avec l’ancien système, les annotations du professeur permettaient d’éclairer l’élève sur ses erreurs mais la portée de ces commentaires est très discutable tant la culture de la note écrase souvent ces informations. L’élève ne retenant que le nombre de points obtenus fait l’impasse sur les commentaires. Enfin, il est impossible de cribler une copie de commentaires pour détailler tous les savoirs mal maîtrisés. Sans compter que ce qui intéresse les parents, c’est la note, pas les commentaires. Il vaut mieux rentrer chez soi avec un mauvais 14 qu’avec un bon 12/20.
Mon approche de la construction des évaluations a bien changé. Le carcan du barème sur 20 points imposait souvent des bidouillages, en sur-notant un exercice pour arriver au "bon total", en enlevant une question pour ne pas le dépasser, … l’évaluation par compétences permet de se focaliser sur le fond et non sur cette comptabilité pénible.
Pour essayer d’évaluer toutes les compétences, j’ai été amené à réfléchir bien plus que je ne le faisais aux questions à poser, aux notions à aborder. Le pointage systématique permet de ne rien laisser passer. Le travers étant sans doute d’être trop tenté par la formule « une question = un item » et donc de proposer des devoirs avec beaucoup de petites questions, plus faciles à évaluer qu’un problème qui met en jeu plusieurs compétences successives.
Une fois rodée, je n’ai pas trouvé cette pratique chronophage. On peut discuter s’il faut ou non du temps supplémentaire pour corriger une copie par compétences, mais ce qui est indiscutable, c’est que la somme de renseignements obtenus et les outils à la disposition de l’élève pour cibler ses lacunes et progresser n’est pas du tout la même.
Pour me faire une idée plus précise sur le retour de mes élèves et des parents, j’ai proposé un sondage en ligne à mes élèves l’avant dernier-jour de classe. Ce sondage a donc été effectué in-situ, avec un élève par poste pour ne pas fausser les réponses. 7 absents n’ont pas répondu à ce questionnaire mais les 111 réponses sur 118 élèves concernés permettent d’estimer cet échantillon comme représentatif.
Une erreur stupide de ma part pour la mise en ligne du sondage parents m’a fait perdre 48 h précieuses et au final seulement 12 parents ont répondu, car nous étions déjà à la fin de l’année. Cet échantillon n’est donc pas représentatif. On peut penser que ceux qui sont intervenus étaient ceux qui avaient des choses à dire, en bien ou en mal. Aussi, je ne livrerai que les remarques des parents et non des bilans chiffrés qui n’auraient pas de sens.
Les bilans sont donnés soit globalement sur tous les élèves concernés (2 classes de 3ème ; 1 classe de 5ème et une classe de 6ème), soit uniquement pour le niveau de 3ème.
2 raisons à cette distinction : tout d’abord avec 54 élèves de 3ème, on peut penser que l’échantillon est assez représentatif pour justifier parfois une étude spécifique sur un niveau. Ensuite, une coupure nette d’âge existe entre les deux groupes 6ème-5ème d’un côté et 3ème de l’autre côté et il pouvait sembler opportun de comparer les résultats en fonction de la maturité des élèves.
L’enquête montre un bilan assez favorable du point de vue des élèves qui ont à 80% trouvé cela positif. Moins de 5 % n’ont pas du tout aimé. Cela confirme le retour que j’avais eu en classe.
De même, comme le montre la question suivante, près de 60% notent favorablement ce type d’évaluation.
Ces deux résultats sont assez homogènes dans les deux groupes étudiés (6-5 et 3ème).
On retrouve beaucoup de commentaires positifs dans un rubrique permettant aux élèves de s’exprimer librement. Je livre l’intégralité des 13 commentaires favorables, orthographe non corrigée :
On pourrait se dire que les élèves acceptent donc assez facilement de ne plus avoir de notes à chaque devoir, qu’ils ont globalement assez bien accepté la disparition de la note sanction.
Ce n’est malheureusement pas si simple....
16 commentaires nuancent un peu ce jugement.
Les élèves se sont retrouvés face à l’unique professeur du collège qui ne mettait plus de notes sur 20 à ses devoirs. Pour les autres matières, ils raisonnaient encore avec des notes. Cela génère obligatoirement une pression, tant des autres élèves que des parents. On s’émancipe difficilement d’une culture de la note, d’une pression ambiante qui demande « combien t’as eu en maths ? ».
Car les parents demandent des résultats et résument la compétence et le savoir de leur enfant à la note. Rentrer à la maison avec une note aurait sans doute aidé certains élèves à répondre aux parents, car la liste des compétences acquises amène à une discussion, précise sur les savoirs assimilés ou non, que la note sanction refoule complètement.
D’où la dualité un peu puérile qui demande de conserver ce système tout en y rajoutant la note comme pour se rassurer.
5 commentaires négatifs reprennent cette idée, avec le meilleur sans doute pour commencer :
La dernière remarque fait référence à la liste des critères évalués en tête de sujet, qui permet éventuellement à un élève de savoir quelle compétence utiliser. Preuve que certains critères sont lisibles....
Il faudrait peut-être faire ce que j’ai mis en place en 3ème pour rester sur un sujet recto-verso, ajouter une feuille séparée pour la liste des critères.
6 parents (seulement 12 réponses au sondage sur 118 concernés mais ils n’ont été avertis qu’oralement par leurs enfants l’avant-dernier jour) ont laissé des commentaires à ce sujet. La majorité exprime des reproches.
La dernière remarque fait référence au site officiel de l’établissement pour gérer les notes. Toutes les notes y apparaissent sauf.... celles de maths. Nous envoyons à chaque mi-période un relevé de notes aux familles et la partie maths est restée vierge.
Je regrette de ne pas avoir porté la moyenne à l’instant t sur ce relevé, comme note non significative, mais indicative. Je ne rentrais la moyenne sur le logiciel du collège que le dernier jour du trimestre.
J’ai posé la question suivante pour connaître l’avis des élèves : cela confirme l’importance de la note pour une grande majorité :
Je pense qu’il faut analyser ces résultats non comme un rejet de la disparition des notes mais plutôt comme l’expression de la difficulté des élèves à vivre ce type d’évaluation dans un univers qui résume tout aux notes.
Ces résultats confirment l’analyse faîte en présentation sur les similitudes de moyennes. Olivier Lacroix propose un avis que je partage dans l’article déjà cité pour expliquer les 2 groupes de 13 % environ qui voient des différences.
Je me suis interrogé sur la formulation des critères dont un risque est de les exprimer avec un langage de professionnel inadapté à l’élève ou aux parents. Or, comme outil de remédiation, il est indispensable d’avoir des items limpides, concis et rigoureux ce qui n’est pas forcément évident.
D’où cette question :
On pourrait dire à la vue de ce graphique global que les formulations sont adaptées aux élèves, qu’ils les situent bien.
Pourtant, on observe une difficulté légitime supplémentaire pour les élèves de 6ème comme le montre le tableau brut des données :
3 élèves de 6ème sur 29 trouvaient les critères « pas clairs du tout » et 5 ne les « comprenaient pas bien ». Ce qui donne 8 élèves en difficulté pour décrypter les objectifs à maîtriser. Cela représente un véritable obstacle pour ces élèves qu’on peut imaginer les plus en difficulté. C’est même un aveu d’échec sur cet aspect et pour ce niveau puisqu’un quart des élèves a eu des difficultés avec les critères.
En regardant une question précédente, on observe que 9 élèves de cette classe ont exprimé ne pas aimer (pas du tout ou pas trop) les évaluations par compétences. On peut imaginer qu’il s’agisse des mêmes qui n’ont pas adhéré à un fonctionnement qu’ils ne comprenaient pas.
Cette difficulté étant très ciblée sur ce niveau, cela pose clairement le problème de communication envers le public le plus jeune, avec qui il faudrait sans doute passer plus de temps à la lecture des critères et à leurs explications. Voire même à leurs formulations.
La particularité de l’algorithme de calcul par défaut de SACoche est de privilégier systématiquement l’évaluation suivante en doublant sa pondération par rapport à la précédente. Cette prime me semble être la pierre angulaire du système puisqu’il permet à un élève de se rattraper, mais d’autres paramétrages sont possibles.
Pour me faire comprendre auprès des élèves, je prends souvent la métaphore où je raconte que j’ai appris à marcher plus tard que les autres enfants. Mais l’essentiel n’est pas à quel âge on a marché mais de savoir si on sait marcher à un moment donné.
L’algorithme proposé par défaut sur SACoche permet à l’élève de prendre du retard dans un apprentissage et de se rattraper en privilégiant l’évaluation suivante.
La pratique de ce mode de calcul amène à des critiques d’élèves qui craignent l’effet contraire :
C’est une situation qui n’est pas théorique, je l’ai souvent rencontrée. La véritable raison d’un échec après une réussite sur un item est à chercher ailleurs que ne le propose cet élève, car peu d’items reposent sur des formules. Dans ce cas, cela pose le problème du savoir non consolidé que l’on valide à une date t, mais qui n’est plus exploitable à t+1. Et il n’est pas inintéressant de s’en rendre compte.
Plus fréquemment, le même item peut être évalué à plusieurs niveaux. On peut imaginer de façon caricaturale un exercice de base sur le théorème de Thalès en première évaluation, qui s’appuie sur ce qui a été traité en 4ème. Puis, dans un autre devoir, un problème plus compliqué en situation papillon, avec des longueurs partielles, des hypothèses à trouver, …
Je ne vois pas de solution à ce type de problème, car il est impossible de disséquer les items pour les faire coller à chaque palier de difficulté. Au final, un élève qui aura eu VV puis RR pour ces deux questions sur Thalès, aura un bilan de 33% qui me semble assez cohérent avec son savoir.
Il faut sans doute être prudent sur les analyses de ces évolutions défavorables qui peuvent avoir une cohérence et révéler des difficultés plus qu’un oubli de l’élève.
Un autre commentaire autour du même sujet :
C’est en effet un paramètre à intégrer. On demande aux élèves non seulement de suivre le programme, mais en plus de se replonger dans les chapitres précédents pour se faire réévaluer sur les notions mal comprises précédemment. Pour des élèves en difficulté, avec des méthodes de travail pas toujours efficaces, c’est une surcharge importante de travail, pas commode à gérer. Je pense qu’il faut un temps en classe pour aider les élèves à s’organiser, à cibler les items à retravailler, à leur permettre de revoir certaines notions pour les aider.
Sinon cette possibilité formelle de remonter la pente n’est pas véritablement une possibilité réelle pour les élèves les plus perdus.
Le mode de calcul pour le bilan de chaque élève que j’ai paramétré avec SACoche reprenait en permanence l’ensemble des résultats depuis le début de l’année. Je trouvais ce résultat intéressant car il donnait une vision globale des compétences de l’élève en fin d’année. La moyenne donnait en permanence le pourcentage de compétences acquis depuis le début de l’année.
L’inconvénient, c’est qu’avec ce choix, on ne peut pas distinguer les résultats spécifiques de chaque trimestre. Mon idée était de m’épargner les commentaires classiques sur les hypothétiques progrès d’un élève qui passe de 10 à 12 au trimestre suivant, analyse qui n’a, à mon sens, que peu de significations puisqu’on n’évalue pas les mêmes notions chaque trimestre.
Cela a posé un problème à un élève :
Sans savoir qui a rédigé ce commentaire, je pense à un élève de 3ème qui pourrait en être l’auteur. Il avait eu un début d’année catastrophique pour des raisons personnelles et s’est mis à travailler sérieusement en cours de second trimestre. Il a essayé de reprendre plusieurs chapitre ratés en début d’année, sans trop y arriver. Il ne parvenait pas à suivre à la fois le rythme actuel, qui lui demandait déjà énormément d’efforts, et à revenir sur les notions antérieures. Il a dû se sentir pénalisé par ce système de notation qui raisonne sur toute l’année en permanence.
Aussi, SACoche permet de paramétrer le logiciel différemment, en prenant les résultats par trimestre pour éviter cet écueil.
Reste le problème des exercices non-traités toujours difficiles à évaluer. Un élève l’évoque :
J’ai essayé de faire la différence autant que faire se peut entre « je n’ai pas le temps » et « je ne sais pas. ». Mais il y a de la subjectivité dans un tel choix. Aussi, à partir du moment où un exercice est sauté et qu’un autre est traité ensuite, j’ai tranché pour le non acquis.
J’ai mis un item transversal sur « je rends mon devoir dans les temps » qui intégrait deux notions temporelles différentes selon que l’on évalue un DM ou un DS.
Mais n’oublions pas que la question de l’exercice non-traité n’est pas spécifique à l’évaluation par compétences. C’est souvent pire avec le barème sur 20, puisque le correcteur ne se pose pas toujours la question "pourquoi un exercice n’est pas fait ?" et met 0 à la question.
Difficile de faire un commentaire sur ce résultat. Dans les 56% qui ne s’en sont pas servis, il y a sans doute les très bons élèves qui n’en ont jamais eu véritablement besoin, des élèves qui retravaillaient l’ensemble des notions et les élèves perdus qui n’ont pas accroché ou qui ont abandonné.
J’en retiens un jugement globalement favorable qui serait amplifié si les liens de remédiation étaient tous opérationnels. Je n’ai clairement pas eu le temps de généraliser cette possibilité qu’offre SACoche d’ouvrir un lien vers des remédiations en ligne. L’idée est séduisante, mais demande un lourd travail de fond qu’il n’est pas simple de mutualiser puisque les référentiels sont évolutifs et souvent adaptés aux pratiques individuelles.
Cela demande du temps et doit se mettre en place avec les années. On favorisera alors un meilleur retour des élèves sur l’intérêt des évaluations par compétences (et de SACoche) pour réviser.
J’ai été assez étonné de ce résultat. Moins de 40 % des élèves ont régulièrement consulté leur moyenne. Je trouve ce résultat assez contradictoire avec le manque clairement exprimé de notes sur les copies. Il aurait fallu creuser cette question.
On relève 2 commentaires critiques à l’encontre de SACoche, bien que l’élève confonde peut-être le fond et la forme, le logiciel avec la pratique ou les formulations.
Il n’y a pas en tous cas de critiques du logiciel qui est plutôt plébiscité pour son ergonomie.
J’ai un regard très positif sur cette expérience et je compte bien la poursuivre en améliorant certains aspects. J’ai l’impression de faire un nouveau métier bien plus centré sur l’élève que sur les parties du programme à traiter.
Je pense important de généraliser les remédiations en autonomie via SACoche, vers les exercices Mathenpoche ou vers des vidéos en ligne que je réalise. Il faut que SACoche devienne un outil de travail pour cibler les lacunes et trouver des pistes pour avancer.
Je compte consacrer ½ h par semaine à la remédiation et formaliser ce temps avec les élèves pour leur permettre de se faire réévaluer et de systématiser cette possibilité. Cela pourra être sous forme d’évaluation individualisée ou sous forme de soutien, en cas de besoin. J’ai la chance d’avoir encore 4,5 h par classe ce qui me donne un peu de latitude pour gérer mon temps.
Stéphane GUYON
Vaulx en Velin, le 23 août 2011
A l’attention de Stéphane Guyon
Bonjour,
Enseignant en contrat local dans un lycée français à l’étranger, et très intéressé par les méthodes d’enseignement alternatives, j’ai lu votre article avec intérêt.
Seule une question reste en suspens pour moi : comment conciliez-vous cette notation par compétences et l’exigence trimestrielle d’un rendu de notes ?
L’année dernière, je notais mes élèves sur des critères simples (calculs, explications, figures, raisonnement...) par une note A, B, C... et parallèlement je produisais une note sur 20 en utilisant ce barême, que je gardais pour moi. Je ne suis évidemment pas très satisfait de cette solution. Une fois par mois je donne un contrôle "classique" noté sur 20, et je me vois mal évaluer mes élèves uniquement sur ces contrôles sans prendre en compte les évaluations par compétences.
Je suis curieux de connaitre votre façon de faire.
Cordialement
Laurent Marsan
Lycée Français Alexandre Yersin de Hanoi http://www.lfay.com.vn
Bonjour,
Tout d’abord merci pour votre commentaire sur l’article, je suis content qu’il vous ait plu.
La réponse à votre question est toute simple, elle s’appelle SACoche.
Cela faisait des années que j’avais en tête d’autres moyens que la note sur 20 pour évaluer les élèves sans me sentir capable de faire autrement. Le logiciel, élaboré par Thomas Crespin, dans un projet soutenu par Sésamath, m’a permis de franchir le pas dans un cadre idéal.
C’est un logiciel, gratuit et libre de droits, qui permet de recenser les compétences des élèves, sur toutes les matières. Paramétrable, il permet de choisir un algorithme qui mesure le pourcentage de compétences maitrisées des élèves par items, au fur et à mesure des évaluations successives.
Il permet aussi, avec paramétrage, de calculer une moyenne des résultats d’un élève et de ramener ce résultat sur 20.
Pour être concret, mes élèves n’ont pas de notes sur 20 sur leurs copies, mais peuvent tous les jours de chez eux, voir où ils en sont de leurs apprentissages, et connaître leur moyenne sur 20 à la date t. Et le dernier jour du trimestre, je recopie sur le bulletin la note du jour délivrée par SACoche.
Allez voir le site, il y a des démos, des tutoriels, .... Un forum sur Sésaprof lui est dédié. http://sacoche.sesamath.net/
A bientôt
Stéphane Guyon
[1] Ils sont reproduits en l’état, sans retouches de leur forme