Les nouvelles technologies pour l’enseignement des mathématiques
Intégration des TICE dans l’enseignement des mathématiques

MathémaTICE, première revue en ligne destinée à promouvoir les TICE à travers l’enseignement des mathématiques.

Les histoires de Bernard Ycart
Article mis en ligne le 22 avril 2019
dernière modification le 15 novembre 2022

par Claudine Schwartz

Les histoires de Bernard Ycart

https://hist-math.fr

Il était une fois une sorte d’ermite, qui aimait faire des mathématiques, raconter des histoires, consulter les grandes bibliothèques du monde….Dans ses montagnes du Trièves essentiellement en dehors de son travail de professeur de Statistique à l’université Joseph Fourier (Grenoble), il a accompli un travail de titan, avec en plus la rigueur des moines copistes et la créativité d’un auteur de BD.

Il n’est pas un inconnu des lecteurs de MathémaTICE (http://revue.sesamath.net/spip.php?article189).

Mais venons en au fait : le site de Bernard Ycart nous invite à écouter des histoires tout en regardant des images.

Les histoires portent toutes… sur l’histoire des maths. Elles son rangées sous différentes bannières : géométrie, algèbre, arithmétique, savant, statistique, informatique. Voici quelques titres :

Les histoires nous sont racontées, mais nous ne voyons jamais le narrateur (qui est l’auteur du site) : il est « la voix ». Et à l’écran, des images, des milliers d’images magnifiques, nous plongent pour chaque histoire dans une ambiance tout à fait particulière et nous accompagnent pour traverser le temps, voyager à travers le monde entier, rencontrer toutes sortes de personnages. Ces histoires nous confrontent à de grandes questions comme à des devinettes qui malgré leurs métamorphoses diverses se révèlent, comme les mythes, avoir la même structure. Voici quelques images et captures d’écrans :



Pour mieux se servir du site, on peut consulter la foire aux questions. Elle est accessible depuis le premier écran, en haut à droite (attention, le site fonctionne sur Firefox et Chrome, mais mal pour l’instant sur Safari, puisque le son n’est pas retransmis...).
Une remarque importante  : pour démarrer une ressource, il faut faire apparaître (souris en bas de page) la réglette qui mesure le passage du son. C’est elle qui commande le départ du document, contrairement à ce qui est dit dans la FAQ (elle annonce un démarrage automatique).

Le public ciblé est celui des élèves et étudiants, du collège à l’université, et des enseignants de mathématiques. Il est aussi d’un grand intérêt, me semble-t-il, pour les enseignants de nombreuses autres disciplines (physique, histoire, géographie, français, anglais notamment).

Ce site est une œuvre d’auteur, on peut donc apprécier beaucoup, ou pas du tout, ce qui relève de ses choix (iconographie, « vannes » à la fin des histoires). Les histoires sont riches : on ne peut pas en consommer beaucoup à la fois. Il nous fait rentrer dans une caverne d’Ali-Baba, construite en dehors de tout brigandage : les trésors accumulés viennent de ressources publiques et non de pillages. Le contenu d’une telle caverne est hétéroclite, ce qui ouvre à la créativité et à des usages multiples.

Certains pourront aussi voir ce lieu comme un cabinet de curiosités virtuel, celui d’un intellectuel du 21ème siècle, qu’il est passionnant de visiter.

Si j’étais en charge d’élèves du lycée, spontanément, voilà ce que j’aimerais tenter. Donner à un petit groupe une ou deux histoires à travailler en vue d’une restitution en classe, sous forme d’une courte conférence de 10 minutes (la plupart des histoires durent 20 minutes, pas de verbatim possible).

Pour chaque histoire, le site fournit un pdf qui permet d’utiliser le contenu des écrans. Les autres élèves seraient chargés de poser des questions auxquelles les conférenciers répondraient, éventuellement un autre jour, ou n’y répondraient que partiellement. Apprendre à poser des questions, à y répondre de manière adaptée ou expliquer pourquoi on ne sait pas y répondre, apprendre à transformer la question font partie des apprentissages difficiles et utiles).

Ces questions peuvent être de nature mathématique (comment calculer à la main la valeur exacte de 264 pour le problème de Sissa, élaborer des explications plus détaillées de certaines démonstrations de Pythagore ou des identités remarquables, etc.), ou de portée plus générale (est-ce que les mathématiciens font encore des démonstrations par découpage ou visuelles), que signifie la vérité en mathématiques, quelle est aujourd’hui la place des femmes en sciences, etc..

On peut discuter sur divers thèmes : le mythe de la caverne et les mathématiques, les charges de Shopenhauer contre les mathématiques d’Euclide (voir l’histoire intitulée « la chaise de la mariée » - comme quoi Luc Ferry a d’illustres précurseurs), la transmission des mathématiques (géographique, dans le temps, orale, écrite etc.), la perception des mathématiques dans la société. On rencontre de nombreuses unités de monnaie, de poids ou de longueur : que signifient-elles, y en a-t-il toujours autant ? De nombreux textes sont en français ancien, et donnent à réfléchir sur l’orthographe et son évolution (beaucoup de t manquent par rapport à l’orthographe actuelle), en France et ailleurs. Qu’est-ce que la route de la soie (on en reparle en ce moment pour la coopération Chine-Occident) ? Que sont devenus les métiers des personnages rencontrés ?

On peut aussi envisager, comme nous l’avons pratiqué à l’université Joseph Fourier, en médecine, dans le cadre du jeu sérieux Loe, destiné à l’apprentissage de la statistique, de faire, en fin de trimestre, un « congrès », ici d’histoire des maths, où les meilleurs conférenciers (selon un « conseil scientifique » composé d’élèves et de professeurs) seraient invités à faire des exposés à un public de parents, professeurs ou élèves plus jeunes etc..

On peut faire des sessions de posters sur un thème transversal où sur un personnage particulier qui apparaît dans plusieurs histoires.

On peut proposer à des élèves d’inventer des exercices à partir d’une histoire, pour leur classe ou pour des élèves plus jeunes, ou de continuer un peu certaines d’entre elles (par exemple, celle de la dame à la lampe).

Il y a beaucoup de pistes possibles : et si au sein de Sesamath se constituait une communauté d’utilisateurs du site de Bernard Ycart ? (Bien qu’un peu ermite, il est ouvert à la discussion…)

Claudine Schwartz (claudineschwartz@wanadoo.fr)