C’est un documentaire saisissant (terrifiant même) à propos des agissements des géants du Net dans la région de San Francisco. Il est passé sur Canal+ dans la série Investigation (diffusion cryptée).
Pour l’instant, il est visible ici en clair (Il faut parfois réactualiser la page pour avoir l’image)
Voici ce qu’en dit l’hebdomadaire Télérama :
Synopsis de l’émission
Cools, créatifs et ultra riches, les patrons de Facebook, Google ou Twitter ont changé le monde et allient une réussite hors normes et un pouvoir qui fascine la société. Mais ces barons de la hi-tech apparaissent comme des menaces pour les démocraties car ils se moquent des lois et de la communauté dans laquelle ils vivent. Installés dans les alentours de San Francisco, ils ont déstructuré la ville, expulsant les habitants pour s’y faire construire des palaces, désorganisant volontairement les services publics et refusant d’y payer leurs impôts. Un cas d’école qu’ils veulent appliquer à l’ensemble du pays et de la planète.
Des mastodontes de l’économie du Net installés à San Francisco, comme Google ou Facebook, on connaît les sièges sociaux pensés comme des cocons, les employés en baskets, les rapports de hiérarchie abolis. On a découvert aussi, il y a quelque temps, leur influence ambiguë sur la ville : gentrification à tous les étages, explosion des loyers, privatisation de certains services publics (les bus). Ce reportage construit en crescendo va encore plus loin, en esquissant le projet final de certains pontes du secteur : créer une société calquée sur le modèle de l’entreprise, sans impôt ni Etat.
Tout commence avec Apple, qui « optimise » (comprendre : « exile ») en Irlande une partie de ses bénéfices, afin d’échapper à l’impôt. Puis c’est Twitter qui exerce un chantage à l’emploi avec la mairie de San Francisco, pour ne plus payer de taxes locales. L’homme d’affaires Tim Draper, qui a fait fortune avec Skype et Hotmail, milite pour la sécession de la Silicon Valley et ne plus subir « un gouvernement fainéant, qui se repose sur son monopole ». Enfin Patri Friedman, programmeur star chez Google, lance un projet de villes flottantes dans les eaux internationales, des îlots autonomes suivant leurs propres lois. Sous des airs tranquilles de geek, l’incarnation ultime de l’ultralibéralisme. — Lucas Armati